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À côté des turbines à gaz, l’autre plan social de General Electric

Un accord a été signé pour éviter la délocalisation d'heure de travail à General Electric à Belfort.
Bâtiment de General Electric, au coeur du Techn'Hom, à Belfort (©Le Trois – illustration).

À côté des 792 postes supprimés dans l’entité turbine à gaz de General Electric, 252 autres emplois sont supprimés dans des fonctions support par l’industriel américain, dont la majorité à Belfort. Le point sur deux plans sociaux, également annoncés après les élections européennes. 

À côté des 792 postes supprimés dans l’entité turbine à gaz de General Electric, 252 autres emplois sont supprimés dans des fonctions support par l’industriel américain, dont la majorité à Belfort. Le point sur deux plans sociaux, également annoncés après les élections européennes (MAJ le 4 septembre, à 16 h 21). 

Le 28 mai, General Electric annonçait un plan de restructuration d’envergure dans l’Hexagone. 1 044 emplois étaient supprimés. L’attention a été portée particulièrement sur le sort des 792 postes supprimés à GE EPF, l’entité turbine à gaz du géant américain. Là où un rapport de force s’est depuis installé entre les partenaires sociaux et la direction, avec comme arbitre, le gouvernement.

Mais GE EPF n’était pas la seule entité concernée par ce plan de restructuration. Alstom management SA (AMSA), une ancienne entité du Corporate Alstom cédée avec Alstom énergie, et GEII, étaient également touchés. Ce sont des sociétés de fonctions support, notamment de la comptabilité pour AMSA. Chez GEII, ce sont également des fonctions partagées (comptabilité, achat, juridique, ressources humaines), mais également la gestion d’impatriés et d’expatriés. 221 postes sont concernés par ces suppressions chez le premier nommé, dont 185 à Belfort. Et 31 postes sont concernés chez le second. Chez GEII, selon nos informations, les suppressions ne concernent pas la partie impatriés-expatriés, mais les fonctions partagées (près de 300 salariés sur les quelque 500 que compte GEII). Et dans les fonctions partagées, ce sont principalement des postes dans les services comptabilités, finances et achats qui sont concernés. En ne comptabilisant que les fonctions partagés de cette entité de GE, le plan social touche près de 10 % des salariés.

Des reclassements chez Steam

Dans ces deux entités, la problématique du conflit social ne se pose pas comme dans l’entité turbines à gaz. « Dans le plan social concernant AMSA, on n’est pas dans une réflexion industrielle comme on peut l’être dans les turbines à gaz », analyse un salarié, qui souhaite conserver l’anonymat, pour expliquer les deux tonalités données au conflit social. Rapidement, chez AMSA, un accord de méthode a donc été signé entre la direction et les partenaires sociaux. « Notre objectif est idéalement la sauvegarde des emplois, au pire que les salariés partent avec des conditions qui soient bonnes », confie Christophe-Clair Bernard, représentant syndical CFE-CGC(1). Chez GEII, la direction de l’industriel informe que la période de volontariat « a été modifiée pour répondre aux souhaits des élus de GEII ». Dans cette entité de General Electric, la procédure d’information-consultation devrait se terminer mi-septembre. Chez AMSA, on évoque fin octobre et mi-novembre, selon les sources.

Chez AMSA, des possibilités de reclassement sont envisagés. « Alstom Power Systems, au sein de la division Steam Power, a présenté à ses partenaires sociaux fin juillet un projet d’organisation qui devraient conduire à l’ouverture d’une trentaine de postes de comptables sur le site de Belfort », confirme la direction. Pour ceux qui ne resteront pas, l’objectif est « d’améliorer les conditions de départ », insiste le représentant syndical. On évoque des négociations sur les primes de départ, les déménagements. « Un effort tout particulier est fait sur les mesures d’accompagnement à la mobilité géographique, ce qui doit permettre à ces salariés qualifiés de retrouver un emploi dans leur domaine d’activité dans le nord Franche Comté ou ailleurs en France, mais également au sein des équipes GE à l’étranger », confirme une nouvelle fois un porte-parole de la direction. Chez les protagonistes du dossier, il n’y a pas trop d’inquiétude pour les jeunes comptables de Belfort. Ils sont qualifiés et ne sont pas cantonnés à l’industrie. Par contre, les salariés de Boulogne, au profil plus pointu et, pour une partie issue du rachat d’Alstom, les perspectives d’embauche sont plus délicates. Surtout s’ils ont plus de 50 ans. Ces populations sont dans « une terrible incertitude », alerte Christophe-Clair Bernard. Une incertitude liée au plan social, mais aussi à la réforme du chômage et à la réforme des retraites. Des négociations sont donc en cours pour améliorer les mesures d’accompagnement, par exemple les indemnités de licenciement (ICL). On évoque notamment un doublement de ces ICL, mais plafonnées à deux ans de salaire.

« Nous nous ne reconnaissons plus dans GE »

Même si l’annonce de ce plan social a surpris peu de monde, il semble acter la fin de la confiance. « General Electric est une bonne boîte, confirme Christophe-Clair Bernard. Mais nous ne la reconnaissons plus et nous nous ne reconnaissons plus en elle. » L’étude sur l’exposition aux risques psycho-sociaux, que Le Trois révélait au mois de mai, confirme ce type d’analyses. Les salariés sont fragilisés. Et le plan social renforce cette fragilité. Ce manque de reconnaissance est aussi souligné chez GEII. Selon nos informations, de nombreux salariés veulent partir, alors qu’ils ne sont pas forcément concernés.

Si des possibilités de reclassement sont envisagés, il n’est pas certain non plus que tous y adhèrent. Au motif, justement, de cette déception. « Ceux qui restent sont extrêmement sceptiques quant à la capacité de General Electric de tenir ses promesses et de permettre aux gens de travailler dans de bonnes conditions », relève Christophe-Clair Bernard. L’enjeu, pour les partenaires sociaux, est justement de garantir la qualité des conditions de travail de ceux qui restent. Les salariés sont en effet nombreux à craindre de travailler dans une société totalement désorganisée. Ils redoutent que le plan social ne vide, par exemple, totalement AMSA de sa substance. Le plan social prévoit en effet la suppression de 221 postes, soit près de 80 % des postes de l’entité… Chez AMSA comme chez GEII, les salariés sont nombreux à redouter la mise en place d’un nouveau plan social dans quelques mois. “Qui seront les suivants”, est une question qui revient régulièrement. La confiance a disparu.

(1) Le syndicat majoritaire, chez AMSA, est la CFDT. Nous avons tenté de les joindre à plusieurs reprises, sans succès. Il n’y a pas d’intersyndicale constituée.

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