L’aérodrome du pays de Montbéliard continue sa mue, afin de devenir une plateforme stratégique. Il se lance dans un nouveau projet : la construction d’un écosystème complet, avec production d’électricité avec des panneaux photovoltaïques et station de distribution d’hydrogène.
L’aérodrome du pays de Montbéliard continue sa mue, afin de devenir une plateforme stratégique. Il se lance dans un nouveau projet : la construction d’un écosystème complet, avec une production d’électricité à partir de panneaux photovoltaïques et station de distribution d’hydrogène.
Depuis quelques années, l’aérodrome du pays de Montbéliard affiche ses ambitions (lire notre article), en remettant aux normes ses équipements, en voulant valoriser ses réserves foncières et en encourageant une diversification de ses activités. La crise sanitaire a mis en lumière le rôle stratégique que peut tenir cette plateforme (lire notre article), particulièrement au printemps 2020 lorsqu’il a fallu assurer des évacuations sanitaires de patients gravement touchés par la covid-19.
Bientôt un tiers-lieu et un restaurant
Et si vous donniez des ailes à vos idées ? Le bâtiment principal va accueillir un tiers-lieu, avec accès Internet par fibre optique. Il y aura des salles de réunion, des espaces commun de travail, des bureaux, mais aussi l’aménagement de terrasses donnant sur la piste. Les pilotes en transit pourront s’y installer, mais aussi des personnes du territoire. À côté, un bar-restaurant va être construit, prolongé par une pergola avec vue sur la piste. L’espace ouvre sur un parc clos, devant le bâtiment de l’aérodrome. Ce vaste projet de restructuration avoisine les 400 000 euros. Il est attendu mi-2022.
En 2019, l’aérodrome a accueilli le départ de la coupe aéronautique Gordon-Bennett, soulignant déjà ses atouts. Depuis, de nombreux projets fourmillent : création d’un tiers-lieu, avec location de salles de réunion ; installation d’un restaurant (lire par ailleurs) ; décoration des bâtiments avec des fresques monumentales dont une à l’effigie de la figure locale, Étienne Oehmichen, le père de l’hélicoptère, qui a effectué son premier vol à quelques encablures de la tour de contrôle. En avril, cinq artistes ont participé à cette restauration des bâtiments (galerie photos ci-dessous).
Accueillir des start-ups
Comme souvent actuellement dans le nord Franche-Comté, le plus ambitieux des projets tourne autour de l’hydrogène. Le syndicat mixte de l’aérodrome du pays de Montbéliard, qui gère l’aérodrome, vient de publier un appel à manifestation d’intérêt, dans le but de réaliser une centrale photovoltaïque sur la plateforme. C’est la première pierre d’un projet qui vise « à construire un écosystème hydrogène vert, décarboné », explique Foudil Teguia, le directeur du syndicat. À ces panneaux sera donc associée une station expérimentale hydrogène. « [Cette station] pourrait d’ici quelques années alimenter les premiers prototypes de petits aéronefs utilisant cette énergie et, en parallèle, les premières flottes de voitures à hydrogènes dont se doteront probablement, dans un avenir proche, les administrations, entreprises et collectivités », observe le cahier des charges du projet.
L’aérodrome s’inscrit parfaitement dans la dynamique impulsée dans le nord Franche-Comté, qui construit un écosystème hydrogène, autour de la recherche, d’industriels et d’usages, soutenu par les collectivités locales (notre dossier complet). Hynamics, une filiale d’EDF, va par exemple construire prochainement une station à Danjoutin pour alimenter les bus hydrogène de la flotte Optymo.
Un atelier régional de maintenance mécanique
Un projet de construction d’un atelier de maintenance mécanique pour aéronef est lancé, pour poursuivre la diversification de l’aérodrome. 250 000 euros sont débloqués en 2021. Le projet devrait coûter au total 350 000 euros, avec la construction d’un nouvel hangar. Ce service doit « donner plus d’attractivité à notre aérodrome », estime Foudil Teguia. Il imagine même, au pays de l’automobile, créer des filières de formation de mécanique des aéronefs dans les lycées du secteur, en créant des passerelles avec l’aérodrome. De nombreuses associations régionales, et même suisses, ont manifesté leur intérêt si un tel équipement était créé. Le projet est inscrit au contrat métropolitain avec la région Bourgogne-Franche-Comté. Sa subvention déterminera la taille de l’atelier, qui pourrait aussi intéresser des professionnels de l’aéronautique.
Le nord Franche-Comté accueille notamment deux start-ups qui travaillent sur les développements de l’hydrogène dans l’aéronautique. Et l’aérodrome aimerait bien avancer rapidement sur cet écosystème pour accueillir ces deux entreprises. La première start-up est Symbiose et promotion d’une aviation durable (SPAD), portée par Fabrice Claudel, ancien pilote de ligne chez Air France. Selon l’agence économique du nord Franche-Comté (ADNFC), il veut « développer l’avion école de demain sur la base d’un motoplanneur propulsé par une pile à combustible hydrogène aéronautique dénommée PACHA ». La seconde entreprise est Avions Mauboussin, qui envisage un aéronef hydrogène dans le développement de ses avions révolutionnaires, qui décollent et atterrissent silencieusement, sans rejet de CO2 et sur une très courte distance (lire notre article).
Une station ouverte sur l’aérodrome et l’extérieur
Une partie des panneaux photovolotaïques, prévus sur une trentaine d’hectares, sera installée dans l’enceinte de l’aérodrome et une autre partie le long de la R.D. 472, qui mène de l’aérodrome à l’autoroute A36. Foudil Teguia imagine un projet similaire à celui d’Ungersheim (Haut-Rhin) où les panneaux photovoltaïques sont installés suffisamment haut, sur pilotis, que l’on peut construire en-dessous des bâtiments pour accueillir une zone d’activités, installée à trois minutes de l’autoroute. On pourrait y héberger les start-ups tournées vers les énergies renouvelables et celles justement orientées vers des petits avions à hydrogène estime Foudil Teguia ; ces terrains ont été mis à disposition par Pays de Montbéliard Agglomération pour un euro symbolique.
L’idée du directeur est d’installer la station hydrogène dans ce parc d’activités, avec une ouverture vers la plateforme aéroportuaire, pour alimenter les aéronefs, et une autre ouverture vers « la ville », pour alimenter les futures flottes de véhicules. Et il espère même être la première plateforme française, voire européenne, d’avitaillement hydrogène de petits aéronefs, projetant la concrétisation de ce projet dans 4 à 5 ans. « Un aérodrome n’est pas un outil hors sol, mais il participe à la dynamique du territoire », relève Christian Quenot, le président du syndicat mixte. « Nous voulons sortir des sentiers battus et saisir les opportunités qui se présentent », note pour sa part le directeur. Au-delà du développement, ils veulent déjà rendre l’équipement plus attractif et l’animer. Cet été, ils prévoient par exemple d’organiser des séances de cinéma en plein air avec notamment la diffusion de films autour de l’aviation.
Retrouver toute la longueur de la piste
D’importants travaux d’entretiens ont été engagés à l’aérodrome ces dernières années. Une importante opération d’élagage d’arbres a été menée du côté de Bart, pour fournir les trouées suffisantes au décollage et à l’atterrissage des avions. Ce sont 4 ha qui ont été ratiboisés. Beaucoup de retards avaient été accumulés depuis 2012. À cause de ces retards, on ne reconnaît aujourd’hui qu’une piste de 1 000 mètres à l’aérodrome, alors qu’elle mesure 1 700 mètres. L’aérodrome attend la levée d’une note d’avertissement sur la longueur de la piste, de la direction de la sécurité de l’aviation civile sur l’aérodrome, qui limite, de fait, la taille des avions qui peuvent atterrir. Foudil Teguai espère que l’on va reconnaître rapidement la longueur réelle de la piste, permettant ainsi d’accueillir des avions de 30 à 40 places, comme des Beechcraft ou des Saab. « Nous n’avons jamais été content de voir le FC Sochaux-Montbéliard prendre son envol depuis Colmar alors que l’agglomération, le Département et la Région continuent d’investir sur cette plateforme », ajoute notamment Christian Quenot. Des crédits d’entretien sont fléchés dorénavant tous les ans, pour accompagner la mise aux normes de la plateforme. Une station météorologique plus performante a aussi été installée début mars.