La problématique de l’eau embrasse plusieurs sujets agricoles. On la retrouve dans les cultures, avec le phénomène de sécheresse. On la retrouve aussi dans l’accès à une eau de qualité et peu onéreuse. Enfin, on l’a dans les dynamiques environnementales, que ce soit dans la cartographie des cours d’eau ou dans la plantation de surfaces d’intérêt écologique. Le point.
La problématique de l’eau embrasse plusieurs sujets agricoles. On la retrouve dans les cultures, avec le phénomène de sécheresse. On la retrouve aussi dans l’accès à une eau de qualité et peu onéreuse. Enfin, on l’a dans les dynamiques environnementales, que ce soit dans la cartographie des cours d’eau ou dans la plantation de surfaces d’intérêt écologique. Le point.
L’été a été chaud. Une nouvelle fois. L’épisode de sécheresse, encore présent. Chaque été, ce refrain reprend. « Par rapport au niveau national, nous sommes un département moins touché, relativise Gilles Schellenberger, directeur adjoint de la chambre interdépartementale d’agriculture du Doubs et du Territoire de Belfort, à l’occasion d’une rencontre du préfet du Territoire de Belfort, dans une exploitation de Charmois. Mais nous sommes touchés. » Les températures ont été fortes, particulièrement fin juillet, et on enregistre moins de précipitation. « Ce n’est pas aussi catastrophique qu’en 2018, mais c’est la 3e année sèche de suite », poursuit-il. Ça pèse. Forcément.
« Il y a de la quantité, mais pas de qualité »
Si la nature des sols du Territoire de Belfort peut préserver, dans une certaine mesure, les cultures des épisodes de sécheresse, les pâtures sont de véritables « paillassons », glisse Georges Flotat, agriculteur à Froidefontaine et 1er vice-président de la chambre interdépartementale d’agriculture. Ce qui est problématique pour ceux qui sont en « système herbager », glisse-t-il. Du côté de la production céréalière, « c’est correct », assure Georges Flotat, « en qualité et en quantité ». Par contre, l’inquiétude est forte pour le maïs. « Il sèche sur pied », observe l’élu. « Il y a de la quantité, mais pas de qualité, analyse-t-il. La plante n’est plus alimentée. »
Cette sécheresse pose d’autres problèmes, réglementaires, cette fois-ci. Les agriculteurs doivent répondre à des obligations de verdissement. Ils doivent par exemple mettre en place des surfaces d’intérêt écologique (SIE), sur l’équivalent de 5 % de leurs terres arables. Et il y a un calendrier à respecter pour semer. Problème : par endroits, les plants n’ont « pas levé », déplore Georges Flotat. À cause du manque d’eau. Conformément à la réglementation, « on ne peut pas y toucher avant 8 semaines », poursuit-il, empêchant de semer une céréale d’automne. Une réglementation qui entraîne une situation « ubuesque », regrette-t-il, alors qu’on laisse les terres se “salir”. « Vis-à-vis du changement climatique, la réglementation n’est pas adaptée », glisse le vice-président, après avoir listé les grands dossiers de la profession agricole au nouveau préfet, Jean-Marie Girier.
Le coût de l’eau
Ces problématiques liées à l’eau, Julien Plumeleur, qui mène l’EARL des Prés Roy à Charmois, avec sa mère Agnès, les intègre au quotidien. Depuis plusieurs années, il plante du soja (15 hectares) pour pallier le dérèglement climatique. La céréale réclame moins d’eau que d’autres et est une « bonne tête de rotation », estime l’agriculteur de 28 ans, qui vient d’être élu maire de ce village de 340 habitants. Hasard, les problématiques liée à l’eau se sont justement « accentuées » au moment où il testait cette céréale.
L’exploitation, qu’ils ont repris en 2014, assure la production de 300 000 litres de lait par an, livrés à la coopérative l’Ermitage, à Clerval, dans le Doubs. Et elle dispose de 135 ha de surface en herbes et en cultures, autoconsommées ou vendues. L’alimentation du bétail est produite « à 90 % sur l’exploitation », assure Julien Plumeleur. Cette physionomie implique un accès à de l’eau de qualité et en quantité. Pour abreuver le bétail, ce qui a une conséquence sur la qualité du lait, mais aussi pour nettoyer la salle de traite. Chaque année, l’exploitation paie une facture d’eau d’environ 5 000 euros au Grand Belfort. L’exploitation vient d’opérer un forage de 80 mètres, à proximité de ses bâtiments agricoles, pour disposer d’un puits. Ils sont descendus aussi profondément pour avoir « plus de débit », explique Julien Plumeleur. Coût de l’investissement : 25 000 euros. Qui sera donc amorti sur cinq ans.
Avec cet investissement, le jeune agriculteur cherche surtout « à être autonome ». Une dynamique impulsée alors que l’on peut s’interroger sur l’évolution du prix de l’eau à long terme, si son accès est plus difficile. Et qui illustre les enjeux autour de l’eau pour les agriculteurs.
Les agriculteurs vigilants sur la cartographe des cours d’eau
Parmi les nombreux dossiers abordés avec le nouveau préfet – aides à l’installation, réglementations, entretien des haies, problèmes fonciers, projet alimentaire territorial… – les représentants agricoles se sont arrêtés sur les problématiques de la cartographie des cours d’eau. Une demande faite par la profession agricole au niveau national et conduite par les services de l’État, localement. « Sur le terrain, remarque la chambre d’agriculture, le classement en cours d’eau de certains écoulements suscite des incompréhensions et traduit une lecture maximaliste des critères cumulatifs : réseaux de drainage assimilés à des sources, hypothétique lit naturel à l’origine, abstraction complète de la notion de débit suffisant… » La chambre d’agriculture craint les implications réglementaires de cette cartographie, « encore floues ». Quelles contraintes cela va-t-il impliquer ? « La tentation de promouvoir une approche visant à ce que tout écoulement qu’elle qu’en soit la nature soit protégé ne peut que conduire à des situations de blocage, avertit la chambre interdépartementale d’agriculture. Ces situations handicapent les objectifs d’informations et de pédagogie en direction des agriculteurs et des riverains et donnent une image purement répressive de la cartographie des cours d’eau. »