« La deuxième ligne de Smur sauve des vies. » Les syndicats CFDT, CGT, CNI et FO s’inquiètent, dans un communiqué de presse, de la disparition de la 2e ligne de Smur de l’hôpital Nord Franche-Comté, pendant quelques semaines. Une ligne de Smur, c’est une équipe composée d’un médecin, d’un infirmier et d’un ambulancier, avec un véhicule, capable d’intervenir 24 heures sur 24, sept jours sur sept. À l’hôpital Nord Franche-Comté, qui couvre un bassin de population de 350 000 habitants, deux équipes sont normalement mobilisables.
Des plannings prévisionnels ont bien été préparés pour les prochaines semaines, où cette suspension de la 2e ligne apparaît, du fait du manque de médecins. Un absentéisme lié à des arrêts maladie, des formations ou encore des congés… La décision sera prise au dernier moment, en fonction du recrutement de médecins intérimaires par exemple, prévient Pascal Mathis, directeur général de l’hôpital Nord Franche-Comté. Ce n’est pas la première fois que cette ligne est suspendue, prévient aussi le directeur. « Ce sont des mesures que nous prenons régulièrement dans notre gestion, en fonction des présences », ajoute-t-il. Ce problème semble toutefois plus marqué qu’avant. « On travaille à flux tendu », acquiesce Pascal Mathis.
« L’équipe médicale est en sous-effectif chronique, abonde le communiqué des syndicats. Ce n’est pas nouveau. » Ils dénoncent des départs non compensés et des difficultés de recrutement. Il regrette une situation qui empire. « Nos médecins urgentistes mettent tout en œuvre pour maintenir, au mieux et à bout de bras, cette ligne de Smur au prix de nombreuses heures supplémentaires », insistent les syndicats. Mais « il est clair qu’ils ne pourront pas compenser, à long terme, les manques sans moyens supplémentaires pérennes », alerte le communiqué de presse. Les syndicats font aussi écho, dans leur missive, au rapport ministériel de l’été 2022, sur les urgences et les soins non programmés, présentant une généralisation d’un fonctionnement « en mode dégradé ».
Projet d’équipages sans médecins
Lors de ses vœux, Pascal Mathis évoquait les difficultés de fonctionnement de l’hôpital (lire notre article). Indiquant que les situations de crise devenaient presque la normalité. Le service du Smur ne fait pas exception. Pascal Mathis se veut toutefois rassurant. L’organisation du Samu est régionale. On joue entre les territoires. On peut aussi s’appuyer sur les hélicoptères, notamment celui du centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon ou Dragon 25, l’hélicoptère de la sécurité civile. Et les urgences s’appuient aussi sur les pompiers. Les syndicats ne croient toutefois pas trop à cette force du maillage sanitaire alentour pour compenser, car il « est tout autant en difficulté ».
« Cela est préjudiciable à la prise en charge pré-hospitalière des situations d’urgences vitales », estime le communiqué des syndicats. « Comment est-il possible qu’ici, comme partout, en 2023, des lits, des blocs opératoires et des lignes de Smur ferment faute de soignants », questionne l’intersyndicale. Cette dernière interpelle alors l’agence régionale de santé : « Quel avenir pour la 2e ligne de Smur de l’hôpital Nord Franche-Comté. » Elle attend des engagements forts de l’ARS pour renforcer l’équipe de médecins urgentistes de l’hôpital Nord Franche-Comté et assurer le maintien de cette 2e ligne.
Pour pallier la pénurie de médecins du Smur, il est évoqué la création d’équipages paramédicaux d’urgence, comprenant un infirmier et un ambulancier. Solution « dont les entreprises privées de transport sanitaire sauront bien entendu tirer profit », redoute l’intersyndicale. Un infirmier « aussi expérimenté et qualifié soit-il, ne remplace pas un médecin, et vice versa », mettent en garde les syndicats.
Sollicitée, l’agence régionale de santé précise qu’elle “travaille en lien avec l’hôpital Nord-Franche-Comté et le Réseau des urgences de Bourgogne-Franche-Comté (RUBFC) pour trouver une solution permettant de maintenir la deuxième ligne SMUR”.