21 voitures trônent sur l’esplanade de l’hôtel Atria à Belfort, jeudi 9 février, floqués aux couleurs d’Amaelles, collectif d’aide et de soins à la personne à domicile. Des Citroën C3 neuves, qui n’ont qu’un but : motiver les embauches. Cela fait désormais quelques années que le recrutement de personnel de soin et de santé est très compliqué. Le collectif tourne en sous-régime en continu. Une dynamique qui est celle que rencontre l’ensemble du milieu soignant, mais qui est encore renforcée dans le milieu de l’aide à domicile par la flambée du carburant et la concurrence locale qui elle, possède des voitures pour son personnel.
« C’était nécessaire », explique Philippe Weber, directeur d’Amaelles. Mais cela n’était pas possible avant. Il rappelle qu’il y a huit ans, Amaelles (anciennement Domicile 90) était en redressement judiciaire. L’association a remonté la pente jusqu’à acheter des locaux au sein de l’hôtel Atria à Belfort il y a un an et demi. « Pour les voitures, il nous a fallu quelques années pour passer de l’intention au fait.» Des groupes de travail ont été pilotés par le personnel pour trouver la meilleure formule. Aujourd’hui, elles sont arrivées, pour un coût total de 450 000 euros. L’opération a été accompagnée par l’agence régionale de santé qui a octroyé une subvention de 64 000 euros. Malgré ce coup de pouce, l’achat de ses voitures n’est pas neutre financièrement. Il va coûter 80 000 euros en plus par an à l’association, relate Philippe Weber. Avant cela, les aides-soignantes et infirmières prenaient leur véhicule personnel et étaient remboursées à environ 30 centimes du kilomètre.
Les voitures seront réparties sur trois parkings, à Grandvillars, Valdoie et Belfort. « Avec les roulements, le nombre de voitures devrait suffire pour que chaque aide-soignante ou infirmière dispose d’un véhicule pour la journée. Ce sont des véhicules de service, et non de fonction. À la fin de la journée, elle redépose le véhicule sur le parking.» Un système d’auto-partage.
Éviter la fuite vers la Suisse
Aujourd’hui, « ça ne peut qu’attirer du personnel », espère la direction. Car la concurrence est rude, et notamment celle de la Suisse. Le métier est difficile et les salaires sont bas. Alors, la fuite vers la Suisse est fréquente. « En termes de rémunération, on est sur un rapport d’un à trois là-bas », explique Denis Piotte, président d’Amaëlles. « Nous ne pouvons pas suivre. Si nous voulons garder notre personnel, il faut qu’il puisse gagner en qualité de vie et en bien-être au travail. Et cela passe par des achats de véhicule par exemple, le fait que nos aides-soignantes ne travaillent pas la nuit, aussi », poursuit Philippe Weber.
Certains établissements, pour faire face à la concurrence suisse, versent des primes à leurs employés pour les faire rester. « Nous, nous n’en avons pas les moyens.» Philippe Weber explique que la Suisse reste le concurrent principal malgré ces primes, grâce notamment à des campagnes de recrutement en Suisse limitrophe. « Les confrères de Normandie avec qui nous avons discuté sont étonnés quand on leur parle de ça ! Ils n’ont pas ce problème, le personnel ne va pas aller travailler en Angleterre », glisse Denis Piotte, avec une note d’humour. Aujourd’hui, Amaëlles emploie 35 aides-soignantes. Pour tourner correctement, il faudrait trois équivalents temps-plein en plus, minimum. 21 véhicules ont été présentés ce jeudi, mais 4 de plus doivent encore arriver, en fonction des recrutements.