Depuis plusieurs mois, le fédérateur d’entreprises locales CRRI 2000, à Montbéliard, peaufine sa communication pour défendre sa vision de l’économie et être identifié par les donneurs d’ordre.
Depuis plusieurs mois, le fédérateur d’entreprises locales CRRI 2000, à Montbéliard, peaufine sa communication pour défendre sa vision de l’économie et être identifié par les donneurs d’ordre. La structure se positionne particulièrement sur le marché de la conception-réalisation.
1957. L’usine Peugeot bat son plein à Sochaux, entraînant dans son sillage le pays de Montbéliard. La population croît fortement. Et il faut loger les habitants. La population de Montbéliard passe par exemple de 14 301 en 1946 à 30 425 en 1975. C’est un véritable boom démographique. Se crée alors une association d’entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics pour mutualiser les moyens et répondre à la charge de travail. Les entreprises n’auraient pas pu répondre seules. Ainsi sortent de terre les quartiers de la Petite-Hollande, de la Chiffogne à Montbéliard ou encore de Champvallon à Béthoncourt.
Quelques chiffres
- Près de 40 adhérents
- 15 métiers
- 1 460 emplois
- 200 millions d’euros de chiffre d’affaires cumulés des adhérents
- 9 salariés
- Une dizaine de projets par an
Cette idée et ce groupement se poursuivent aujourd’hui. CRRI 2000 (conception, réalisation, réhabilitation de l’immobilier), une société par action simplifiée unipersonnelle (Sasu), a été créée dans le prolongement de son groupement d’entreprises. L’esprit associatif du départ perdure. Le groupement est composé d’adhérents et non d’actionnaires. Il n’y a donc pas de dividendes. « Nous sommes uniques en France », insistent Paul Mettey, le président de la structure, et Laurent Germain, le directeur général. « Le lien entre nos adhérents est assurée par une charte de déontologie », détaille le directeur général. Une charte qui promeut des valeurs de confiance, de solidarité, de respect des engagements ou encore d’intégrité.
Le but de ce groupement est de faire travailler les entreprises locales. CRRI 2000 rayonne sur le nord Franche-Comté, mais également sur le sud Alsace, jusqu’à Colmar. « Nous sommes ouverts à toutes les structures, sauf les nationaux », précise Laurent Germain, convaincu de l’importance de cet outil, au service des entreprises et de l’économie locale. En moyenne, le taux de participation des entreprises adhérentes à CRRI 2000 est de 70 % dans les projets portés par la structure.
Local, toujours
CRRI 2000 permet à ses adhérents de se positionner sur des marchés auxquels ils ne pourraient pas forcément répondre seul. Lorsque CRRI 2000 obtient un marché, il ouvre la consultation à ses adhérents pour savoir si les entreprises souhaitent se positionner. Les entreprises intéressées sont ensuite mises en concurrence avec leurs homologues et avec des entreprises non adhérentes. À prix égal, l’adhérent est retenu. Ensuite, le pilotage du projet et la partie administrative sont assurés par CRRI 2000, déchargeant ainsi l’entreprise.
« Nous gardons une logique d’ouverture, insistent le directeur et le président. Le but est de créer une dynamique la plus locale possible. » Donc si CRRI 2000 obtient un chantier dans le Haut-Rhin, elle va le soumettre à ses adhérents, mais surtout l’ouvrir aux entreprises locales non adhérentes. « Nous ne sommes pas un cheval de Troie », sourit Laurent Germain. « Nous sommes un fédérateur d’entreprises locales », résume Paul Mettey. Autre valeur importante : le groupement ne négocie pas. Ainsi, on ne tire pas les prix vers le bas, ce qui serait contre-productif pour les adhérents.
La plus grande maison de santé de France
CRRI 2000 peut intervenir comme entreprise générale tout corps d’état dans le cas de publication de macro-lots sur un chantier. C’était le cas, notamment, pour l’institut de formation aux métiers de la santé (IMFS), à Montbéliard, où CRRI 2000 a obtenu le macro-lot finitions. La structure peut aussi se positionner comme contractant général, en proposant des projets de la conception à la réalisation (le projet regroupe dès le départ l’architecte et le constructeur) comme elle l’a fait avec le bâtiment de la Société générale à Montbéliard ou comme elle le fait sur l’imposant projet de maison de santé à Belfort, à proximité du Techn’Hom. L’établissement, revendiqué comme le plus grand de France, fait près de 4 200 m2. Il sera livré à l’automne 2020. Ce projet a été commandé par les sociétés Sereba et Tandem, la société d’économie mixte belfortaine. Un projet de plus de 4 millions d’euros.
Aider les entreprises adhérentes
CRRI 2000 ne verse pas de dividendes, car il n’y a pas d’actionnaires. Les bénéfices renforcent donc les fonds propres de la structure, mis ensuite au service de l’économie locale. Avec le capital constitué, CRRI 2000 peut par exemple aider indirectement les adhérents. Elle ne fait pas d’avances de trésorerie, mais un adhérent peut facturer sa tâche à CRRI 2000, qui gère entièrement le projet, et être payé rapidement, même si le groupement n’est pas encore payé pour le projet par le client final. Cela permet de réduire les temps de paiement pour les petites et moyennes entreprises et de réduire la pression sur les trésoreries.
Dans ce type de contrats, CRRI 2000 a aussi été retenu par l’association Les Amis des Vieillards pour construire 12 logements seniors à Désandans. Ce projet consiste en la réalisation de « 6 bâtiments de type maisons jumelées, (…) réalisé en ossature bois », indique CRRI 2000. Le groupement réalise aussi les Middle tech 3 & 4 dans la zone d’activité de Technoland II, des bâtiments de 2 695 et 2 327 m2. Récemment, CRRI 2000 est intervenu sur le macro-lot structure-enveloppe d’un bâtiment à Trévenans destiné à la chambre interdépartementale des métiers et de l’artisanat.
Diversification
Aujourd’hui, le défi de CRRI 2000 est de se faire connaître auprès des donneurs d’ordres privés, notamment industriels, qui peuvent avoir des besoins en réalisation de bâtiments. La structure se lance également dans l’activité de travaux-service avec de la transformation de bureaux, des réaménagements de locaux ou de la conception-réalisation à petite échelle. CRRI 2000 s’est aussi dotée de la technologie BIM (building information modeling) ; elle a formé des salariés et en fait profiter les adhérents. Cette technologie, « qui permet d’anticiper les problèmes », relève Laurent Germain, est de plus en plus requise dans les appels d’offre.
Autant de projets qui alimentent la dynamique de CRRI 2000 observée depuis quelques temps, après plusieurs années plus délicates. Une dynamique symbolisée par les demandes d’adhésion. Trois nouvelles en 2019. Et d’autres sont en attente pour 2020. « Notre compétence, ce sont nos adhérents, conclut Laurent Germain avant de résumer une dernière fois le principe de CRRI 2000 : Nous sommes un assemblier. »
Sensibiliser les élus
CRRI 2000 va organiser un évènement au mois de juin. Un évènement où seront invités élus et nouveaux élus municipaux et communautaires. Les marchés publics ne sont pas les principaux projets portés par CRRI 2000, qui ne peut pas répondre aux marchés édités en lots séparés ; la structure viendrait en concurrence avec ses adhérents, en qualité d’entreprise générale. L’idée de cet évènement est plutôt de présenter CRRI 2000, mais aussi d’accompagner les élus dans la construction d’un chantier et d’un appel d’offre, « pour que les entreprises locales puissent avoir accès à ces marchés », relève Laurent Germain. « Il y a une méconnaissance, chez les élus, des codes des marchés publics. Vous avez un projet, consultez-nous, insiste Paul Mettey, avant d’interpeller : Par voie de conséquence, vous faites travailler les entreprises locales. »