Olivia Frisetti
Deux bûches arrondies en guise de cible trônent au fond du stand de Bifrost. Il est 10 h, ce samedi 15 avril, à l’AtraXion, à Andelnans. La Nécronomi’Con s’active pour accueillir son public au rythme des haches qui ricochent sur les cibles. Habillée tout de noir, dans un ensemble traditionnel de Tai Chi, John Huynh, instructeur d’art martiaux et fondateur de l’entreprise, sonne le glas en répétant les techniques de lancer. “Le corps se met dans une phase de répétition parfaite”, explique John Huynh.
Dans son enfance, l’instructeur d’art martiaux a vécu dans un temple shaolin en Asie avec des moines guerriers. “On avait une vie rythmée par la méditation, la philosophie boudhiste mais aussi l’agriculture et l’humanitaire”. De retour en France, l’envie de transmettre son savoir-faire devient évidente. Les techniques de lancer sont multiples. L’arme en acier reste le point culminant avec son poids et sa taille. Vient ensuite la posture : “Il faut trouver son équilibre en tenant la hache en acier comme un marteaux, se placer à une distance adéquate pour avoir une rotation”, indique John Huynh. “C’est une histoire de méditation, de concentration et surtout de respiration”. Cette discipline sportive qui se développe au Canada demande beaucoup de précision. “Je l’ai encore plus affiné lors du confinement car chez moi, j’ai une installation avec des cibles un peu partout”, s’exclame-t-il. Il faut des années pour maîtriser à la perfection une seule arme.
Entre fantastique et réalité
Le stand grouille déjà de monde. Les participants ont la chance de profiter des précieux conseils de celui qui sait manier parfaitement plus de trente armes comme le Tomahawk ou le Bo shuriken. Son collègue et ami Thomas Bruguier tient le stand pour son entreprise nommée Dremmwel, souvent associée à Bifrost. Toujours en immersion au sein de l’époque médiévale et du fantastique, Thomas Bruguier installe et vend bijoux et accessoires. “C’est une passion depuis que j’ai 15 ans. Je baigne dans l’histoire médiévale depuis tout petit et j’en ai fait mon métier. Je veux mettre en avant des cultures passées et souvent oubliées.”
Le jeune homme, chignon tiré, porte une armure en cuire. Avant, il fabriquait costumes et bijoux lui-même grâce à une formation spécialisée dans la maîtrise du cuir. Avec l’expansion de son entreprise, Thomas décide de léguer cette tâche à des artisans. Il reçoit des cornes à boire du Danemark, des casques médiévaux ou grecques d’Allemagne et de France. Des casques médiévaux au pistolet de cow-boy, l’authenticité est au rendez-vous sur le stand Dremmwel. “L’idée de l’entreprise m’est venue lorsque j’ai intégré l’association mercenaire du temps il y a quelques années” , explique-t-il. L’association réunit une équipe d’une cinquantaine de “combattants et personnages civils”, afin de produire des reconstitutions historiques multi-époques et des spectacles culturels, selon leur site web officiel. “En dehors de cette association, on fait aussi des combats chorégraphiés et on participe à des fêtes médiévales”, témoigne Thomas Burguier. Lui aussi s’entraîne au lancer de hache et participe, en tant que comédien, à des grands jeux romains aux arènes de Nice.
Leur objectif pour l’année prochaine reste d’ouvrir un bar pour le lancer de hache, toujours dans l’esprit médiéval. “Comme une taverne à l’ancienne”, sourit John Huynh.