Le Kaymak Market est l’endroit où les habitants des Résidences peuvent remplir leur frigo. C’est aussi l’un des endroits où le quartier se retrouve, un lieu de convivialité.
- Le groupe : ce reportage a été réalisé par Jasmine AISSAOUI, Lisa BELKHIR, Ivana LENORMAND, Laura PIERRE et Samantha PESEUX.
« Aimeriez-vous ou vous installeriez-vous ailleurs ? » – « Non », répond immédiatement Selim Yilgin. Depuis 2013, le jeune homme tient le Kaymak Market, supermarché de proximité du quartier des Résidences. « J’ai repris le local au Résidences surtout pour aider les mamans et leurs enfants. Je trouve qu’il y avait un manque au quartier », affirme Selim Yilgin.
Est-il originaire des Résidences ? « Non, je viens de Montbéliard, je suis arrivé aux Résidences en 1998 et j’ai ouvert mon commerce en 2013 », répond Selim Yilgin. Définir le quartier ? « Ça dépend du contexte. C’est surtout un endroit qui déborde de vie », complète le commerçant.
Au début pourtant, il a eu du mal à s’adapter. « Par rapport aux vols surtout, pas par les grands, par des gamins de 8 à 14 ans. Ce qui m’a frappé, c’est qu’ils n’avaient pas peur quand je leur disais que j’allais appeler la police. Par contre, si j’allais en parler à leurs parents, ils étaient terrifiés. » Le jeune homme a préféré une autre méthode pour tranquilliser son commerce. « Au début, je faisais des jeux. Je posais des questions aux enfants du quartier et ils gagnaient un Capri Sun ou des bonbons quand ils avaient la bonne réponse. Je donnais beaucoup de conseils aussi, comme un grand frère. »
C’est ainsi que Kaymak Market est devenu plus qu’un supermarché. Au même titre que le Kennedy, bureau de tabac voisin, c’est un lieu de rendez-vous dans le quartier. Un espace de vie. « Presque de trop », sourit Selim Yilgin. « Pendant le ramadan il m’est arrivé d’ouvrir la nuit jusque vers 1h du matin mais derrière ça il y a eu beaucoup de plaintes à cause du bruit. »
"Du 5 au 15 du mois"
En sept ans d’existence, les affaires ont plutôt prospéré. Le Kaymak s’est récemment agrandi dans le local laissé vacant par les ambulances Ehret. Le commerçant apprécie que pendant l’été, il y ait beaucoup de clientèle « car il y a la piscine à côté. J’ai une machine de glace à l’italienne ». sourit Selim Yilgin. Le commerçant est toutefois conscient des difficultés économiques de sa clientèle : « Du 5 au 15 du mois, ça cartonne. Après, c’est plus difficile. Et je vois que d’année en année ça se dégrade. »
Une frontière
« Il y a une frontière entre la ville et le quartier », remarque le commerçant, qui a joué la carte de la proximité. « Dans ce magasin, nous pouvons faire des petites courses, pas comme un supermarché. Le Kaymak Market est plus pratique pour les mamans sans permis, les personnes âgées. Les mamans envoient leurs enfants chercher le pain. » souligne Selim Yilgin, visiblement heureux d’avoir fait de son commerce une sorte de place du village.
Chloé et Youness : «Les employés sont attachants »
Chloé, 18 ans, habite aux Résidences depuis sa naissance. Étudiante en psychologie à Besançon, elle fait ses courses occasionnellement au Kaymak, lorsqu’elle se rend dans sa ville d’origine : Belfort. C’est une grande épicerie. Elle y croise souvent des connaissances d’ailleurs, qui semblent être venus pour cela. « Les employés sont gentils. » La jeune fille ne se rend pas là-bas spécialement pour acheter quelque chose, elle peut s’y rendre pour passer le temps. Son ami Youness, 18 ans, habite également aux Résidences depuis son plus jeune âge. Étudiant en BTS Audiovisuel à Paris, l’étudiant vient à Belfort pour passer ses vacances en famille et entre amis. Pour lui, le Kaymak Market est une très grande épicerie, se rapprochant d’un supermarché. Les affaires de l’entreprise semblent bien fonctionner. C’est là où le plus de personnes se rejoignent. Il y a une forme de fidélisation, les gérants sont aimables et à l’écoute. Les produits variés et originaux sont au menu, que l’on ne trouve pas spécialement dans d’autres magasins. Ils se démarquent par ses produits essentiellement d’origine turque. Certains produits sont plus trouvables chez Kaymak Market que dans d’autres magasins. A l’origine, les locaux étaient plus petits et le nombre de salariés n’était pas élevé contrairement à l’heure où j’écris cet article. L’endroit est plus simple d’accès car c’est la plus grande épicerie du coin, et la plus remarquable par les employés attachants que par les produits orientaux qu’ils vendent. Le Kaymak est un lieu fréquenté essentiellement par les personnes habitant aux alentours : rares sont les personnes habitant en ville qui se rendent en ce lieu. Les clients sont autant des enfants, des adultes ou des personnes âgées : tout le monde y trouve son bonheur. Pour le jeune homme, l’évolution est impactante sur l’avenir : l’épicerie s’agrandit à vue d’œil au fil du temps : aujourd’hui, ils possèdent même une partie boucherie, ce qui n’était pas le cas il y a des années de cela. Le Kaymak ne peut donc qu’évoluer.
J.A.