Après le déplacement des feux dans le Jura ou encore dans les Vosges cet été, avez-vous un regard différent sur les risques de départ de feux dans le Territoire de Belfort ?
Effectivement, cela nous amène à repenser les moyens pour faire face aux feux de forêt. Mais nous attendons aussi les prévisions météorologiques pour nous positionner. Les années ne se ressemblent pas. Cette année, nous avons été en contact avec des ingénieurs de Météo France qui nous ont fourni des cartes chaque jour. Dès le mois de juin, nous savions que la situation allait être compliquée. L’an prochain, les choses peuvent être différentes, s’il tombe des pluies torrentielles par exemple. Il est difficile de savoir tant en avance, même si nous savons que le risque est plus important.
Combien de pompiers sont formés pour affronter les feux de forêt dans le Territoire de Belfort ? Le nombre est-il satisfaisant ?
À l’échelle du département, nous avons 45 pompiers formés de tout niveau (sur un effectif total de 125 pompiers professionnels et 350 pompiers volontaires) : un chef de colonne ; deux chefs de groupes ; quinze chefs d’agrès (responsable du véhicule, NDLR) ; et des équipiers feux de forêt. Le chiffre, aujourd’hui, est ce qu’il est. L’idée est de le consolider. Notamment en poursuivant dans les prochaines années des actions de formation avant les saisons, en avril ou mai, en collaboration avec le SDIS 25. Des stages mutualisés sont menés régulièrement, afin que l’on puisse avoir une culture commune. Cela est d’autant plus important que nous partons régulièrement en équipe.
Concernant l’année prochaine, nous avons prévu d’augmenter le nombre de pompiers formés. Mais ce n’est pas aisé : cela dépend de la disponibilité des volontaires pour participer aux stages pour se former, et de leur disponibilité l’été. Il faut aussi à la fois lier l’augmentation de l’effectif et être certain d’avoir un effectif qui puisse répondre en temps réel aux sollicitations.
En quoi consiste la formation pour se former sur les feux de forêt ?
Il s’agit d’une formation de 5 jours : une semaine bloquée, où l’on dort sur le terrain et où on initie les équipes. Nous abordons toutes les techniques de lutte contre les feux de forêt. Mais également l’hygiène en collectivité, qui est très importante pour durer et faire en sorte que les missions se déroulent correctement. En clair, nous voyons la technique opérationnelle, l’hygiène de vie à adopter et le commandement pour les niveaux supérieurs.
À l’échelle du département, combien de pompiers sont nécessaires pour répondre en temps réel à un feu de forêt ? Le nombre actuel suffit-il ?
Dans le schéma départemental actuel, il n’y a pas besoin d’avoir un effectif formé tous les jours. Mais dans les faits, nous avons tous les jours des spécialistes présents prêts à partir dans le Territoire de Belfort et formés pour envoyer au minimum un engin CCF (camion citerne feux de forêt) avec quatre personnes : un chef d’agrès et trois équipiers.
En période de saison, nous essayons d’en avoir au minimum deux toujours prêts à partir. En sachant que le parc est complet avec 3 CCF dans le département : à Belfort-Sud, Belfort-Nord et Delle. Et que nous avons la chance d’avoir une bonne couverture et un département à taille humaine qui nous permet d’intervenir plus ou moins rapidement.
Retour sur l’été 2022
27 pompiers mobilisés dont 14 professionnels et 13 pompiers volontaires
9 départements où les pompiers du Territoire de Belfort sont intervenus : les Vosges, le Jura, le Finistère, le Morbihan, le Maine-et-Loire, la Gironde, l’Hérault, le Gard et les Pyrénées-Orientales.
4 engins mobilisés : 1 camion-citerne forestier moyen, deux camions-citernes feux de forêt et un véhicule de liaison hors route ont été utilisés lors des opérations à travers la France pour répondre à la problématique des feux de forêt.
43 jours de présence sur place
« L’été du basculement », c’est ainsi que Raphaël Sodini, préfet du Territoire de Belfort, définit la prise de conscience sur la gravité du dérèglement climatique et l’importance des services départementaux d’incendie et de secours. Ces axes, il les a évoqués lors d’une cérémonie pour remercier les pompiers engagés dans les feux de forêt, ce mercredi 21 septembre, aux côtés du colonel Philippe Pautigny, directeur du SDIS90 et de Florian Bouquet, président du conseil départemental et du conseil d’administration du SDIS.
Florian Bouquet, lui, insiste sur la nécessité de « moyens accrus » pour les années à venir face à des phénomènes qui vont s’amplifier. « Nous ne sommes pas à l’abri dans le Salbert ou au ballon d’Alsace.» Il souhaite, pour l’an prochain, des moyens matériels et humains plus en adéquation avec les enjeux. Et des revalorisations pour les pompiers sur le terrain. Il a évoqué souhaiter la revalorisation de l’heure des sapeurs-pompiers volontaires de 3,5%.