Denis Bretey, bénévole à l’Atelier des Môles, photographie tous les concerts depuis 35 ans. Son œil et ses images sont la mémoire vivante du temple montbéliardais du rock. Une exposition retrace cette histoire à l’occasion des 35 ans de la salle.
Plus de 5 000 concerts photographiés au compteur. Dont un millier rien que pour l’Atelier des Môles. « Sauf deux, car j’étais en croisière », sourit Denis Bretey. Depuis 35 ans, le quinquagénaire capte les souvenirs de cette salle singulière. De Calvin Russel à Opium du peuple, en passant par Les Wampas, ce sont des dizaines de milliers de musiciens qui sont passés dans l’axe de son objectif.
Denis Bretey est photographe professionnel. Photographe, il l’est devenu par hasard. Et a appris sur le tas. Il se destinait originellement au métier de soudeur. Il a même envisagé de mener cette activité sur une plateforme pétrolière. L’appel du large sûrement. Les rencontres en ont décidé autrement. Une expérience avortée à La Peug’ débouche sur un boulot dans un bar. Il se met à accompagner le groupe Série noire. Comme chauffeur. Comme photographe aussi, pour façonner les pochettes des vinyles. Il débute ainsi l’histoire de l’association pour la promotion de la culture rock dans le pays de Montbéliard (APCRPM). L’aventure de l’Atelier des Môles se lance dans la foulée. Et puis rencontre un journaliste du Pays fan de rock. Il devient ainsi correspondant du quotidien. Il couvre d’abord les concerts. Puis le théâtre et bien d’autres événements. Il suit les Eurockéennes ou encore le Printemps de Bourges. Il roule sa bosse et use ses déclencheurs puis devient photographe à la mairie de Montbéliard en 1991.
« Restituer le côté vivant »
En travaillant à l’hôtel de ville, il a remisé au placard ses santiags et son perfecto. Du moins le jour… Mais reste viscéralement attaché à la scène. « C’est vivant. Je ne suis pas portraitiste, j’aime quand ça bouge, insiste Denis Bretey. Quand t’es à 10 cm de The Stranglers, tu vis vraiment le concert. » On veut bien le croire ! « La photo, c’est essayé de restituer le côté vivant du concert avec un geste, une expression, poursuit-il. La corne des metalleux, par exemple (il fait le geste avec sa main, NDLR), ce n’est jamais la même. » Il apprécie le côté imprévisible, le show. Il cherche à saisir Adam Bomb lorsqu’il enflamme sa guitare ou Calvin Russel confortablement installé au fond d’un fauteuil, dissimulé sous son chapeau ! Il saisit une gueule. Une expression. Un mouvement. « Et quand tu redécouvres les photos… Parfois, elles vont toutes à la poubelle. Et parfois, c’est la bonne photo. Il y a un côté hasard. » Depuis 35 ans, il se régale à saisir cette scène rock du nord Franche-Comté.
La proximité des Môles
Une rasade de whisky, une clope entre les cordes, un metalleux qui balance ses cheveux dans tous les sens… Raconter toutes ces vies de la scène sont possible à l’Atelier des Môles par la proximité de la scène avec le public et le photographe. « Je suis à la même hauteur que l’artiste. Je peux l’avoir en entier. Quand un artiste se roule par terre, je le vois. Ce n’est pas comme dans un festival de plein air. » Une proximité qui se ressent dans les photos (voir galerie ci-dessous). Ça donne du pep’s. Et une identité.
Depuis 35 ans, Denis Bretey a suivi la révolution photographique. Il est passé au numérique tardivement. En 2006. Et il lui arrive régulièrement de doubler le travail sur certains concerts. Un coup à l’argentique. Un coup au numérique. Question de grains, mais pas que. « C’est une question de pérennité du document, confie-t-il également. Sur la diapositive, il n’y a pas de soucis. Par contre, je ne suis pas certain que le fichier numérique existe encore dans 30 ans. » On lui souhaite de vérifier cette théorie à l’Atelier des Môles à l’occasion des 65 ans de l’établissement.
35 ans des Môles en photos
Pour les 35 ans de l’Atelier des Môles, l’association installe l’exposition Rock’N Roll – Anni Môles. Chaque membre de l’association a listé les 35 groupes qui l’ont marqué. Ensuite, un classement a été fait avec les 35 groupes qui sortaient le plus souvent. On pourra ainsi découvrir la plus vieille photo des Wampas saisie aux Môles ou encore un cliché du concert d’Elmer food beat lorsqu’il a réalisé le record de fréquentation de l’Atelier des Môles. 35 photos seront présentées et réparties sur trois bâches. Une quatrième bâche fera une rétrospective des 4 éditions du festival Mon baby blues festival avec 24 clichés.
Vendredi 7 décembre, vernissage, dès 18 h, à l’Atelier des Môles. Visible jusqu’au mois de juin.
Les photos ci-dessous ont été réalisées par Denis Bretey lors de concerts à l’Atelier des Môles. Elles sont issues d’une compilation utilisée en mars 2018 à l’occasion d’une exposition à Valentigney, dont la thématique était La Musique en lumières. Denis Bretey a été plus loin en ne sélectionnant que des images du rock au féminin.