Avec l’AFP
“Le Président de la République envisage, sur proposition de la Première ministre, de nommer Luc Rémont”, âgé de 53 ans, “en qualité de président-directeur général d’Electricité de France”, a indiqué la présidence, en précisant que le Parlement devra donner son aval à cette nomination.
Luc Rémont, actuel responsable des opérations internationales de Schneider Electric, a été choisi pour remplacer celui qui dirigeait le groupe depuis 2014, Jean-Bernard Lévy, bientôt atteint par la limite d’âge mais dont le départ anticipé a été annoncé dès cet été en même temps que la renationalisation d’EDF à 100%. Le nouveau capitaine du géant de l’électricité devra relever un nombre de défis colossaux, tant pour EDF que pour la sécurité de l’approvisionnement électrique du pays qui fait face à sa pire crise énergétique depuis des décennies.
La @LaLettreA rappelle aujourd’hui que Luc Rémont, VP de Schneider Electric, pressenti ces derniers jours, pour prendre la tête d’EDF, a supervisé la vente d’Alstom énergie à l’américain GE comme banquier d’affaires chez Bank of America Merrill Lynch (1) https://t.co/6V7DlaSrT0
— Marc Endeweld (@marcendeweld) September 28, 2022
Luc Rémont est passé par Bercy
Dans sa feuille de route, un dossier est tout en haut de la pile: relancer une production électrique en berne, en raison de problèmes de corrosion sur certains réacteurs nucléaires, mais aussi de la sécheresse qui a fragilisé le potentiel des centrales hydroélectriques cet été. D’autres chantiers plus structurels attendent le nouvel homme fort d’EDF. A moyen et long terme, il aura aussi à gérer le branchement de l’EPR Flamanville qui accuse dix ans de retard et de faramineux investissements à venir pour relancer le nucléaire, selon la feuille de route fixée par Emmanuel Macron dans son discours de Belfort en février 2022.
Le média La Lettre A rappelait ce mercredi 28 septembre que Luc Rémont avait travaillé chez Bank of America Merill Lynch, qui conseillait Alstom lors du rachat controversé par General Electric en 2014-2015 (notre dossier). De 2002 à 2007, il est dans plusieurs cabinets ministériels des ministres de l’Économie de l’époque : Francis Mer, Nicolas Sarkozy et Thierry Breton. Avec ce dernier, il a suivi la privatisation partielle d’EDF. De cette vie précédente à Bercy, Luc Rémont garde aussi sans doute une fine connaissance des enjeux financiers du pays. Cet atout ne sera pas des moindres, EDF ayant à gérer une renationalisation (avec reprise à 100% par l’État), une dette à son sommet, et de faramineux investissements à venir pour relancer le nucléaire.
"Fort sens du devoir"
Au sein du géant des équipements électriques Schneider electric, on loue son “fort sens du devoir”. D’ailleurs, ce polytechnicien ingénieur de l’armement n’est-il pas réserviste. En France de 2014 à 2017, il gère notamment des opérations de restructuration et de transformation parfois délicates socialement. Un représentant du personnel CFE-CGC, interrogé par l’AFP, ne tarit pas d’éloges sur ce “bon manager, très apprécié des équipes” : “C’est quelqu’un d’assez exemplaire, de très humain, il a vite compris les complexités de l’entreprise”. “Chez Schneider, les négociations ne se font pas au forceps. Il n’a jamais imposé une vision différente. Sur toutes les situations un peu compliquées, on a toujours réussi à trouver un terrain d’entente (…) On le voyait souvent, il aimait bien avoir des contacts directs avec les représentants du personnel pour avoir une vision sans filtre”, ajoute cette même source. “C’est un pur produit de la finance, pas un industriel. Aucune expérience d’un secteur d’une complexité incroyable !”, alerte une source syndicale. “On jugera sur pièces. Il faudra qu’il nous fasse la démonstration qu’il veut travailler avec les syndicats, avec la CGT et avec une ligne, on l’espère, qui réponde à ce qu’on porte depuis des mois et à l’intérêt de tous les citoyens”, a indiqué Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la FNME-CGT.