« Quand on vient ici, on apprend forcément quelque chose. » En quelques mots, Julie Jomin, la directrice de l’université populaire IDEE, replace l’ADN de la structure : apprendre ; découvrir ; rencontrer ; échanger. « Notre vocation est le partage du savoir l’accès à la culture pour tous et la formation auprès de la population tout au long de la vie », peut-on lire sur le site Internet de l’université populaire, pour résumer la démarche. On apprend de la conférence ou de l’atelier que l’on suit, mais aussi des personnes autour. Car une université populaire se veut transversale. Le savoir et l’intelligence s’y construisent collectivement. « Ce n’est pas seulement une personne qui délivre, on se nourrit », résume la directrice, en poste depuis fin 2017. Et à Belfort, cela dure depuis 40 ans.
L’université populaire a été créée en 1983, sous l’impulsion de Jean-Pierre Chevènement. Et son succès ne se dément pas depuis. Aujourd’hui, la structure compte neuf salariés, une vingtaine d’intervenants et s’appuie sur une quarantaine de bénévoles. En 2022-2023, plus de 1 500 personnes ont participé aux conférences, près de 900 personnes ont participé à des ateliers et plus de 250 ont suivi des cours de langues.
Bénéficiaires du RSA
Lorsque l’on évoque l’université populaire IDEE, on pense automatiquement conférences et publics âgés. « Ce n’est pas du tout notre public », sourit Julie Jomin. Car l’université populaire, ce sont certes des conférences, mais pas seulement. IDEE propose des formations, notamment en langue et en informatique. Du côté des langues, elle propose onze possibilités. Des langues courantes comme l’allemand, l’anglais ou l’espagnol. Et des langues plus rares comme l’arabe, le japonais, le russe, le latin ou le grec. Des cours de langue des signes française (LSF) sont aussi dispensés. Cette année, il sera également possible d’apprendre le coréen. Et le tout est finançable par son compte personnel de formation (CPF). IDEE propose également des ateliers pour s’épanouir, pour mieux se connaître, se détendre ou découvrir une activité artistique.
Aujourd’hui, IDEE compte près d’un millier d’adhérents. Près de la moitié ne paie pas le plein tarif de l’adhésion, un signe qui témoigne de la diversité des publics, que ce soit en termes d’âge ou de ressources. Depuis la saison 2018-2019, Elle accompagne des bénéficiaires du revenu de solidarité active, dans le cadre d’une enveloppe financée par le conseil départemental du Territoire de Belfort et de la préfecture. 83 personnes ont été accompagnées l’an passé. Des ateliers d’informatique, de français langue étrangère, d’apprentissage au code de la route ou de travail sur le projet professionnel sont proposés. Cela permet de lever des obstacles, comme un manque de maîtrise numérique, de favoriser l’autonomie en améliorant les compétences écrites et orales en français. Et de créer du lien social, avec une dynamique, luttant ainsi contre l’isolement et l’exclusion.
Un colloque national à Belfort
Au mois de novembre, l’université populaire de Belfort organise le colloque annuel des universités populaires de France, les 24, 25 et 26 novembre. Le réseau compte 75 universités. Les professionnels vont réfléchir autour du thème de l’innovation sociale : « L’innovation au service de nos projets : effet de mode ou réel levier de transformation ? »
386 personnes ont participé à des cours de Français langue étrangère en 2022-2023, contre 325 l’année d’avant et 292 l’année encore précédente, soit une hausse 32 % en deux ans. L’accueil de réfugiés ukrainiens explique en partie cette hausse. La structure a aussi répondu à la hausse générale de la demande, en mettant à disposition des ressources matérielles et humaines. « Le curseur s’est déplacé vers l’insertion et vers le public en difficulté », acquiesce Julie Jomin. IDEE est devenue un opérateur très important du secteur social, bien identifié par les prescripteurs.
Cette accessibilité teinte l’ensemble des propositions de l’université populaire. Aujourd’hui, les conférences sont accessibles en ligne, pour les écouter sans y assister, ou les réécouter. Un projet de podcasts est également à l’étude, pour laisser « des traces », dixit Julie Jomin, de toutes les actions menées par l’université populaire. Des actions qui prendront sûrement place, un jour, sur la longue frise historique que conçoit l’association pour raconter sa longue histoire dédiée à l’éducation populaire.
Renseignements : https://www.ideeup.org/index.html | IDEE université populaire, école Raymond-Aubert, 25 rue de la 1re Armée française. BP 254 – 90005 Belfort.