Arrivée le 1er juillet, Marianne Hocquard a pris les rênes de la Poudrière avec l’envie d’ouvrir un nouveau chapitre sans bousculer l’identité de la salle. À peine sortie de l’effervescence du festival We Love Green à Paris, où elle travaillait encore il y a quelques mois, la jeune directrice s’installe à Belfort avec un projet clair : conforter la place de la salle dans le paysage musical tout en y insufflant quelques touches inédites.
Diplômée d’un bac scientifique et passée par Sciences Po, Marianne Hocquard a toujours eu un fil conducteur : la culture, et plus particulièrement la musique. Elle a fait ses armes au Centre Pompidou, avant de rejoindre le groupe français Fimalac, où elle a passé dix ans à gérer des Arenas et Zéniths. « J’ai eu envie d’évoluer vers des fonctions de terrain », raconte-t-elle. Une première expérience de direction intérimaire dans un théâtre du 10ᵉ arrondissement de Paris, mêlant comédie musicale et théâtre, confirme son intuition : « Il y avait des spectacles tous les soirs, j’ai adoré. Je me suis dit que c’était vraiment ça que je voulais faire. »
En 2018, elle quitte Paris pour Audincourt, découvre les acteurs culturels de l’aire urbaine et la Poudrière. « J’ai eu un coup de cœur pour cette salle trop mignonne, en plein centre-ville. Et la programmation me parlait. » Le Covid la ramène à Paris, où elle rejoint We Love Green comme directrice du développement durable et des relations institutionnelles. Une expérience qui lui permet de toucher à la production et de mesurer « à quel point les liens avec les institutions sont essentiels ».
Mais la Franche-Comté lui manque. Revenue en novembre 2024, elle tombe, le lendemain de son installation, sur l’offre pour la direction de la Poudrière. Elle rédige alors un projet de direction, une note d’intention, et mène une série d’entretiens avec Viadanse, la Drac, la Ville, le conservatoire, les Eurockéennes ou encore l’école d’art. Objectif : comprendre l’image et les attentes autour de la salle. Fin mars, la réponse tombe : elle est retenue.
« L’échelle parfaite »
Avec ses 235 places, la Poudrière correspond à sa vision. Marianne Hocquard s’est longtemps investie dans l’association « En veux-tu ? En v’là ! », organisant des petits concerts alternatifs à Paris. « Pour moi, la Poudrière est l’échelle parfaite entre les toutes petites salles portées uniquement par des bénévoles et les zéniths, où il est difficile d’avoir une liberté artistique. Ici, on peut défendre l’émergence, la découverte, avec une structure solide. »
Son projet repose d’abord sur les fondations existantes : une équipe qui a tenu la maison seule pendant six mois, la convivialité des apéros-concerts et une programmation qui attire déjà un public fidèle sur le métal ou l’électro.
Désormais, elle entend renforcer la lisibilité de la ligne artistique : avec du rock, du métal et de l’électro, évidemment. Tout en ouvrant davantage la porte au rap pour attirer un public plus jeune. Elle veut aussi ancrer des habitudes : des apéros-concerts réguliers, des soirées rap testées chaque trimestre, pour fidéliser le public.
Un projet de cabaret décalé
Une grande nouveauté se prépare déjà : un cabaret décalé, avec contorsionnistes, fakirs et une esthétique sombre et rock. Inspirée par le festival Impetus, qui a marqué les esprits jusqu’en 2019, elle veut proposer en décembre quatre soirées dîner-spectacle, dans une Poudrière transformée en cabaret. « Le lieu est chaleureux par nature, autant en profiter.»
Autre priorité : faire mieux connaître le Rockhatry, la salle de répétition belfortaine, équipée de studios d’enregistrement. Elle prévoit un événement « Guinguette Rockhatry » lors des Journées du patrimoine, avec concerts, vinyles et animations, pour rajeunir et féminiser ce lieu occupé aujourd’hui à 93 % par des hommes.
Jeudi 4 septembre, lors d’un apéro de rentrée déjà complet, Marianne Hocquard présentera la première partie de la programmation et son équipe, qu’elle veut mettre en avant après ces mois de transition. Elle entend aussi valoriser les bénévoles, indispensables à chaque concert.
Dernier chantier, qu’elle présentera, comme un appel du pied, ce jeudi : diversifier les financements, avec le mécénat d’entreprise et le renforcement du système d’abonnement (16 euros par an, donnant droit à des réductions à la Poudrière, au Moloco et dans toutes les Smac de France). « Je veux créer une communauté », résume-t-elle.
Avec énergie, la nouvelle directrice prend ses marques dans une salle qu’elle décrit comme « chaleureuse par nature » et qui semble, à bien des égards, taillée pour elle.