Jura : la Transjurassienne, un monument menacé

Manque de neige et faune en danger : les organisateurs de la Transjurassienne ont réussi tant bien que mal à maintenir l'édition 2023 de la course de ski de fond ce dimanche, mais au risque de déranger l'habitat du grand tétras, une espèce menacée.

Antoine Pollez – AFP

Manque de neige et faune en danger : les organisateurs de la Transjurassienne ont réussi tant bien que mal à maintenir l'édition 2023 de la course de ski de fond ce dimanche, mais au risque de déranger l'habitat du grand tétras, une espèce menacée.

Pour tout amateur de ski de fond, c’est une compétition mythique : 70 kilomètres entre combes et forêts, reliant le Jura au Doubs, depuis 1979. Épreuve de la Coupe du monde longue distance, réunissant généralement plus de 4 000 participants d’une trentaine de pays, c’est une manifestation incontournable pour tout un territoire. Soumise aux aléas de la météo, la Transjurassienne, qui culmine à 1 400 mètres d’altitude, a déjà connu plusieurs annulations.

Cette année encore, la neige s’est faite rare. Ailleurs en France, certaines courses ont été déprogrammées, d’autres ont utilisé de la neige artificielle, parfois acheminée par camion. Cette option est écartée par les organisateurs, soucieux de maintenir un évènement qui s’insère harmonieusement dans son environnement. Pour trouver un compromis, ils ont modifié le tracé et raccourci l’épreuve d’une vingtaine de kilomètres. « Nous avons adapté l’événement à la nature, et non le contraire », proclame la page Facebook de la « Transju ».

Liste rouge de l'UICN

Mais la raréfaction progressive de la neige exacerbe l’autre difficulté posée à l’organisation : la protection des espèces menacées. Car les forêts jurassiennes sont l’un des derniers habitats de certaines espèces en France, dont le grand tétras, gros oiseau forestier classé sur la liste rouge des espèces en danger par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

À ce titre, le grand tétras comme les forêts du haut Jura font l’objet de mesures de protection spécifiques. L’organisateur de la Transjurassienne doit solliciter des autorisations administratives spéciales pour que la course puisse se tenir, a fortiori quand le parcours quitte le tracé historique pour des zones plus enneigées, mais aussi plus sensibles. Dans un dossier adressé à la préfecture à l’automne, Trans’organisation avait exposé les raisons « d’intérêt public majeur » (retombées économiques, dimension patrimoniale de l’évènement…) qui justifient selon elle l’octroi d’une dérogation, détaillé les mesures visant à éviter, réduire et compenser les atteintes à l’environnement, et présenté six parcours envisagés selon l’enneigement.

Le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN), chargé d’éclairer la prise de décision, a émis un avis critique sur le dossier. Il estime que la raison d’intérêt public majeur justifiant une dérogation « reste à démontrer ». Il juge certaines mesures compensatoires « largement insuffisantes » et recommande de ne pas autoriser le parcours n°6, « le plus problématique pour le grand tétras ». Face au manque de neige, c’est justement ce parcours qui a été retenu par l’organisateur, et autorisé, en dernière minute, par la préfecture du Jura. Mais l’autorisation, sollicitée pour cinq ans, n’a été accordée que pour 2023. « Les préoccupations environnementales sont primordiales, et la Transjurassienne est un marqueur du territoire », souligne Caroline Poullain, sous-préfète du Jura. « Un travail important est mené pour trouver le bon curseur. »

Passion et bénévolat

Si le sésame a été accordé cette année, l’organisateur, qui devra très vite plancher sur un nouveau dossier d’autorisation, sent bien que l’étau se resserre. Mais il ne dispose pas des moyens nécessaires pour modifier substantiellement son approche, malgré l’accompagnement des services de l’État et des collectivités territoriales.

« Nous ne sommes pas une structure professionnelle, on fonctionne par passion, avec du bénévolat », souligne Pierre-Albert Vandel, président de Trans’Organisation, qui compte seulement trois salariés. « Les dossiers sont très complexes, on n’a pas la compétence, il faudrait recourir à des cabinets extérieurs spécialisés, mais c’est coûteux ». Sincère dans sa volonté de préserver l’écosystème, il exprime néanmoins son « découragement » face aux « contraintes environnementales et administratives » et n’écarte pas la possibilité « d’interrompre l’aventure« .

Conscient que la loi biodiversité de 2016 a renforcé les exigences qui pèsent sur les porteurs de projets, le CNPN recommande d’élaborer les mesures de compensation écologique « avec l’aide du Parc naturel régional » (PNR) du Haut-Jura et des collectivités. Sollicité, le PNR n’a pas donné suite. La région Bourgogne-Franche Comté, par la voix de son vice-président aux sports, Willy Bourgeois, indique qu’elle « mettra en oeuvre les leviers dont elle dispose dans le cadre de ses compétences », sans davantage de précisions.

 

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