Les députés européens ont approuvé, ce mercredi 6 juillet, la proposition de la Commission européenne d’inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie verte.
Les députés européens ont approuvé, ce mercredi 6 juillet, la proposition de la Commission européenne d’inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie verte.
Les députés européens étaient appelés à se prononcer, ce mercredi 6 juin, sur une proposition rejetant l’inclusion des activités nucléaires et gazières à la liste des activités durables sur le plan environnemental. 278 députés ont voté en faveur de la résolution, 328 contre et 33 se sont abstenus. « Une majorité absolue de 353 voix était nécessaire pour rejeter la proposition de la Commission », rappelle le Parlement européen dans un communiqué.
Au mois de février, la Commission européenne avait finalement intégré le gaz et le nucléaire dans cette taxonomie, sous certaines conditions, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Les nouveaux projets de centrales nucléaires seront éligibles à ces financements verts la jusqu’en 2045 (date d’approbation du permis de construire), alors que les mises à niveau des installations nucléaires existantes pour proroger la durée de vie seront éligibles jusqu’en 2040. « Concernant le gaz, seront finançables les installations pour lesquelles les émissions du cycle de vie sont inférieures à 100 gCO2e/kWh, ou celles construites avant 2030 qui cumulent plusieurs critères : des émissions directes inférieures à 270gCO2e/kWh, si elles remplacent le charbon, et si elles s’engagent à passer aux gaz renouvelables ou bas carbone d’ici 2035 », rappelait actu-environnement.com en février. « La Commission estimant que les investissements privés dans les activités gazières et nucléaires ont un rôle à jouer dans la transition écologique », replace le Parlement européen.
« Défaite »
Le député européen Renew Christophe Grudler, rappelle de son côté que le nucléaire est une énergie « décarbonée », comme les énergies renouvelables. « L’inclusion du nucléaire dans la taxonomie permettra aux investissements privés de continuer à investir dans toutes les énergies de transition, y compris dans le nucléaire. Cette énergie est pleinement complémentaire des énergies renouvelables, qui sont intermittentes par nature. Par ailleurs le nucléaire est également très utile en Europe pour des États membres qui dépendent encore fortement du charbon, et qui souhaitent s’en débarrasser », souligne celui qui avait mis en place un inter-groupe autour du nucléaire, comptant 90 membres.
« Ce vote est une défaite majeure pour le Parlement européen, pour l’écologie et le climat. Nous nous faisons voler la transition énergétique par les lobbies industriels », dénonce le député européen Europe-Écologie les Verts Claude Gruffat. D’ajouter : « Avec ce vote, on ne se donne pas les moyens d’avancer rapidement vers la neutralité climatique de l’Europe malgré le temps qui nous est imparti. On ne se donne pas non plus les moyens de diminuer notre dépendance à l’égard des importations de combustibles fossiles malgré le contexte géopolitique actuel : pour rappel, en 130 jours de guerre entre la Russie et l’Ukraine nous avons acheté près de 17 milliards d’euros de gaz et de pétrole à M. Poutine ». « La taxonomie scélérate pro-gaz et pro-nucléaire concoctée par les lobbies du statu quo et la France a gagné. Aujourd’hui, l’Europe et la planète ont perdu un vote. C’est un jour sombre pour l’espérance européenne et la transition écologique », a complété David Cormand, également euro-député écologiste.
Si ni le Parlement ni le Conseil ne s’oppose à la proposition d’ici le 11 juillet 2022, l’acte délégué sur la taxonomie entrera en vigueur et s’appliquera à partir du 1er janvier 2023.