Près d’un millier de personnes se sont rassemblées samedi dans le centre de Belfort pour réclamer une intervention de l’Etat face au projet de restructuration annoncé par General Electric, qui prévoit notamment la fin des activités liées à l’hydroélectrique dans la ville.
Avec l’AFP
Près d’un millier de personnes se sont rassemblées samedi dans le centre de Belfort pour réclamer une intervention de l’Etat face au projet de restructuration annoncé par General Electric, qui prévoit notamment la fin des activités liées à l’hydroélectrique dans la ville. – mis à jour le 24 octobre à 20h28
Sous une immense banderole appelant à préserver “l’indépendance énergétique” et la “souveraineté industrielle” de la France, Philippe Petitcolin, délégué syndical CFE-CGC, a interpellé le gouvernement et dénoncé la stratégie “inadmissible” du groupe, transformant Belfort en “ghetto économique”. “Aujourd’hui, GE veut fermer l’entité hydroélectrique de Belfort, l’énergie renouvelable par excellence, qui peut être stockée avec les barrages”, a-t-il déploré. “Mais Belfort, c’est aussi la capacité d’installer des centrales électriques de tout type, gaz, charbon, nucléaire, renouvelables. Si on continue comme ça, demain ce seront des Chinois, des Indiens, des Turcs, qui vont maintenir notre parc” de centrales électriques, a-t-il mis en garde.
Devant la Maison du peuple, les interventions des délégués syndicaux ont été applaudies par les nombreux élus présents, de toutes tendances, parmi lesquels le maire (LR) de la ville, Damien Meslot. “L’enjeu est national, il faut savoir si on veut une politique industrielle ou pas dans ce pays”, a estimé l’élu auprès de l’AFP. “Nous demandons qu’un consortium autour d’EDF rachète la partie énergie d’Alstom qui a été vendue à General Electric, parce qu’on voit bien que General Electric va tout démanteler”. “Il faut que l’Etat intervienne”, a-t-il insisté.
Une position partagée par Marie-Guite Dufay, présidente (PS) de la région Bourgogne-Franche-Comté. “Ma responsabilité, c’est de tout faire pour que cette compétence, ce savoir-faire industriel reste, et pas de négocier le mieux possible pour qu’il y ait le moins d’emplois qui disparaissent”, a-t-elle déclaré. “Il y a besoin que l’État sorte du bois et qu’il dise comment il voit l’avenir industriel à Belfort, avec ou sans General Electric”.
"Que l'État sorte du bois"
Le cortège s’est ensuite mis en mouvement en direction de la préfecture, au son d’une fanfare et derrière des banderoles “GE tue l’hydro”. Une autre adressait un “merci” ironique à Jérôme Pécresse, le directeur général de la branche énergie renouvelable du groupe et mari de Valérie Pécresse, présidente (Libres !) de la région Ile-de-France.
Dans la foule, les salariés d’autres entreprises et de nombreux habitants ont apporté leur soutien aux employés de General Electric. “C’est important pour le bassin d’emploi que tous les salariés soient présents”, a jugé Laurent Oechsel, délégué syndical central CFE-CGC pour le groupe PSA, venu de Sochaux, à une vingtaine de kilomètres. “Si General Electric s’en va, ça fait un gros déséquilibre dans la région, notamment pour les fournisseurs et les sous-traitants”.
Laura Jumenez, elle, est venue avec son compagnon, et son fils de 2 dans la poussette. “C’est un enjeu qui concerne toute la ville”, assure la trentenaire, qui travaille à la Sécurité sociale. “Les difficultés des entreprises, ça impacte aussi tout le système de solidarité derrière, ce n’est pas un problème isolé”.
En juin 2019, au coeur du conflit de l’entité turbines à gaz, entre 5000 et 8000 personnes avaient manifesté à Belfort pour soutenir le salariés, dont des personnalités politiques comme Jean-Luc Mélenchon.
Hydrogène
“Nous sommes des architectes industriels”, insiste Philippe Petitcolin, de la CFE-CGC. Il rappelle que Belfort est « le seul site au monde qui adresse tous les marchés de l’énergie ». Qu’il soit nucléaire, gaz, hydroélectrique, éolien… La capacité de Belfort est de faire des centrales électriques. “Nous sommes la seule ville au monde où nous sommes capable d’installer,de vendre et de concevoir une centrale électrique”, appuie-t-il. Il ne faut pas perdre ces compétences d’intégration, à l’heure de la transition énergétique, qui ne passera que par un mix énergétique, dont la sauvegarde des compétences hydro. “General Electric veut partir, l’État veut relocaliser. Mais avant de relocaliser, arrêtons de délocaliser”, interpelle Philippe Petitcolin. Il glisse au passage que les compétences d’intégrateurs peuvent être transférables facilement dans la technologie hydrogène. Pour peu qu’un industriel s’adosse ces compétences. Des salariés de General Electric lancent justement dans quelques semaines l’association de préfiguration de sociétés d’intégration et d’ingénierie système. Un projet qui veut justement étudier les possibilités de développer des compétences d’intégrateurs dans le déploiement de l’hydrogène.