« Ces aides ont été de véritables leviers », explique Damien Meslot, président Les Républicains du Grand Belfort et maire de Belfort.Les aides dont il parle sont des fonds mobilisés avec l’aide de la fondation du patrimoine. Un organisme à but non lucratif, qui a pour mission de sauvegarder le patrimoine local, non protégé et en péril. L’organisme fonctionne avec un réseau de 800 bénévoles et des donateurs qui permettent d’abonder financièrement environ 2 000 projets par an. Elle sélectionne des projets auxquels elle attribue des aides, via des prix et des concours, ou encore via le Loto du patrimoine. Des collectes de dons sont aussi organisés via leur plateforme. Dans le nord Franche-Comté, deux projets vont être portés par des aides de l’organisme. La synagogue de Foussemagne et le fort de la Justice à Belfort.
240 000 euros pour le fort de la Justice
Le site du fort de la Justice, tout proche de la citadelle, est aujourd’hui en grand péril. Il est presque toute l’année fermé au public, car trop dangereux. Construit en 1826, les travaux à effectuer aujourd’hui sont très importants. « Nous sommes partis pour des décennies de travaux », prévient Damien Meslot, maire de Belfort et président du Grand Belfort.
Les travaux concerneront surtout la sécurisation du site dans un premier temps. C’est d’ailleurs par ce biais que le fort de la Justice a été sélectionné pour une aide, dans le cadre du fonds « Impact » de la fondation du patrimoine. Les 240 000 euros sont attribués car le projet aura un « impact pour la sécurité des biens et des personnes », précise la fondation du patrimoine. « Et le dossier a fait l’unanimité sur le volet sécurité », précise la chargée de mission à la délégation du patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté, Agnès Garnier.
Un nettoyage partiel avait déjà démarré en 2019 ainsi que quelques travaux de sécurisation. Mais cela ne suffisait plus. Il est prévu de sécuriser l’accès à la cour intérieure, de sécuriser le contournement du magasin à poudres et de réhabiliter un escalier d’accès à la terrasse du fort pour y créer un point de vue panoramique. Aujourd’hui, le bâtiment n’a plus non plus d’étanchéité. L’étape supérieure sera de restaurer les murs pour stopper les infiltrations depuis la terrasse pour réutiliser l’édifice et pourquoi pas l’intérieur du bâtiment principal.
L’association Les jardins du fort de la justice, propriétaire du site, a déjà initié un projet de jardins d’artistes. Le président, Manuel Rivalin, espère qu’avec les travaux, l’association pourra organiser de plus en plus d’événements. Avec des artistes, des passionnés de jardins, des écoles, des professionnels, pour disposer d’un endroit qui deviendrait « un lieu d’expression et d’expérimentation ». En organisant, aussi, des visites guidées et des animations culturelles.
1,3 million pour l’ancienne synagogue de Foussemagne
À une dizaine de kilomètres de ce premier projet, un autre a attiré l’attention de la fondation du patrimoine : il se trouve à Foussemagne. « Foussemagne est la seule commune en France qui possède une synagogue et pas d’église », explique le président du Grand Belfort, Damien Meslot. « Les qualités patrimoniales de cette ancienne synagogue construite en 1864 sont indéniables », complète dans son communiqué la Fondation du patrimoine. Pour autant, aujourd’hui, « seule la présence de la couverture permet de ne pas qualifier le monument de ruine », explique la fondation du patrimoine.
Le bâtiment présente d’importants dégâts : la toiture, les menuiseries et les maçonneries sont dégradées et l’intérieur de l’édifice est dans un état de « désolation ». Le sol est actuellement en terre battue, et quant aux façades, les baies sont murées par des briques ou des panneaux de bois. Un état actuel lié à l’histoire : au cours de la Seconde Guerre mondiale, la synagogue est fermée, pillée et saccagée par les nazis en 1940. La communauté juive de Foussemagne est déportée. A la libération, elle n’a pas été restaurée. Elle a été cédée à un propriétaire privé, un meunier, qui s’en servait de dépôt.
Pourquoi restaurer cette synagogue, maintenant désacralisée ? Pour son histoire et sa valeur. « Sa valeur de mémoire avec son Mikvé ( le mikvé est un bain rituel utilisé pour l’ablution nécessaire aux rites de pureté familiale dans le judaïsme. C’est l’un des lieux centraux de la vie communautaire juive, avec la synagogue et l’école juive, ndlr) a motivé la protection de ses façades et toitures par inscription aux monuments historiques en 1984 », narre dans son dossier de presse la fondation du patrimoine .La bâtisse est devenue propriété de Foussemagne depuis 2008, mais elle n’a pas été restaurée entièrement car la ville n’en avait pas les moyens, précise Damien Meslot. De premiers travaux avaient pourtant été initiés en 2013, mais ils ont été stoppés faute de moyens financiers suffisants. « C’est une épée de Damoclès qui disparaît pour Foussemagne », explique le président du Grand Belfort.
Pour les travaux à venir, c’est la communauté d’agglomération du Grand Belfort qui assurera les travaux de maîtrise d’ouvrage dans le cadre de sa compétence Culture et action culturelle. Dans un premier temps, des travaux seront réalisés pour conforter la structure de l’édifice puis des travaux seront engagés dans des travaux de restauration destinés à sauvegarder l’édifice, y compris le Mikvé. Puis, c’est l’intérieur qui pourra être rénové.
À terme, le président du Grand Belfort souhaite que l’ancienne synagogue devienne un lieu d’exposition, de conférences, de rencontres. Un projet de musée avait été envisagé, mais cela est finalement irréalisable, car beaucoup trop coûteux. Coût total de l’opération : 1,3 millions, avec des travaux à prévoir sur deux années, en 2024 et 2025. De nombreux acteurs abondent le projet : le Grand Belfort, avec une somme de 254 000 euros. La Drac (Région) avec 508 000 euros, l’Etat avec le fonds Feder pour 178 000 euros. Via la fondation du patrimoine, il a été possible de réunir 300 000 euros dans le cadre du loto du patrimoine (voir ci dessous), mais aussi 30 0000 euros dans le cadre de la Mission Bern en 2022, qui a permis de débloquer d’un fonds national pour la sauvegarde du patrimoine juif et protestant. Cerise sur le gâteau : la collecte en ligne, qui a réuni 50 000 euros.
4 800 sites restaurés avec le Loto du patrimoine
En septembre 2017, Stéphane Bern s’est vu attribuer par le gouvernement une mission d’identification du patrimoine en péril et de recherche de nouvelles sources de financement pour le restaurant. De cette initiative est né le Loto du Patrimoine, dont le produit a été attribué à la Fondation du patrimoine. L’opération est pilotée par le ministère de la Culture et la française des jeux. 4 800 sites ont été signalés sur la plateforme, et chaque année des millions de joueurs y participent avec des jeux de grattage et des tirages « Mission Patrimoine » du FDJ.