3e étape de notre série estivale sur les vélos. La mairie de Bethoncourt est la première commune du nord Franche-Comté – et l’une des rares en France – à avoir aménagé un Chaussidou, autrement appelé chaussée à voie centrale banalisée (CVCB). Dans cet aménagement urbain, on trouve une voie unique de circulation pour les voitures au centre, bordée par des bandes cyclables.
3e étape de notre série estivale sur les vélos. La mairie de Bethoncourt est la première commune du nord Franche-Comté – et l’une des rares en France – à avoir aménagé une chaussidou, autrement appelé chaussée à voie centrale banalisée (CVCB). Dans cet aménagement urbain, on trouve une voie unique de circulation pour les voitures au centre, bordée par des bandes cyclables.
Chaussidou. Ou chaucidou. Un mot valise composé de « chaussée », de « circulation » et « douce ». Une chaussidou est une chaussée composée de trois voies, dont deux sont particulièrement dédiées aux vélos. Cet aménagement est originaire de Suisse. On l’utilise depuis 1997. On en trouve également en Allemagne ou aux Pays-Bas. Et quelques-uns en France, notamment dans l’Ouest.
Le principe est simple. La voie centrale est destinée aux voitures, dans les deux sens de circulation. Si deux voitures doivent se croiser, elles se déportent tranquillement sur les bandes cyclables, tracées de part et d’autre de la voie centrale. La municipalité de Bethoncourt, dans le pays de Montbéliard, vient d’opter pour deux aménagements de ce type. L’un, rue d’Héricourt. L’autre, rue de la Combe-aux-Prêtres. Le premier s’étend sur 1,7 km, depuis l’école Louis-Pergaud vers la Haute-Saône, l’autre sur 1 km.
Partager la chaussée
Ces deux rues sont des routes départementales, qui devaient être réaménagées. La mairie réfléchissait à des aménagements pour les cyclistes. Mais le coût d’une piste cyclable classique était trop important. Près d’un demi-million d’euros estime la municipalité. « Nous avons alors découvert cette curiosité au Luxembourg », confie Jean André, le maire de Bethoncourt. Il l’a revue dans le Finistère. « Ce sont des rives cyclables », image le maire, qui insiste sur le fait que les cyclistes et les piétons sont prioritaires. « On a redéfini les espaces », complète, séduite, Isabelle Thiébaud, adjointe à l’environnement, à l’urbanisme et à l’aménagement territorial. Une redéfinition faite seulement avec des marquages au sol et de la signalisation verticale.
Si deux voitures doivent se croiser, elles se déportent, mais « toujours derrière le vélo », insiste Jean André. « Et on attend », ajoute Isabelle Thiébaud. « L’humain l’emporte sur la mécanique », appuie le maire. « C’est une bonne alternative », observe Odile Joannès, présidente de l’association Vélocité du pays de Montbéliard, sur son vélo. L’association milite pour l’usage de la bicyclette comme moyen de déplacement et intervient auprès des collectivités pour qu’elles intègrent la dimension vélo dans leurs aménagements.
Elle y voit un autre avantage : « Les voitures se réhabituent aux vélos. » Car la construction de pistes cyclables crée aussi un paradoxe : on croit que les vélos n’ont plus leur place sur la route. La chaussidou réapprend à partager l’espace.
Limiter la vitesse
« Nous avons la volonté de réduire la vitesse », rappelle également l’adjointe à l’urbanisme. En observant la circulation pendant une demi-heure, la vitesse est en effet bien limitée dans le secteur. La chaussidou est un espace limité à 30 km/h. On observe encore quelques automobilistes hésitants, décontenancés par l’aménagement et observant assidûment la signalisation… On peut ? On ne peut pas ? Une question d’habitude et de vigilance.
Aujourd’hui, les deux aménagements sont officiellement en test. « Il faut que les gens se l’approprient, reconnait Isabelle Thiébaud, et qu’il voit la plus-value pour le cadre de vie. » Il ne fait aucun doute qu’ils seront pérennisés. Et la mairie envisage même d’en installer d’autres et d’en faire la promotion chez les voisins. Grand avantage, selon le maire : « On peut mettre des pistes cyclables dans des lieux où on pensait que c’était impossible », apprécie-t-il. « On ne change pas la physionomie de la route, confirme Isabelle Thibaud, avant de sourire : La chaussidou est un vrai couteau suisse. »
- Pour notre 4e étape, ce mercredi, nous nous intéressons aux ambitions de la communauté de communes du pays d’Héricourt, qui a approuvé un schéma local des voies cyclables, qui doit notamment connecter la cité de Haute-Saône à Belfort et Montbéliard.
Les mots des pistes cyclables
- Piste cyclable : c’est une voie de circulation réservée aux cyclistes, séparée physiquement de la chaussée, par exemple par un terre-plein
- Bande cyclable : c’est une voie de circulation réservée aux cyclistes, contiguë à la route et séparée par un marquage au sol spécifique
- Chaussée à voie centrale banalisée (chaussidou) : aménagement comprenant trois voies de circulation, dont notamment deux bandes cyclables qui entourent une voie centrale de circulation. C’est un espace de voirie partagée
- Voie verte : « voies de communication autonomes réservées aux déplacements non motorisés, développées dans un souci d’aménagement intégré valorisant l’environnement et la qualité de vie […] pour garantir une utilisation conviviale et sécurisée à tous les usagers de toute capacité», indique la déclaration de Lille, en 2000. La voie verte dispose d’un panneau de circulation propre, carré, sur fond bleu, avec une bande verte qui le traverse et sur laquelle évoluent un cycliste et un piéton. Elle dispose d’un revêtement bitume
- Eurovélo6 : Eurovélo renvoie un réseau de 16 itinéraires cyclables, à travers l’Europe, de 90 000 km. L’Eurovélo 6 relie la mer Noire, en Roumanie, à l’océan Atlantique (à Saint-Brévin-les-Pins), en France. Elle est mesure 3 653 km et relie notamment Saint-Louis, Mulhouse, Montbéliard, Besançon…