Présents à l’occasion de la Necronomi’con à Belfort, ce samedi 1er et dimanche 2 février, les tournois d’e-sport gagnent en popularité et n’ont plus rien à envier aux compétitions sportives traditionnelles.
Baptiste Thomas
Présents à l’occasion de la Necronomi’con à Belfort, ce samedi 1er et dimanche 2 février, les tournois d’e-sport gagnent en popularité et n’ont plus rien à envier aux compétitions sportives traditionnelles.
« Venez jouer aux jeux vidéals ! » Debout devant son stand, affublé d’un costume de Casimir et un haut-parleur à la main, Augustin Gomet interpelle les visiteurs. Jura Geek, son association, organise un tournoi de Super Smash Bros Ultimate, un des jeux vidéo phare de Nintendo. Pour une compétition, l’ambiance semble bon enfant. « Il faut différencier l’e-sport de convention de celui des vraies compétitions », explique-t-il. Ici, pas d’inscription en amont du festival, tout le monde peut venir et se tester sur le jeu au préalable. « C’est pour ça qu’on a choisi Smash Bros, c’est un jeu familial », justifie-t-il. Le jeu de combat parle à tout le monde. L’objectif est simple : faire tomber ses concurrents. Même constat pour Youcef Boufelaas, qui organise en parallèle un tournoi sur le jeu de course Crash Team Racing. « Le bon jeu e-sport, c’est celui qui est accessible à tous, facile à prendre en main, mais qui garde des subtilités pour progresser et au final élaborer des stratégies. »
Des compétitions amicales, donc, mais qui s’inscrivent dans une discipline en plein essor. Selon l’association France Esports, qui vise à promouvoir les sports électroniques, sur 10,6 millions de personnes jouant par loisir aux jeux vidéo (21 % de la population française), ils sont 2,9 millions à se lancer dans des compétitions d’e-sport. Au cœur de l’AtraXion, à Andelnans, le stand auparavant désert de Jura Geek s’est rempli, jusqu’à compliquer la circulation dans les allées. Les joueurs s’affrontent côte à côte, un projecteur affiche le combat. Dans le public, majoritairement jeune, un groupe d’amis rythme l’ambiance, entonne des chants de Pokémon et de Disney, saute en chœur et les encourage. Eux-mêmes sont en lice pour remporter le tournoi. « Ce qui est bien dans ces événements, ce sont les rencontres », raconte Maël, le plus bruyant du groupe. Il y a quelques mois, ces jeunes complices « ne se connaissaient pas ». Comme un sport, on s’affronte, on se juge, on se félicite et on discute de sa passion. Les cinq amis scandent le nom du personnage de Marie, une petite chienne issue de l’univers d’Animal Crossing, dès qu’un participant la choisit. C’est d’ailleurs cette combattante, à l’apparence inoffensive, que Maël prend pour tenter de rafler le trophée.
Des performeurs 2.0
Pour ce compétiteur, on est loin des coups au hasard, tout est calculé. Joueur régulier au bar Le Newbie de Belfort, il explique sa stratégie : « Une semaine avant une compétition, je bosse à fond mon personnage et je regarde les changements que peuvent provoquer les mises à jour. » Il connaît toutes les forces de Marie et sait aussi quels personnages vont plus lui poser problème. Le champ de bataille de la Necronomi’Con, ce travailleur dans le bâtiment le connaît bien. L’année dernière, il a fini deuxième. Même s’il assure être là surtout pour la bonne ambiance, ses amis sont certains de sa victoire. « Maël est vraiment plus fort que nous, si je tombe contre lui, la seule chose que je peux faire c’est lui faire perdre son temps », s’amuse Hugo.
Au fur et à mesure que le tournoi de Jura Geek avance, le nombre de concurrents s’écrème. Ils étaient 64 au début, il n’en reste que deux pour s’affronter en finale, cette fois sur la scène principale du parc des expositions : Maël et son meilleur adversaire Jalis. « On s’est déjà affronté des dizaines de fois et Jalis a l’avantage », sourit Maël. Les deux joueurs connaissent leurs forces et faiblesses. Devant un public comble, qui encourage son favori, s’exclame à chaque temps fort, la tension monte. Les deux finalistes restent pourtant impassibles. Si Maël avait échoué à ce stade l’année dernière, cette fois, il remporte la guerre fratricide.
Un désir de carrière
Faire carrière dans l’e-sport, Maël et Jalis en rêvent, mais les opportunités sont rares. En attendant, ils multiplient les compétitions, où « les gens sont 2 à 3 fois meilleurs [qu’eux] ». Ils souhaitent créer une équipe, mais rencontrent plusieurs obstacles. « Mes parents ne sont pas partants, ils préfèrent que je me consacre à mes études de MMI (Métiers du multimédia et de l’Internet, NDLR) », confie Jalis.
En attendant leur futur succès e-sportif, les deux compères préfèrent maintenir une ambiance conviviale. À la fin de la compétition, Maël offre son titre à Jalis. « Je sais qu’il est meilleur que moi, il a surtout pas eu de chance. » Les manettes sont encore chaudes, mais la tête reste froide.
- Photo de Sébastien Niggli. Retrouvez son travail sur : (https://www.facebook.com/s.niggli/)