Loéva Claverie
« Quand j’ai rencontré Serge à mon concert, il est arrivé en short. »
La rencontre, la création, l’inspiration… Tout est spontané dans le duo de Serge Kakudji et David Demange. Jusqu’aux interviews. Assis au comptoir de la cuisine, dans un appartement du faubourg des Ancêtres, les deux artistes se prêtent au jeu des questions au milieu des bols de chips et de saucisson. Ils y donnent juste après un concert privé pour une trentaine de personnes.
Peu de choses auraient pu amener un guitariste et organisateur de concerts, et un chanteur d’opéra contre-ténor, à collaborer. Mais voilà qu’en mai 2022, un jour où « il faisait 34°C », David Demange donne un concert à l’école de Jazz de Belfort. François Lanneau, programmateur de l’association Bonus Track à Belfort, lui annonce que Serge Kakudji va venir assister à son concert. « J’ai appelé Serge et on s’est dit que ça serait peut-être bien de faire un truc ensemble à l’occasion de ce concert, ce n’était pas tout prévu, relate David Demange. Deux minutes avant qu’on ouvre les portes au public, on a essayé un petit truc, et puis à la fin du concert, on a joué ça sur scène. »
De croches en doubles croches, les deux hommes enchaînent les représentations ensemble. Un récital, où ils se découvrent « une connexion, une alchimie ». Puis Rencontres & Racines en 2024, « alors qu’ils n’avaient jamais programmé de musique classique », se remémore David Demange, aujourd’hui directeur de la Rodia à Besançon. Leur concert fut d’ailleurs le seul retenu cette année-là, un important orage ayant obligé les organisateurs à annuler tous les autres concerts.
« Un voyage émotionnel »
Arrivé en France depuis le Congo, en passant notamment par la Belgique, Serge Kakudji explique avoir ouvert « ses chakras artistiques », pour faire confiance à ces rencontres artistiques pouvant se révéler décisives. « Avec David, il y a cette force-là, on s’entend très bien humainement, musicalement. La guitare et la voix, ce sont deux instruments à cordes », rigole-t-il. « Il y a une alchimie de la guitare avec le chant, complète David Demange. La guitare a toujours été l’instrument voyageur, fait pour accompagner le chant. C’est comme le piano, mais avec l’avantage de pouvoir se déplacer facilement. »
Dans l’appartement, les invités commencent à arriver en petits groupes. Les réponses sont interrompues par les salutations, bises et poignées de main.
Décrivant leur duo comme « un voyage émotionnel », les deux artistes balayent des répertoires allant de morceaux pour luth et chant du XVIe siècle jusqu’aux lieds, tels que ceux de Schubert. « Il en composait beaucoup à la guitare romantique, parce qu’il n’y avait pas de piano chez lui, explique David Demange. Il y a une forme de connexion entre la guitare et le chant de toujours, dans toutes les musiques d’ailleurs. Et puis, ça nous permet aussi de nous exprimer dans des contextes très différents. »
Des petits endroits, comme le concert privé dans cet appartement dont les fenêtres donnent sur la Savoureuse. Ou des plus gros, comme leur concert pour le Fimu, prévu ce dimanche 8 juin à 16h à la cathédrale Saint-Christophe. Un concert presque encore spontané, puisque l’organisation les a appelés à la suite du désistement d’un groupe.
- Serge Kakudji et David Demange, duo à découvrir à la cathédrale Saint-Christophe, dimanche 8 juin à 16h.