La direction régionale de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié une étude centrée sur le pôle métropolitain Nord-Franche-Comté. Une échelle d’analyse rare qui confirme la cohérence de ce bassin de vie, tout en révélant ses forces et ses faiblesses.
La direction régionale de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié une étude centrée sur le pôle métropolitain Nord-Franche-Comté. Une échelle d’analyse rare qui confirme la cohérence de ce bassin de vie, tout en révélant ses forces et ses faiblesses. Les trois informations à retenir d’un territoire, marqué par la crise de 2008.
1. Un territoire industriel
Le nord Franche-Comté est marqué par l’industrie. Une industrie spécialisée autour de l’automobile, de l’énergie et du ferroviaire. Près d’un emploi occupé sur quatre (24 %) relève de ce secteur, contre 17 % à l’échelle de la région Bourgogne-Franche-Comté. « Sur environ 3 % de la superficie régionale, le Pôle concentre à lui seul, près de 16 % de l’emploi industriel régional », constate l’analyse (Insee analyses – Bourgogne-Franche-Comté, n° 58, juillet 2019). Entre 2010 et 2015, l’emploi a reculé de 6,4 % dans le pôle métropolitain, représentant environ 8 000 emplois perdus estime Charles Pilarski, le responsable des études de l’Insee. L’emploi est également concentré dans quelques entreprises. Les dix principaux établissements du pôle accueillent un tiers des emplois. Forcément, lorsque la conjoncture ralentit, les conséquences sont difficiles. Les enjeux autour de la restructuration envisagée à General Electric confirment cette tendance. Cela s’observe également par le recours à l’intérim, très important dans le territoire. Cet écosystème économique, autour de grands groupes, induit « un besoin de flexibilité de la main-d’œuvre ». Le pôle Nord-Franche-Comté se caractérise également par un problème d’attractivité en termes d’emplois. Le territoire propose 110 postes de cadres pour 100 cadres résidents. « En manque de main-d’œuvre qualifiée, il doit donc attirer des actifs de l’extérieur », relève l’Insee. Si le nord Franche-Comté a été fortement touché par la crise de 2008, comme le révèlent ces données, il semble que l’espace de Belfort, plus tertiaire, ait mieux résisté que celui de Montbéliard, plus ouvrier. « En raison de son statut de préfecture, l’emploi public y a joué un rôle d’amortisseur plus puissant : en effet, il représente 36 % de l’emploi total contre 26 % seulement à Montbéliard », relève l’Insee.
2. Évolution contrastée de la population
Le pôle métropolitain Nord-Franche-Comté, selon les frontières définies par le pôle, accueille 306 000 habitants (1er janvier 2017). Une population concentrée dans la partie centrale du pôle métropolitain, formé autour de l’axe Belfort-Montbéliard. Si le solde naturel est positif et dynamique (+ 5 800 habitants par an entre 2010 et 2015), le déficit migratoire est très marqué. Sur la même période, chaque année, 6 400 personnes quittent le pôle métropolitain. Ce déficit est nettement moins marqué à Belfort (- 0,2 % de population par an entre 2010 et 2015) qu’à Montbéliard (- 0,6 % sur Montbéliard). On observe de fortes chutes à Audincourt (- 1 400 habitants en cinq ans) et Valentigney (- 800 habitants en cinq ans). « Les départs sont en partie liés à la conjoncture économique plutôt défavorable et à l’externalisation définitives d’activité hors du pôle de la part des grands groupes industriels, observe l’Insee, avant de constater : C’est le cas de la fabrication des amortisseurs de PSA Sochaux, désormais réalisé en Allemagne. Dans ces villes qui concentraient prestataires et sous-traitants, ce contexte a eu de lourdes conséquences notamment sur l’emploi local. » Avec cette analyse, on comprend également tous les enjeux de la restructuration de PSA sud, à Sochaux, vis-à-vis des communes voisines.
3. Travail à l’extérieur du pôle
Entre 2010 et 2015, le nombre d’actifs habitant et travaillant dans le pôle a fortement diminué. Ils sont passés de 109 300 à 101 300, représentant une baisse de 7 %. À l’inverse, le nombre d’actifs travaillant à l’extérieur est passé de 13 100 (2010) à 15 000 (2015). « Plus d’un actif sur huit (13 %) dépend désormais de pôles d’emplois extérieurs, en premier lieu la Suisse (5 700 actifs) et le Haut-Rhin (4 500 actifs) », analyse l’Insee. Le travail frontalier a connu un essor important ces dernières années dans le nord Franche-Comté, alors qu’il concernait surtout le haut Doubs et l’est du Jura auparavant. Les territoires de Boncourt, Porrentruy et Delémont sont en plein développement et aspirent des travailleurs. Les frontaliers sont 2 700 à vivre dans le pays de Montbéliard (5 % de la population active) et 2 200 dans le sud du Territoire de Belfort (23 % de la population active), moins peuplé. Les hausses observées de la population dans certains secteurs du pôle métropolitain sont liées à ce phénomène. La partie Est du pôle, limitrophe du Haut-Rhin, a enregistré une hausse de sa population de + 0,8 % par an, entre 2010 et 2015. « Plus de la moitié des nouveaux habitants viennent du reste du Territoire de Belfort et 20 % du Haut-Rhin », relève l’Insee dans son bulletin. Une croissance démographique qui n’est pas présente dans le secteur de Delle-Beaucourt, pourtant marqué par des travailleurs qui partent en dehors du pôle métropolitain. En Suisse majoritairement.
Des équipements structurants
Gare TGV, hôpital Nord-Franche-Comté, université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM). Le territoire dispose de plusieurs équipements structurants, pensés à l’échelle du pôle métropolitain. « En croissance de plus de 11 % entre 2012 et 2017, le nombre d’équipements de proximité a ainsi augmenté plus vite que dans la région (9 %) et témoigne de la vitalité de l’activité économique générée par la population présente », note l’Insee. Le pôle dispose surtout d’un réseau de communication efficace, construit autour de l’autoroute A 36, qui relie les deux principaux pôles du nord Franche-Comté.