Le rappeur belfortain Pihpoh vient de sortir un clip d’une reprise de Charles Aznavour, Je m’voyais déjà. Cette histoire a débuté dans les couloirs du métro parisien, en 2017. Il reprend. Il incarne. Et il ré-interprète avec brio un chef-d’œuvre de la chanson française.
Le rappeur belfortain Pihpoh vient de sortir un clip d’une reprise de Charles Aznavour, Je m’voyais déjà. Cette histoire a débuté dans les couloirs du métro parisien, en 2017. Il reprend. Il incarne. Et il ré-interprète avec brio un chef-d’œuvre de la chanson française.
C’est le propre des artistes. D’aller là où on ne les attend pas ! Une version rap de Je m’voyais déjà de Charles Aznavour. Qui l’aurait cru ? Pas même l’artiste belfortain Pihpoh, qui vient pourtant de sortir une reprise et un clip de ce monument de la chanson française, signé Charles Aznavour et sorti en 1961. 18 mois après la disparition de l’une des figures musicales françaises, qui a traversé la deuxième moitié du XXe siècle, Pihpoh convoque nos souvenirs. Et bouscule nos certitudes. Quel plaisir de redécouvrir les textes de ce tube, qu’on chantait à tue-tête sans forcément les écouter. Sous le flow, ciselé, de l’artiste belfortain, on est surpris par la profondeur et la force des paroles. Un texte, une fiction, qui raconte les espoirs, déchus, d’un homme qui rêve de gloire. La voix voilée et le souffle court de Pihpoh confèrent un autre écho à cette histoire sociale.
Pihpoh ne change pas un mot
« Quand j’ai épluché le texte, j’ai découvert plein de similitudes », confie Pihpoh. Lui, l’artiste qui a joué au détour d’une bouche de métro. Ce concours de la RATP l’a propulsé sur la scène de l’Olympia, pour la finale des Musiciens du Métro, en 2017. C’est lui, aussi, l’artiste qui a fait du porte-à-porte, avec J’irais chanter chez vous, pour séduire son public. Et le surprendre.
Le concours des Musiciens du Métro est à l’origine de cette reprise. Les organisateurs encourageaient les participants à jouer leurs compositions, mais aussi à faire une reprise. « Mais dans le rap, on n’en fait pas normalement », raconte Pihpoh. L’artiste décide pourtant de relever le défi. Rapidement, il pense reprendre Brel. Voire Gainsbourg. De sacrés paroliers. « Mais j’avais besoin de beaucoup de texte pour mon débit », comprend rapidement Pihpoh. Ses deux références ne collent pas. « Les textes sont trop courts. »
Il étudie Je m’voyais déjà. L’histoire lui parle. « Charles Aznavour est hip hop, assure-t-il. Ce sont les rappeurs de l’époque. » On applique alors une base musicale. Ça matche. « Nous avons conservé la grille harmonique et on y fait du hip hop, décrit Pihpoh. Ensuite, j’ai posé mon flow, mais sans changé un seul mot. » Normalement, Je m’voyais déjà n’a pas de refrain ; Pihpoh en a mis un, en s’appuyant sur la phrase mythique de Charles Aznavour : « Je m’voyais déjà en haut de l’affiche, en dix fois plus grand que n’importe qui mon nom s’étalait / Je m’voyais déjà, adulé et riche, signant mes photos aux admirateurs qui se bousculaient. »
Aznavour a validé la reprise de Pihpoh
Pihpoh interprète la chanson pour le concours puis à l’Olympia. Effet réussi. Mais il ne veut pas en rester là. Il a une autre idée en tête. Il a contacté les détenteurs des droits de Charles Aznavour. « Les Éditions Raoul Breton nous ont donné une autorisation écrite d’utiliser la chanson », raconte Pihpoh, qui se souvient que la demande les avaient bien fait rire.
Le projet murit tranquillement. Que voulait-il ? Faire un clip dans le métro, à l’Olympia et avoir Charles Aznavour en Guest star. Malheureusement, il n’a pas pu cocher cette dernière volonté. « Je n’ai pas pu le rencontrer et c’est un vrai regret », souffle Pihpoh. Mais il sait que l’icône musicale a validé cette reprise. Une sacrée fierté.
Deux histoires qui résonnent
Ce projet est parti du concours de la RATP. « On s’est appuyé sur leurs réseaux pour le faire », remercie le chanteur âgé de 33 ans. Pour filmer dans le métro. Pour accéder à l’Olympia. Et pour publier ce clip léché. Mais avant de sortir, le 6 mai, le projet a été long à se décanter. Le premier clip qui a été réalisé n’a pas plus au rappeur belfortain. « Il manquait des images donc je ne l’ai pas sorti », explique Pihpoh, perfectionniste. Ensuite, Charles Aznavour est mort. Il n’a pas voulu surfer sur cette actualité. « J’ai mis le projet de côté. » Puis son manager et le coréalisateur du clip l’ont poussé à regarder de nouveau le premier clip. « J’aime pas », déclare-t-il alors, vindicatif. Décision est prise de tourner de nouveaux plans. De faire un nouveau montage. Et finalement revenir sur le devant de la scène, au printemps 2020.
Dans le clip, plusieurs images s’entrechoquent. Celles de Pihpoh, reprenant la chanson dans le métro et dans les rues parisiennes. Celles de cet homme de ménage qui se rend à l’Olympia pour remplir ses tâches et qui seul, monte sur scène, pour interpréter Aznavour. Rêvant de gloire. On croise de nouvelles images de Pihpoh devant un micro que l’on imagine sur une scène. Puis le clip insère des images de l’artiste, lors de son concert à l’Olympia, en 2017. Il est tout en haut de l’affiche. Les histoires se mêlent. S’entremêlent. Et se racontent les unes avec les autres. Charles Aznavour. Pihpoh. Les deux histoires résonnent et se répondent. Emmenez-moi… Telle est finalement la promesse de l’artiste belfortain dans sa reprise du grand Aznavour.
Site Web : https://pihpoh.net/