L’entreprise Cristel a accueilli ce mercredi les députés européens Europe-Écologie Les Verts (EELV) Karima Delli et Yannick Jadot. L’occasion de présenter sa logique industrielle tournée vers le respect de l’environnement, l’exigence et la qualité du produit. Reportage.
Paul Dodane, co-président de la société Cristel, change le manche amovible d’une casserole qui trône dans le showroom de l’entreprise de Fesches-le-Chatel (Doubs). Il remplace un manche jaune par un manche vert. Sacré clin d’œil. Dans quelques minutes, l’équipe dirigeante de cette entreprise familiale doit accueillir les députés européens écologistes Yannick Jadot et Karima Delli. Ils sont en campagne dans le cadre des élections européennes et veulent distiller leur message autour du terroir.
Petite note d’humour ? Geste anodin ? Ou simple greenwashing ? Pour le coup de com’, on repassera. « Cela fait 25 ans que nous pratiquons la transition écologique, au fur et à mesure de nos moyens financiers », insiste Bernadette Dodane, la présidente. Le souci environnemental est inscrit dans l’ADN de la société. « C’est un engagement de longue date, embraie Emmanuel Brugger, le directeur général. Et nous le pratiquions bien avant que l’on en parle. » Le message : associer économie et écologie. « On ne crée par un produit pour créer un produit, mais pour répondre à un besoin », insiste Emmanuel Brugger.
Recyclage, récupération…
À l’heure des produits jetables, de l’obsolescence programmée, Cristel fait le pari de produits garantis à vie. Et invite même à redonner une seconde jeunesse aux articles usagés. « Jetterions-nous notre voiture si nos pneus étaient abimés, questionne Emmanuel Brugger. Évidemment, non. Alors pourquoi jeter nos poêles quand l’anti-adhérent n’est plus efficace ? » Grâce à l’activité de rechapage, les produits Cristel peuvent connaître une seconde jeunesse, en remplaçant les anti-adhérents. Le coût ? 30 % du prix d’achat.
L’ensemble de la logique industrielle est marqué par cet engagement associant qualité et durabilité. Et ce n’est pas qu’un discours : 78 % des déchets issus de l’activité sont recyclés ; 100 % de l’électricité utilisée est issue de sources renouvelables ; les eaux usées sont recyclées pour avoir une consommation réduite ; l’énergie calorifique des compresseurs est récupérée pour chauffer les ateliers ; un anti-adhérent sans PFOA a été développé ; et 100 % des documents imprimés le sont avec du papier certifié PEFC. « Un produit bien fait doit respecter l’environnement », résume Emmanuel Brugger. Et Cristel truste les labels et reconnaissances pour valoriser cet engagement. Car pour vendre ce type de produits au coût certain, il faut du temps pour convaincre. Il faut communiquer. « Avec notre taille, le problème est d’être connu du grand public », constate Damien Dodane, président de Cristel USA, filiale qui implante la marque outre-Atlantique.
Neuf pages de propositions
« Vous incarnez un nom, un territoire et un savoir-faire, apprécie Yannick Jadot. Pour nous, vous n’avez pas l’écologie d’un côté et l’économie de l’autre (il fait les gestes, NDLR). La question est de savoir comment on recrée de l’activité économique et des emplois de qualité sur l’ensemble de nos terroirs. » Le propos fait sens dans cette entreprise du pays de Montbéliard. Mais si l’équipe dirigeante adhère à ce discours, elle a aussi quelques messages à glisser aux élus-candidats. Et c’est à cette seule condition qu’elle accepte ce type de visite, souvent organisée en période électorale ! Yannick Jadot et Karima Delli sont repartis avec un dossier à étudier. Et neuf pages de propositions ! « Nous n’aimons pas faire des constats, sans faire de propositions, lance Emmanuel Brugger. Sinon, c’est stérile. »
Le directeur général attire par exemple l’attention sur le brevet européen. « Plus on simplifie la vie des entreprises sur le coût des brevets, plus elles pourront se développer », insiste-t-il. Paul Dodane interpelle quant à lui sur la TVA. Pourquoi ne crée-t-on pas une TVA réduite pour les produits vertueux, que ce soit sur l’origine, la qualité des produits de fabrication ou sur les méthodes de conception ? Pourquoi paie-t-on aussi une TVA à 20 % pour un produit restauré à la suite d’une opération de rechapage ? Autant de pistes pour faciliter l’activité et économique et protéger les entreprises françaises.
« Chez Cristel, à quelque niveau que ce soit, nous sommes responsables de la bonne marche de notre entreprise, nous sommes tous engagés dans “le politique” que nous pratiquons quotidiennement avec compétence, éthique et dans le respect civique le plus total », insiste et signe Bernadette Dodane. Ces valeurs sont érigées en étendard par Cristel, qui, tout en se développant, renforce toujours son empreinte dans le nord Franche-Comté. Dans son film institutionnel, les premières images évoquent Montbéliard et Belfort. Un autre clin d’œil. Au cœur de l’Aire urbaine, Cristel dépasse les logiques de cloché et illustre ce bassin de vie au destin industriel commun.