L’innovation, c’est son dada. Pour autant, le jeu inventé par Laurent Cachalou n’a rien à voir avec un jeu de petits chevaux. Il s’agit d’un jeu pédagogique de cinquante cartes qui permet d’animer un atelier ludique sur le thème de l’innovation, afin de mieux appréhender ce que recouvre ce terme et les implications qu’il peut avoir en entreprise. « En entreprise, tout le monde a sa définition de l’innovation », constate Laurent Cachalou. Le jeu va favoriser les échanges pour harmoniser ces définitions et parvenir à une définition partagée. Il va aussi permettre de réfléchir à un process d’innovation, à comprendre que l’innovation ne porte pas que sur les technologies, mais aussi sur le management, l’organisation des entreprises, la RSE (responsabilité sociale et environnementale des entreprises), et bien d’autres sujets encore.
Ainsi, cinq grands thèmes sont abordés au cours de l’atelier, qui dure trois heures : Pourquoi innover ? Sur quoi innover ? Comment innover ? Comment valider l’innovation ? Comment favoriser une culture de l’innovation ? La démarche, selon Laurent Cachalou, permet d’acculturer des équipes à l’innovation, de favoriser une dynamique d’innovation, de mettre en place une culture de l’innovation et des process. Et ceci quelle que soit le niveau hiérarchique des participants ou leur expérience antérieure dans l’innovation : le jeu permet de dépasser les enjeux des egos.
500 personnes déjà formées
Le jeu a été créé en 2022, testé en 2023 et a commencé à être déployé en 2024. « Le terreau qui a favorisé la création de la Fresque de l’innovation, c’est l’UTBM, insiste Laurent Cachalou. Je l’ai testé auprès de collègues, il a été présenté devant des entreprises au Crunch Time ». En effet, il est enseignant chercheur en conception innovante à l’Université de Technologie de Belfort Montbéliard (UTBM) et en charge des partenariats entre le Crunch Lab et les partenaires industriels de l’UTBM.
Après ses études à l’ENI Belfort (école nationale d’ingénieurs, qui a fusionné avec l’UTBM), il a travaillé quinze ans chez Décathlon, comme développeur produits, puis chez Somfy (équipements domotiques pour la maison). Il a également créé une structure de conseil en innovation, à travers laquelle il diffuse sa Fresque de l’innovation. Il est également animateur de la Fresque du climat (démarche qui lui a donné l’idée de créer la Fresque de l’innovation).
Les premiers à avoir bénéficié de cet outil pédagogique sont les étudiants de l’UTBM auprès de qui il intervient. Il a également animé des ateliers de Fresque de l’innovation chez GE, Décathlon, Eiffage, la Macif, Parco (start up belfortaine), la Vallée de l’Energie (cluster de l’énergie). Il a ainsi animé une soixantaine de Fresques de l’innovation, auprès de 80 organisations, soit environ 500 personnes. Il a aussi formé 26 personnes à l’animation de cet atelier-jeu.
Avoir des histoires d’innovation à raconter
Pour devenir animateur de la Fresque de l’innovation, il est préférable d’avoir déjà une expérience dans l’innovation ou une bonne culture de l’innovation, pour appuyer l’animation de l’atelier sur des histoires d’innovations. Par exemple, Laurent Cachalou évoque la création de la tente Décathlon (il était chef de projet lors de sa création), ou la création des capsules Nespresso, du post-il, de la lampe électrique : « Cela permet une mise en relief des postures d’innovateurs et de faire entrer la fresque dans le réel », explique-t-il.
Si la marque « Fresque de l’innovation » a été déposée par Laurent Cachalou (en français et en anglais), des variantes ont été créées par d’autres (que l’on peut retrouver sur le site Freskr, annuaire en ligne des fresques et ateliers). Son ambition est de poursuivre la diffusion de sa fresque : « en mode open source » pour le milieu académique, avec l’espoir de diffuser une culture de l’innovation, et en version payante pour les entreprises (le coût d’un atelier de trois heures est de 1000 € HT).
Il aimerait aussi former de « super animateurs », dont la vocation serait de former à leur tour des animateurs. Et puis, « peut-être que ma fresque sera dépassée dans cinq ans », envisage Laurent Cachalou. Alors pourquoi pas imaginer une version numérique, des ateliers à distance. Bref, pourquoi ne pas… innover pédagogiquement autour de l’idée première ?

