Le commissariat de police de Belfort fait l’objet d’une attention particulière. Un épisode de cas regroupés, dit cluster, a été identifié. Une vingtaine d’agents ont été concernés. Si on se veut très rassurant sur la continuité du service, ce phénomène pose des questions autour de l’adaptation du service à la crise sanitaire.
Le commissariat de police de Belfort fait l’objet d’une attention particulière. Un épisode de cas regroupés, dit “cluster”, a été identifié. Une vingtaine d’agents ont été concernés. Si on se veut très rassurant sur la continuité du service, ce phénomène pose des questions autour de l’adaptation du service à la crise sanitaire.
Jusqu’à 19 agents du commissariat de police, à Belfort, ont été positifs au virus SARS-CoV-2, responsable de la covid-19, ces derniers jours. Une situation qui a entraîné une mise en quarantaine des personnes concernées, plus quelques cas contacts. Une commission santé, sécurité et condition de travail (CSSCT) a été réunie ce jeudi matin en préfecture. Environ 160 personnes travaillent au commissariat de police.
Ce vendredi, l’épisode de contamination ne concerne plus que 12 cas, confirme la préfecture, qui se veut rassurante. Ces absences n’ont pas été constatées dans les mêmes services. Il y a eu une « mobilisation forte des effectifs », confirme le préfet du Territoire de Belfort, Jean-Marie Girier, pour faire face à cette situation et assurer les missions, alors que la police nationale est particulièrement sollicitée. Au commissariat, la direction communique peu, mais elle se veut rassurante également : le « service fonctionne normalement ». Dans plusieurs voix en interne, on sent toutefois que l’ambiance n’est pas sereine autour de ce sujet et que l’information a mal circulé.
La réunion de jeudi à la préfecture a permis « d’avoir un dialogue et d’accroître la vigilance de chacun », note Sébastien Garcia, délégué départemental du syndicat de police Alliance. Le syndicat confirme également « que tous les gestes barrières sont respectés » par les agents. Et le protocole est mis en place, confirme Sébastien Garcia. Il y a du gel et des masques, ce qui n’était pas le cas au début de la crise sanitaire: le syndicat était justement monté au créneau. Le représentant du personnel suggère d’organiser une campagne de tests au commissariat. « Nous sommes dans l’opérationnel. Nous nous devons d’être protégés pour être efficaces dans nos missions », poursuit-il.
Pas de télétravail
Si la crise est gérée et les protocoles respectés, cet épisode met en lumière un autre sujet : l’organisation du travail. Aujourd’hui, personne ne télétravaille au commissariat. « Des notes de service disent que c’est possible, remarque Sébastien Garcia, avant de relever : Des adaptations pourraient être faites, mais elles ne se font pas. »
« Dès lors que l’on peut télétravailler, on le doit », confirme le préfet, au sujet de cette adaptation des services publics. C’est ce que demandait une circulaire du Premier ministre aux ministres, en date du 1er septembre. « Le télétravail demeure une pratique qu’il convient de continuer à favoriser », peut-on y lire. Mais le préfet de remarquer que certains services publics – la gendarmerie, la police nationale, les pompiers – « sont difficilement télétravaillables ». Un policier de terrain ne peut pas travailler chez lui. C’est également délicat pour certains services, comme les renseignements territoriaux. Les logiciels utilisés ne peuvent pas être déplacés au domicile ; la remarque est la même concernant les documents sous scellés, qui ne peuvent pas être déplacés. Pour « auditionner », il faut aussi être au commissariat ajoute le préfet.
Déficit de moyens
La sécurité des informations et la difficulté d’installation sont posées comme des freins au déploiement du télétravail. Mais cette impossibilité actuelle de télétravailler « pose aussi la question des moyens et de l’évolution de la police », suggère Sébastien Garcia. « Si les policiers avaient un ordinateur portable sécurisé, ce serait possible », remarque-t-il. « Nous devons prendre le train en marche, invite-t-il. Il y a un déploiement de moyens qui est obligatoire. Il faut que nous soyons capables de travailler différemment de d’habitude pour assurer nos missions. »
Dans sa circulaire, le Premier ministre rappelle aussi que si le télétravail « n’est pas possible », il faut veiller à aménager « les conditions d’emplois ». Et de lister : la dotation de masque, la vigilance autour de l’hygiène des mains, mais également l’adaptation du poste de travail. Le document évoque l’installation d’écran de protection, la limitation du contact avec le public, la distanciation physique assurée ou encore un renouvellement de l’air adapté. Plusieurs voix dénoncent, à cette occasion, les locaux « exigus » et « vieux » du commissariat de Belfort. Encore une question de moyens.