C’est l’un des secrets les mieux gardés de la galaxie. Celui des origines de la Necronomi’Con. Des origines qui remontent en des temps très anciens où l’Iphone X n’existait pas encore… My aire urbaine a rencontré deux apôtres de cette convention, Thomas et Élodie, pour percer les mystères de la Necronomi’Con !
Il était une fois, dans une contrée très, très lointaine, deux personnages singuliers. Il se dit qu’ils sont amis avec Pikachu, de Pokemon, avec Zip, de La Belle et la Bête, ou encore avec Yoshi, de Super Mario. Les deux acolytes affectionnent de se projeter dans des univers parallèles. Celui des jeux de rôle ou des jeux vidéo, en adeptes intronisés qu’ils sont de la théorie du rôle social du jeu, conceptualisée par Johan Huizinga dans homo ludens.
Grand et digne descendant de légendaires hommes du Nord – plus exactement d’Alsace – Thomas, alias Doum, représente la force. À 27 ans, il se dit qu’il détient une collection impressionnante de reliques vestimentaires de l’univers geek. Il pourrait tenir plus de deux mois en changeant de t-shirt tous les jours… Souriante et organisée – ou maniaque ? – Élodie apporte une touche de délicatesse. Elle aime hocher la tête sur le côté avec un sourire en coin, histoire d’attendrir le monde. Pikachu est chez cette jeune femme de 23 ans un compagnon d’aventure.
Écritures originelles
Ces deux personnes ont contribué à façonner la légende de la convention belfortaine Necronomi’Con ! Il se peut même qu’ils en soient à l’origine. En l’an de grâce 2016, ils se sont rencontrés sur les bancs de l’université. Ils suivaient la dialectique de la licence professionnelle Mosel de l’IUT Belfort-Montbéliard. Un temple spécialisé dans l’événementiel. Ce que l’on appelle un “Moselée” chez les initiés. Élodie et Thomas font partie de la promo 9. « Je l’aimais bien car il est metalleux et qu’il avait les cheveux longs », sourit Élodie en se remémorant cette rencontre du 2e type ! « Elle portait un t-shirt Buzz l’Éclair, enchaîne Thomas, avant de glisser : Et nous n’étions pas loin d’être les seuls geeks de la promo. » Ils étaient faits pour s’entendre.
Tout complices qu’ils sont, ils n’ont réalisé qu’un seul dossier ensemble au cours de l’année scolaire. Ces saintes écritures ont pourtant changé le cours de leur histoire. Ils devaient imaginer, budgétiser et programmer un événement. Et l’idée d’une convention a émergé. « Le dossier faisait une trentaine de pages, sans les annexes, détaillent Élodie et Thomas. Il fallait imaginer les statuts de l’entreprise, expliquer nos choix, faire un benchmark, des devis… » Thomas et Élodie, accompagnés de Manon et Roxane, constatent rapidement qu’il n’y a pas de salons dédiés à cet univers dans le secteur. « Aujourd’hui, toutes les grandes villes ont une convention », relève Thomas. Une croix a donc été tracée au feutre sur la carte, à Belfort, à l’endroit de l’AtraXion ! Simple coïncidence ? L’histoire ne le dit pas.
Hommage à Lovecraft
Rapidement, le nom du Necronomicon est prononcé du bout des lèvres. Le légendaire ouvrage de Howard P. Lovecraft, chantre de l’horreur et de l’épouvante, hante les étudiants. Mais l’idée fait tilt au groupe. Ce sera la Necrenomi’Con ou rien ! Tout y est : les références anciennes et les codes contemporains de ce type d’événement. « Je suis fan de l’univers de Lovecraft », explique Thomas, pour filer l’histoire de ce nom. « Cet auteur est un pilier de l’univers geek, poursuit-t-il. Si Marcus (le célèbre présentateur de la chaine Game one, NDLR) a accepté de venir à la première édition et de nous écouter, c’est grâce à ce nom ! » Ce choix relève de la révélation. Et de la destinée.
« Nous avons commencé notre dossier en expliquant les origines du nom et en détaillant les quatre piliers de la littérature geek », remarque Thomas. Ces quatre références sont Howard P. Lovecraft, pour l’horreur-épouvante, John R. R. Tolkien, pour l’univers fantasy, Isaac Asimov, pour la science-fiction, et J.K. Rowling pour l’univers fantastique. L’événement est placé. Ses objectifs aussi. Celui de construire une convention généraliste, qui s’adresse au plus grand monde.
« On a tous un côté geek, sourit Élodie. Je me souviens avoir été interpellée par une conseillère de banque. Elle m’a raconté avoir plein de tatouages Disney sur la jambe. Jamais je n’y aurais cru. Les gens ne paraissent pas geek et dès qu’on en parle avec eux, leurs yeux pétillent. » Le statut associatif permet aussi d’être le moins onéreux possible et de rester accessible dans un marché dominé par des sociétés d’évènementiels. « On est au prix le plus bas possible pour faire le mieux possible », insiste Thomas, expliquant la philosophie qui anime l’équipe de la Necronomi’Con. Une équipe qui compte une quarantaine de bénévoles lors de l’événement.
Transmettre la bonne parole
Selon la légende inscrite dans les textes sacrés, la présentation de la Genèse de la Necronomi’Con aurait été fait en Kigurumi par les étudiants. Ils étaient investis d’une mission. Ils l’ont portée jusqu’au bout et ont épousé la cause, tel un sacerdoce. Il se dit également que les examinateurs ont d’abord souri. Puis ont écouté. Si bien, qu’un mois et demi après la soutenance, Stéphane Laurent, directeur de la licence et examinateur du dossier, a convoqué Thomas. « Doum, viens dans mon bureau, se souvient Thomas en décrivant la scène. La Necronomi’Con, on la fait ? » L’échange a duré 30 secondes. C’était à la fin de l’hiver 2017. En avril 2017, l’association était créée. Les 3 et 4 février 2018, c’était la saison 1 de la Necronomi’Con. « Pendant la réalisation du dossier, on s’est dit au moins une trentaine de fois que ce serait vraiment bien de faire cette convention, raconte Élodie. Mais jamais nous n’aurions pensé concrétiser ce projet. »
Pour ne pas rompre le lien avec la licence – le président de l’association n’est autre que Stéphane Laurent – la Necronomi’Con accueille huit étudiants, 4 en production et 4 en communication. Ils apprennent le métier, comme l’ont fait Thomas, Élodie, Manon et Roxanne il y a quelques années. Dans l’équipe de bénévoles de la convention, on retrouve des professeurs, des anciens étudiants et des nouveaux. « La boucle est bouclée, se réjouit Thomas. La Necronomi’Con a un ADN moselois. » Mais au fait, quelle note ont obtenu les étudiants ? « On a eu 16 ! » sourient Élodie et Thomas. Aujourd’hui, on ajoute les quatre points pour l’avoir concrétisé. Et toute autre histoire serait du ressort de la mythologie !
- Necronomi’Con, saison 2, les 2 et 3 février, à L’Atraxion, à Belfort. Billetterie et programme complet sur le site Web de l’événement ou sur les réseaux sociaux.
Vidéo réalisée par Simon Vermot Desroches à l’occasion de la première édition de la Necronomi’Con.