Le Moloco et le conservatoire de musique du Pays de Montbéliard mettent sur pied une nouvelle création, Broken Consort. Ils revisitent les ensembles instrumentaux de musique ancienne en les associant avec les musiques actuelles.
Le Moloco et le conservatoire de musique du Pays de Montbéliard mettent sur pied une nouvelle création, Broken consort. Ils revisitent les ensembles instrumentaux de musique ancienne en les associant avec les musiques actuelles. Pour bousculer les barrières. Une promesse de voyage dans l’espace-temps.
Broken Consort. Quesako ? C’est une référence historique qui renvoie à la musique ancienne de la Renaissance et de la période baroque, particulièrement en Angleterre, s’étendant du XVe au XVIIIe siècle. Un consort est un ensemble musical. Ils étaient de deux catégories : des ensembles regroupant des instruments de la même famille (vent, cordes…), appelés the whole consort ; ou des ensembles regroupant des instruments de différentes familles, the broken consort.
La rencontre du folk et du baroque
« Nous nous sommes saisis de l’appellation historique des broken consort pour signifier que nous faisions une association de deux horizons différents », explique David Demange, le directeur du Moloco. Cette association singulière, c’est celle du duo folk Tara (vidéo ci-dessous), regroupant Guillaume Charret, chanteur de Yules, et Lonny Montem, avec des musiciens du conservatoire du pays de Montbéliard. « J’ai toujours considéré que la musique est une et plurielle à la fois, explique David Demange. Il faut construire des ponts entre toutes les musiques et ne pas mettre de barrières entre musique populaire et musique savante, milite-t-il, avant de glisser : On peut aimer la pop contemplative et la musique classique. » C’est à ça que servent les créations musicales made in Moloco. Une signature où l’on efface les barrières.
Une tournée à travers l’agglo de Montbéliard
La création 2018, tribute to king Crimson, était ambitieuse. Grandiose. Et menée par le jazzman Médéric Collignon. Sur scène, à la Mals de Sochaux, on a fait monter 60 musiciens du conservatoire. Une sacré performance, réalisée sans guitare électrique ! Cette année, on s’est tourné vers un projet plus intimiste. Le duo Tara sera associé à sept musiciens du conservatoire. Mais n’importe lesquels. Ils joueront des instruments anciens : violes de gambe, traverso (ancêtre de la flûte traversière) et cornet de bouquin (ancêtre de la trompette). Les chansons du duo seront revisitées pour l’occasion et résonneront avec des sonorités organiques et acoustiques, alors que les musiciens auront une certaine liberté d’improvisation, une coutume dans les consorts. Des chants du XVIe et XVIIe siècle devraient aussi être interprétés, à l’instar du projet mené par Sting (vidéo ci-dessous) autour du compositeur du XVIe siècle John Dowland. « Le Paul McCartney du XVIe siècle », sourit David Demange. Si l’on aime Moriarty, Leonard Cohen et Henry Purcell, ce projet devrait séduire, promet le Moloco.
Pour présenter Broken Consort, Le Moloco et le conservatoire ont décidé de s’appuyer sur l’agrandissement de l’agglomération, « pour organiser une mini-tournée et tisser du lien avec les nouvelles communes », détaille David Demange. Trois représentations sont programmées à Abbévillers, Présentevillers et Dambelin, dans trois secteurs bien distincts de l’agglomération. Broken consort sera notamment joué dans le temple de Dambelin et l’église de Présentevillers. Des écrins parfaits qui collent à l’identité de ce projet intimiste. Complètement baroque !
Vendredi 3 mai, 20 h 30, à la salle Pierre-Chatelain, à Abbévillers (ouverture des portes à 20 h) ; tarif unique : 6 euros (gratuit pour les abonnées Moloco et Poudrière) / samedi 4 mai, 20 h 30, au temple de Présentevillers (ouverture des portes à 20 h) ; tarif unique : 6 euros / dimanche 5 mai, 17 h 30, à l’église de Dambelin (ouverture des portes à 17 h) ; tarif unique : 6 euros. Renseignements et billetterie depuis le site web du Moloco.
Des projets (toujours) vivants
L’idée du Broken consort, la nouvelle création made in Moloco, a germé dans l’esprit de David Demange, lors d’un concert de Tara à la Poudrière. Guillaume Charret, chanteur de Yules et de Tara, avait déjà participé à une création du Moloco, en 2013, autour de l’album de Léonard Cohen I’m your man. Ce projet vit toujours. Il a même donné lieu à un album. « C’est super pour nous », confie David Demange. Cela crée un sentiment du devoir accompli. Si ces projets bousculent les chapelles, ils permettent aussi aux artistes de s’ouvrir à de nouveaux horizons. Et David Demange de citer le projet mené avec Marc Nammour, chanteur de la Canaille, en 2013, avec Ici, le bout de la chaîne. L’artiste avait bâti un opéra rap, autour du quotidien d’un ouvrier. Un sujet fort dans le pays de Montbéliard. Il s’était saisi, à l’époque, de textes en prose. Aujourd’hui, ils continuent d’explorer cette voie. Clin d’œil, Éric Nammour est revenu dans le nord Franche-Comté en novembre 2018, avec un projet où il déblatère un poème d’Aimé Césaire sur les riffs de Serge Teyssot-Gay. Il avait été accueilli par le festival Be bop or be dead.