« L’extension de la base aérienne 116, une opportunité pour la Haute-Saône » : tel est le titre qu’a donné l’Insee à l’étude qui vient d’être publiée sur la base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur. Une formulation pleine d’espoir, mais en se plaçant sur le long terme.
Des effectifs en baisse, puis en très forte hausse
Aujourd’hui, la base aérienne de Luxeuil est le troisième employeur de Haute-Saône, derrière Stellantis et le centre hospitalier de Vesoul : près de 1021 personnes travaillent sur le site, selon l’étude de l’Insee publiée ce mardi 30 septembre : 910 militaires et 111 civils qui forment son effectif permanent. A cela s’ajoutent 159 réservistes présents ponctuellement (ils représentent en fait 19 équivalents temps plein).
En passant d’un escadron de Mirages monoplaces (situation actuelle) à deux escadrons de Rafales biplaces (lire notre article ici), et en passant à une base à vocation nucléaire, les effectifs devraient dépasser les 2000 personnes en 2036. Parallèlement, la moyenne d’âge devrait baisser de 35 ans aujourd’hui à 31 ans en 2036.
Cependant, d’ici à 2030, l’effectif va baisser progressivement pour atteindre un minimum à 590 employés en 2030. « Cette diminution aura des conséquences pour l’économie locale, en raison du départ de certaines familles », écrit l’Insee : consommation dans les commerces, baisse de la demande de logements, et baisse des effectifs scolaires.
L’effectif historique maximal de la base est de 2500 militaires : cela remonte à la création de l’Otan, alors que la base aérienne de Luxeuil est l’une des plus anciennes de France, créée lors de la Première Guerre mondiale.
Des répercussions sur la consommation et l’emploi
Les salariés de la base aérienne et leurs familles consomment dans les commerces et services situés à proximité. L’Insee estime que leurs dépenses génèrent près de 330 emplois actuellement : la plus grande partie (44%) relève de l’administration et de la santé, puis vient le commerce (16%) et la construction (10%).
Après le trou d’air annoncé en 2030, ces besoins vont repartir à la hausse : « Les commandes passées par la base vont progresser, ce qui pourrait bénéficier aux entreprises locales et stimuler leurs propres besoins de main d’œuvre, écrit l’Insee. L’arrivée de nouvelles familles entrainera également une hausse de la demande de logements. Elle dynamisera également la consommation dans les commerces de proximité tout en augmentant les besoins en services publics (scolarité, santé, loisirs, etc. ) ». Ainsi, l’Insee estime que « les besoins en emplois et en logements pour les conjoints augmenterait de plus de 80%. La restructuration de la base constituerait ainsi une opportunité. » À ce jour, les employés de la base occupent 700 logements aux alentours de la base ; l’Insee évalue les nouveaux besoins entre 500 et 620 logements supplémentaires.
Des faiblesses à surmonter avant la redynamisation
Si les perspectives à dix ans sont très positives, il faudra passer le trou d’air de 2030, où les effectifs vont atteindre leur minima. Pour cela, l’Insee espère que « les travaux engagés sur la base pourraient (…) représenter une opportunité économique pour les entreprises locales, notamment celles du bâtiment, de l’ingénierie et de la logistique, même si elles seront en concurrence avec des entreprises plus éloignées ».
L’Insee pointe par ailleurs, dans le territoire concerné, « des fragilités notamment en matière d’équipements pour la jeunesse, parfois relativement limités ou éloignés. L’accueil des nouveaux arrivants, le redimensionnement de l’offre de services à la population et l’adaptation des équipements seront des enjeux majeurs. »
L’Insee pointe également la faible qualité de l’offre immobilière. Si 5800 logements sont actuellement inoccupés (soit 11% du parc) dans le secteur où résident traditionnellement les salariés de la BA 116, « une forte proportion d’appartements » se distingue par « une grande ancienneté ou encore des performances énergétiques insuffisantes et un mode de chauffage obsolète (fioul). Leur réutilisation en l’état pourrait être freinée par ces caractéristiques peu adaptées aux modes de vie actuels et aux attentes des familles. » La réhabilitation du parc immobilier est donc un enjeu majeur.
Malgré ces points de vigilance, l’extension de la BA 116 va inverser la dynamique négative actuelle de la Haute-Saône : la population diminue depuis 2013. Si la tendance devait se poursuivre, elle atteindrait environ 214 000 habitants en 2036 (+68% par rapport à 2025). « L’arrivée de nouvelles familles contribuerait à soutenir, voire rehausser ces perspectives », espère l’Insee.