Cécile Amarger et Alice Guinard organisent samedi une collecte de protections hygiéniques pour lutter contre la précarité menstruelle. Les dépenses liées à ce besoin naturel peuvent représenter jusqu’à 5,5 % du budget restant des femmes les plus précaires. Une réalité dont vient de se saisir le Gouvernement.
Cécile Amarger et Alice Guinard organisent samedi une collecte de protections hygiéniques pour lutter contre la précarité menstruelle. Les dépenses liées à ce besoin naturel peuvent représenter jusqu’à 5,5 % du budget restant des femmes les plus précaires. Une réalité dont vient de se saisir, en partie, le Gouvernement.
En France, près de 2 millions de femmes souffrent de précarité menstruelle, selon l’association Règles élémentaires. Une donnée énorme au regard du nombre de femmes concernées. Dans une enquête publiée en 2019 (à retrouver en intégralité ici), Le Monde précisait que 15,5 millions de femmes avaient entre 13 et 51 ans en France ; l’âge médian d’apparition des premières règles est de 13,1 ans rappelle cette enquête et celui de la ménopause de 51 ans. Près d’une femme sur sept souffrirait donc de précarité menstruelle. La situation sanitaire actuelle et les difficultés économiques qui en résultent pour de nombreuses femmes accroissent cette précarité.
Mais qu’est-ce que la précarité menstruelle ? « C’est l’impossibilité d’accéder à des protections hygiéniques pour répondre à un besoin naturel », expose Cécile Amarger, qui organise avec Alice Guinard, ce samedi 27 février, une collecte de serviettes hygiéniques, tampons, cups et culottes menstruelles à Mocafé, en vieille ville de Belfort. Cette précarité touche des femmes dans des situations financières difficiles, des étudiantes, des détenues, des sans-abris. « Au-delà de l’aspect financier, la précarité menstruelle englobe aussi l’incapacité à avoir accès à une hygiène convenable lors de la survenue des règles, poursuit Cécile Amarger, également connue pour être l’une des deux blogueuses du blog À la Conquête de l’Est. Outre les risques pour leur santé, les répercussions sont davantage inquiétantes sur le plan psychologique et social. Un sentiment clair d’exclusion, de honte, de dévalorisation et de mésestime de soi qui peuvent mener jusqu’à la dépression. » Alice Guinard, torréfactrice gérante de l’épicerie fine Mocafé et du café-restaurant Moncafé, relève qu’il est important « de supprimer le tabou des règles ». « C’est hallucinant en 2021 », s’étonne-t-elle encore.
Une dépense moyenne de 3 800 euros dans sa vie
Dans son enquête, Le Monde avait calculé que “le montant des protections et antidouleur s’élève à 7,50 euros par cycle pour une femme ayant des règles d’une durée et d’un flux « moyens » – soit près de 3 800 euros pour une vie”. Et que ce calcul ne prend pas en compte les rendez-vous chez le gynécologue et les besoins supplémentaires en sous-vêtements et linges de lit.
“Cela a un coût, et pour certaines femmes, il impose de faire des choix, à choisir entre manger ou acheter des tampons”, interpelle Cécile Amarger. Justement, le quotidien du soir révélait dans son enquête que le coût des règles pouvait représenter jusqu’à 5,5 % du budget restant (après le paiement du loyer, des transports et de l’alimentation) des plus précaires contre 1,2 % pour les femmes ayant un budget median. “Les femmes ayant des pathologies utérines peuvent dépenser près de 20 euros par mois”, complète Cécile Amarger, alors que le “budget” moyen est estimé à 10 euros par période de règle. “Par mois, même un paquet premier prix à quelques euros obligera une femme a faire un choix. Et on sait tous maintenant que les compositions qui vont dans des serviettes ou tampons premiers prix sont vraiment dangereuses pour la santé, observe la jeune femme. S’ajoute à cela une exclusion sociale importante, grand nombre de collégiennes, lycéennes ou étudiantes ne peuvent se rendre en cours faute de protections, ce qui les retardent dans leurs cursus d’apprentissage.”
Les deux femmes veulent mettre sur la table un sujet de société peu connu. Et sont prêtes à sensibiliser à d’autres problématiques qui compliquent la vie des femmes, pointant du doigt notamment les personnes subissant des règles douloureuses, “qui empêche des femmes de vivre”, constate Alice Guinard. Et de conclure : “Il faudra en parler aussi”.
- Samedi 27 février, de 14 h à 17 h 30, chez Mocafé en vieille ville de Belfort, 1, rue de la Porte-de-France. Collecte de serviettes, tampons, cups et culottes menstruelles – Renseignements : Cécile Amarger : amargercecile@gmail.com
Les protections gratuites à l’université dès la rentrée
Ce mardi, Dominique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur a annoncé que les protections hygiéniques seront gratuites dès la rentrée 2021 pour toutes les étudiantes dans les résidences universitaires des Crous et les services de santé universitaires. 1500 distributeurs seront installés d’ici la rentrée en France, avec des protections « respectueuses de l’environnement », assure la ministre. Depuis novembre 2020, l’Écosse met à disposition des protections périodiques dans tous les bâtiments publics. Au mois de décembre, il avait été décidé par Olivier Véran, ministre de la Santé, et Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité des chances entre les femmes et les hommes, que le budget dédié à la lutte contre la précarité menstruelle passerait de 1 à 5 millions d’euros en 2021. « Il faut aussi en généraliser l’accès aux femmes précaires et aux SDF », suggère Alice Guinard. Message : c’est une première étape, mais il faut aller plus loin.