Onze personnes ont décidé de créer Espert NFC, une association qui se veut être un espace de réflexion citoyen du nord Franche-Comté. La démarche se veut prospective et constructive, apolitique. Elles appellent à rejoindre leur mouvement pour accélerer la construction d’une unité territoriale.
Onze personnes ont décidé de créer Espert NFC, une association qui se veut être un espace de réflexion citoyen du nord Franche-Comté. La démarche se veut prospective et constructive, apolitique. Elles appellent à rejoindre leur mouvement pour accélerer la construction d’une unité territoriale.
Le nord Franche-Comté compte 302 905 habitants, population légale au 1er janvier 2021, avec plus de 200 communes. C’est plus que la métropole de Dijon, qui compte 253 638, répartis dans 23 communes, et que l’agglomération de Besançon qui compte, pour sa part, 194 382 habitants, résidant dans 68 communes. Selon l’Insee, le nord Franche-Comté concentre 16 % de l’emploi industriel de la Bourgogne-Franche-Comté, sur un territoire représentant 3 % de la surface régionale. Dans le nord Franche-Comté, près d’un emploi sur quatre est dans l’industrie (24 %), contre 17 % à l’échelle régionale (retrouvez ici la note de l’Insee sur le nord Franche-Comté).
Pour autant, aujourd’hui, ce territoire s’étale sur trois départements, avec deux agglomérations et trois communautés de communes. C’est un territoire fracturé administrativement. Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour que l’on accélère sur son organisation territoriale. C’est l’objectif d’Espert NFC, une association qui se veut être un espace de réflexion territoriale.
« Simplifier la vie »
« Aujourd’hui, un jeune qui veut passer le Bafa n’a pas le droit aux mêmes choses s’il vient de Belfort, Héricourt ou Montbéliard », cite comme exemple Caroline Debouvry, membre fondatrice, chef d’entreprise et présidente de la caisse d’allocations familiales (CAF) du Doubs. Elle pointe aussi les différences de règlement dans l’action sociale entre ces territoires. Ces anecdotes sont légion à l’écoute de ces personnes convaincues par le projet nord Franche-Comté. Et ils ne datent pas d’hier. « Les hommes ont changé, pas les mentalités », observe Caroline Debouvry. Claire Vapillon, investie dans l’univers culturel, regrette les problèmes de subvention pour les associations. Si une association a son siège dans le pays de Montbéliard mais qu’elle intervient dans le Territoire de Belfort, elle ne peut pas y avoir de subventions, car son siège est de l’autre côté de la « frontière ». « Tous les grands enjeux et le développement sont ralentis par cette organisation territoriale qui ne répond pas aux besoins du territoire », observe Maude Clavequin, cadre territoriale, ancienne candidate aux élections municipales à Belfort et qui termine un mandat de conseillère régionale. Les membres insistent sur la dimension « apolitique » de cette démarche, pour reprendre le terme de Frédéric Champon. « Je suis heureux de cette initiative collective qui permettra d’aller plus loin sur la structuration administrative », relève pour sa part Pierre Lamard, professeur d’université à l’UTBM, qui s’intéresse aux dynamiques territoriales et qui préside également le conseil de développement de Pays de Montbéliard Agglomération.
L’association a été lancée depuis l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), symbole de ce rapprochement, au cœur du territoire, mais aussi établissement qui souffre de politiques pas pensées à l’échelle métropolitaine ; c’est le cas des transports depuis Montbéliard vers l’UTBM par exemple, qui s’arrête à la JonXion. Louis Deroin, assureur à Valentigney est aussi président de la CPME 90, qu’il a étendu sur le pays de Montbéliard. Mais même dans les statuts de son organisation, il ne peut pas changer le nom car une antenne de ce syndicat doit forcément épouser les contours d’un département. « Les problèmes sont partout, relève-t-il. Il n’y a pas une pierre à jeter à quelqu’un. Mais on perd une énergie de malade. On pourrait simplifier la vie de tout le monde. » « On doit toujours faire un choix de territoire, alors que dans notre vie, on ne le fait pas », abonde Caroline Debouvry.
Trois priorités
Pas politique, cette association veut faire du lobbying pour accélérer la construction territoriale du nord Franche-Comté, la jugeant lente et aux prises de rivalités constantes entre les territoires. « Il faut arrêter cette guerre et cette compétition », juge François Jouffroy, directeur de la communication de l’UTBM.
Tous saluent les choses existantes, les équipements structurants comme la ligne TGV ou l’hôpital Nord-Franche-Comté. De précieux atouts. Mais ils veulent aller plus loin dans la construction territoriale. Tout du moins, ils veulent que les citoyens s’emparent de cette question, en organisant des conférences, des ateliers et en valorisant les initiatives à l’échelle du nord Franche-Comté pour faire prendre conscience de cette réalité. Ils veulent aller chercher des expertises et les porter au plus près des décideurs. Trois priorités ont été définies : « Le développement économique, les services administratifs de l’État et le dossier de l’eau et des déchets », liste Frédéric Champon.
Parmi les membres fondateurs, on compte aussi la présence de Jilali El Rhaz, directeur du conseil de développement de PMA, Christian Noacco, ancien directeur du site de General Electric à Belfort, Dominique Balduini, ancien industriel et président de la Vallée de l’Énergie, mais aussi Bernard Streit, fondateur de Delfingen, un équipementier automobile d’envergure internationale, à Anteuil. Des personnes d’horizon divers, animées par une idée : le nord Franche-Comté.