Le docteur Vincent Gendrin, infectiologue à l’hôpital Nord Franche-Comté alerte sur un nouveau frémissement épidémique. Ce début de 4ème vague se distingue des 3 autres vagues par trois facteurs : la tranche d’âge, le niveau de contagiosité, et le taux de personnes en réanimation. Explications.
Le docteur Vincent Gendrin, infectiologue à l’hôpital Nord Franche-Comté, alerte sur un nouveau frémissement épidémique. Avec un point d’inquiétude particulier pour les femmes enceintes et sur le nombre de personnes entrant en réanimation. Explications.
Jeudi 19 août, l’hôpital Nord Franche-Comté a renouvelé ses inquiétudes quant à un début de 4e vague. 21 patients le 9 août, 34 patients le 19 août en service covid-19. Parmi ces 34 patients, 9 sont en réanimation. « Notre hôpital est plein. Beaucoup de gens attendent leurs opérations et nous n’avons pas eu le temps de faire une pause que la 4e vague frémit déjà. Il s’est passé moins d’un mois entre le dernier patient covid en juillet et le rebond d’août », constate le docteur Vincent Gendrin, infectiologue à l’hôpital Nord Franche-Comté.
Sur 50 accouchements par semaine, 3 à 4 femmes ont le COVID
« C’est du jamais vu », explique le Dr Gendrin. « 6 à 8% des femmes qui viennent pour accoucher ont le covid. On n’avait jamais eu le phénomène pendant les autres vagues. On a eu très peur pour certaines : pour 2 patientes en particulier qui ont fini en réanimation après l’accouchement. On a aussi eu affaire à des hémorragies importantes inhabituelles sur des femmes ayant le covid durant l’accouchement », note l’infectiologue. L’hôpital Nord Franche-Comté assiste généralement 50 accouchements par semaine : « Sur 50 accouchements par semaine, 3 à 4 femmes sont positives à la covid-19 et ce sont des femmes non vaccinées », recense-t-il. Concrètement, cela atteste de la contagiosité du virus et « semble atteindre particulièrement les femmes enceintes, qui se retrouvent dans des postures très complexes pour accoucher ». Il ajoute : « J’incite vraiment les femmes enceintes à se faire vacciner, peu importe le trimestre de grossesse. Il en dépend de la sécurité de la mère et de l’enfant. »
Une vague plus jeune et avec un taux d’entrée en réanimation supérieur
Aujourd’hui, 80% des plus âgées sont vaccinés. « Cela explique que l’on ne retrouve presque plus personne de cette tranche-là », admet le docteur Vincent Gendrin. « Par contre, ce qui est plus étonnant, c’est l’âge et le profil de ceux qu’on retrouve hospitalisé. Aujourd’hui, les patients hospitalisés à l’hôpital Nord Franche-Comté vont de 22 ans à 84. La semaine dernière, une patiente de 27 ans a été placée en réanimation. Aucune comorbidité. On ne se l’explique pas. Actuellement, on a un trentenaire et deux quadragénaires en réanimation qui à part un discret surpoids pour l’un et de l’hypertension pour l’autre, n’ont aucune commodité ». Pour parler chiffre, 1/3 des patients hospitalisés finissent en réanimation à l’hôpital Nord Franche-Comté. 40% au niveau régional, selon l’infectiologue. « Lors de la première vague, on avait 52 patients en réanimations pour 250 hospitalisés, soit un cinquième. Aujourd’hui, on a l’impression que le virus delta, en plus d’être beaucoup plus contagieux et on le voit au nombre de femmes enceintes contaminées, est aussi vecteur de formes plus graves », explique-t-il.
80 % des patients hospitalisés ne sont pas vaccinés
Cela veut dire aussi que 20% des patients hospitalisés ont été vaccinés auparavant. « Les profils de personnes vaccinées en réanimations sont des personnes en chimiothérapie, ou avec des maladies du sang. ». Il continue : « Il y a bien eu un patient qui a eu besoin d’oxygène et qui était vacciné. Il était obèse, avait du diabète et de l’hypertension. Sans le vaccin, il était le patient type à risque que l’on pouvait garder à l’hôpital plusieurs semaines. Pour citer son cas, il était remis sur pied en 2 jours. On voit bien que pour les rares cas de contaminés avec le vaccin, les gens se remettent bien mieux et bien plus vite. »