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Olivier Lamotte : « Avec le Crunch Time, nous offrons une mise en situation »

1 600 étudiants de l’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM) se creusent les méninges pendant cinq jours à l’Axone. Ils planchent pour trouver des solutions à 160 problèmes posés par des industriels, des institutions ou des petites entreprises.

1 600 étudiants de l’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM) se creusent les méninges pendant cinq jours à l’Axone. Ils planchent pour trouver des solutions à 160 problèmes posés par des industriels, des institutions ou des petites entreprises. Rencontre avec Olivier Lamotte, ingénieur de recherche, responsable du Crunch lab de l’UTBM et en charge du Crunch Time.

Qu’est-ce que le Crunch Time ?

L’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM) propose un nouveau service, le Crunch Lab, un open lab proposé aux entreprises et aux particuliers. Le Crunch Time, qui se tient jusqu’à vendredi à l’Axone, est devenu une des actions du Crunch lab, qui est en charge d’organiser cet événement. C’est un exercice d’idéation, qui rassemble tous nos étudiants à l’Axone.

Quel est son objectif ?

Les étudiants sont constitués en équipe de dix. De tous les niveaux et de toutes les disciplines de l’établissement. On leur confie des projets, amenés par des porteurs de sujet ; cela peut être des industriels, des particuliers, des associations ou des institutions. Ils leur confient une problématique et les étudiants doivent s’organiser pour y répondre.

Ils ont cinq jours pour trouver une solution…

Ils ont en effet cinq jours pour proposer une solution. Nous évaluons la capacité de l’équipe à s’organiser pour répondre à l’objectif et à la question posée. La pertinence de la réponse apportée, c’est le porteur de projet qui la donne.

« Nous évaluons la capacité de l’équipe à s’organiser pour répondre à l’objectif et à la question posée »
Olivier Lamotte
Responsable du Crunch Time

Ces solutions que développent les étudiants peuvent-elles avoir un développement industriel ?

Directement, c’est difficile. Mais ce qui peut se passer, c’est que des sujets donnent de nouvelles idées aux entreprises. C’est un mélange entre les idées du groupe et les idées des porteurs de sujet, qui fait que tout cela donne un projet qui peut être poursuivi.

Que cherche l’UTBM en mettant en scène les étudiants ?

On sait très bien que les métiers de demain n’existent pas encore aujourd’hui. Les étudiants vont devoir s’adapter tout au long de leur carrière. Grâce à ce type d’exercice, nous leur offrons l’opportunité de tester une mise en situation. Ils vont travailler avec des gens qu’ils ne connaissent pas, comme ce sera le cas plus tard. Ils seront avec des gens de niveau différents et de disciplines différentes, sur un sujet qu’ils n’auront pas choisi. Et cela, ils le font dans un cadre complètement sécurisé, parce que c’est de la pédagogie. Nos étudiants seront plus armés à s’adapter aux différentes situations qui leur seront proposées au cours de leur carrière professionnelle.

« Nous évaluons la capacité de l’équipe à s’organiser pour répondre à l’objectif et à la question posée »
Olivier Delamotte
Responsable du Crunch Time

Nous avons assisté ce mardi à l’évacuation de l’Axone, l’un des sujets portés par un groupe d’étudiants. Quel est l’intérêt ?

Cette évacuation est une opportunité croisée. D’un côté, cela permet à l’Axone de tester et de valider sa procédure d’évacuation, car c’est impossible d’évacuer une salle comme celle-ci pour faire un exercice pendant un concert ou une autre animation. Pour nous, il y a moins d’impact. De notre côté, cela nous rassure sur la capacité de nos étudiants à évacuer une salle qu’ils ne connaissent pas. Pendant cinq jours, l’Axone devient notre 4e et plus gros site.

Pour les étudiants qui travaillent sur cette question, quel est l’enjeu ?

Ils doivent proposer une innovation autour de la sécurité et de l’évacuation. Cela permet aux étudiants de réfléchir et d’avoir vécu une vraie évacuation, à l’endroit et à l’envers. Ils étaient aussi bien dans les flux qu’au poste de sécurité, comme dans un vrai living lab. Ils vont pouvoir proposer à des salles comme l’Axone, qui ne peuvent pas organiser des exercices facilement, des systèmes novateurs.

Quels sont vos sujets marquants pour l’édition 2019 ?

Nous avons un sujet des pompiers, sur le développement de drones de reconnaissance, pour qu’ils puissent entrer dans des bâtiments en feu avant même que les pompiers s’y aventurent. Nous avons aussi un sujet consistant à équiper les fauteuils roulant d’un système permettant de monter une marche de 15 ou 20 centimètres. Nous avons également un sujet pour filtrer, mais sans filtre. On a tout type de sujet. Pour des petites, des moyennes et des grosses entreprises. Des sujets très technologiques et d’autres qui ne sont que basés sur des procédures.  

Une évacuation comme exercice grandeur nature

À 11 h, ce mardi, l’alarme incendie retentit dans l’Axone. Tout le monde doit évacuer. C’est un exercice, mais le secret avait été jalousement gardé. Un exercice qui fait partie des 160 projets soumis aux étudiants de l’UTBM à l’occasion de ce Crunch Time. Le drame du Bataclan, en novembre 2015, et l’incendie de Notre-Dame de Paris, il y a quelques semaines, ont rappelé la nécessité de bien maîtriser ces procédures. Ce mardi matin, les usagers de l’Axone sont sortis en 4 minutes. L’organisation semblait satisfaite. Une équipe de neuf étudiants penche sur le sujet toute la semaine pour proposer des améliorations au système. « Ce type d’exercice, on ne peut jamais le faire », convient Florent Masson, le directeur de l’Axone. Tous les six mois, un exercice est bien organisé, conformément au fait que l’Axone soit un établissement recevant du public de première catégorie. Mais il n’y a qu’une cinquantaine de personnes. Avec le Crunch Time, l’Axone se retrouvait en configuration optimale pour éprouver ses procédures. Florent Masson veut créer un outil pour l’aider lors de ces évacuations. Et pour aider tous ses collègues. En tant que directeur, il doit garantir que ses salariés sont en sécurité et qu’il a mis les moyens suffisants pour garantir la sécurité des usagers de l’équipement. Son besoin, c’est d’assurer une bonne communication entre ses salariés, les autorités et les secours. Et pendant ce type d’événement, il y a une masse d’informations à gérer. « Il faut donc améliorer la communication », explique Dorian, l’un des étudiants en charge du défi. Leur idée, concevoir une application permettant de communiquer, de savoir où sont les employés de l’Axone et de répertorier les zones évacuées et vérifiées par exemple. « Une sorte de check-list », envisage Dorian. Il est 12 h, le débriefing continue entre les équipes de l’Axone, les responsables de la sécurité et les étudiants. Ils écoutent les besoins. Et ont encore trois jours pour proposer une solution.

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