Marie-France Céfis, maire de Valdoie et conseillère départementale déléguée à l’action sociale territoriale, à l’enfance et à la famille et à la santé publique a poursuivi en justice Benjamin Basset, un ancien jeune du foyer de la Villa des sapins pour diffamation à la suite d’un post Facebook.
Marie-France Céfis, maire de Valdoie et conseillère départementale déléguée à l’action sociale territoriale, à l’enfance, à la famille et à la santé publique a déposé plainte contre Benjamin Basset, un ancien jeune de la Villa des sapins (maison d’éducation à caractère sociale) pour diffamation à la suite d’un post Facebook.
14h48. Mercredi après-midi, le procès de Benjamin Basset, ancien jeune de la maison d’éducation la Villa des sapins, démarre dans les pleurs et les cris du procès précédent. Marie-France Céfis n’est pas présente. Un avocat, maître Blanchetier, connu pour défendre les intérêts de Nicolas Sarkozy, la représente. Le jeune homme, lui, n’a pas d’avocat. Ses quatre amis se tiennent dans les bancs arrières pour le soutenir.
14h50. Le procès démarre. Le président, Jean-Philip Ghnassia énonce l’objet de la plainte. Le 28 août 2020, Benjamin Basset a publié un post Facebook où il partage un article de l’Est Républicain sur la fermeture de la Villa des Sapins. Dans ce post, il accuse Marie-France Céfis de négligence quant à cet établissement et sa gestion alors qu’elle se trouve être la personne déléguée au Département sur le dossier. Aucune insulte ou menace n’est proférée. Il est tout de même poursuivi par la justice pour diffamation par écrit ou moyen de communication à la suite de la plainte de Marie-France Céfis. Le jeune reconnaît être auteur de ce post.
Le président s’étonne et interroge l’avocat de la conseillère départementale. « Je ne comprends pas très bien pourquoi nous sommes saisis. Je suis un peu embêté. » Maitre Blanchetier explique : « Ce qui saisit la juridiction, c’est la plainte. Le caractère public des propos. »
« J’ai été naïf »
15h03. Benjamin Basset, 21 ans, alternant au Crédit Agricole de Vesoul, se lève pour s’expliquer. Il se tient bien droit, a préparé tout un discours pour sa défense. « Le foyer dont je parle dans mon post, j’y étais pendant huit ans. J’y ai vécu et j’y ai vu des choses. Qui sont intrinsèquement en moi, dans ma chaire. Ce sont des cicatrices », expose le jeune homme. « Marie-France Céfis est en charge de ce domaine au Département. Il me paraissait extrêmement frustrant de laisser passer sans expliquer ce qu’il se passait dans ce foyer. J’ai du mal à comprendre comment un média local a pu savoir ce que le Département ne savait pas. »
Il poursuit : « C’était un commentaire sous le coup de l’émotion. On le voit aux fautes d’orthographe. Car oui, je la tiens responsable de ne pas avoir alerté sur ce qui se passait. J’attendais des excuses, des explications. J’ai été naïf », narre-t-il, gagné par l’émotion. Il explique qu’à aucun moment, la conseillère départementale n’a cherché à le joindre pour supprimer le post. « Elle a employé des moyens pour se défendre qui dépassent mon imagination », explique Benjamin Basset. « Cela m’a coûté trois mois de dépression, des antidépresseurs, des anxiolytiques. Des mots qui me faisaient peur avant », confie le jeune homme.
Tir politique croisé
« Je suis plus ici car Michel Zumkeller a commenté ma publication qu’autre chose. Ici, c’est le procès de Michel Zumkeller contre Marie-France Céfis. Je suis au milieu d’un tir croisé. La preuve : elle n’est pas là aujourd’hui », analyse Benjamin Basset, membre de l’UDI (un parti auquel appartient Michel Zumkeller, et auquel appartenait Marie-France Céfis avant de s’en écarter).
Un fait que maître Blanchetier reprend pour la défense de Marie-France Céfis. Pour lui, Marie-France Céfis est devenue la bête noire de l’UDI en s’en éloignant. Ce post aurait donc été visé en ce sens. Pour décrédibiliser la candidate en campagne aux municipales. « Il y avait une volonté de nuire. Le commentaire n’est pas là pour éclairer la vérité, mais il est au service de Michel Zumkeller », argue maître Blanchetier. Il énonce la demande de Marie-France Céfis : 1 euro symbolique pour l’honneur ainsi que l’ordre de diffuser sur la page Facebook de Benjamin Basset le communiqué judiciaire lié à sa condamnation.
15h30. Le procureur expose son point de vue. « Avant, on s’exprimait au café, maintenant on a facebook. Le commentaire est acerbe. Mais est-ce pour autant diffamatoire ? Le débat politique n’a pas sa place dans le judiciaire. » Le président et les assesseurs partent délibérer. Benjamin Basset se retourne vers ses amis, il souffle. Il est seul. Marie-France Céfis n’est pas là et maitre Blanchetier vient de s’en aller prendre son train.
Il est 16h. L’heure du verdict. « Les propos ne sont pas diffamatoires et répondent au débat politique. Vous êtes relaxé. Tout s’arrête là. Tout simplement », conclut le président, Jean-Philip Ghnassia. C’est le soulagement du côté de Benjamin Basset qui remercie l’audience avant de repartir bras dessus, bras dessous, avec ses quatre camarades.