Depuis le 1er janvier, l’université de Franche-Comté est devenue l’université Marie et Louis Pasteur, sous la forme d’un établissement public expérimental (EPE). Derrière ce changement de forme, il faut d’abord retracer l’histoire. Depuis 2015, l’université de Franche-Comté faisait partie – et était l’un des membres fondateurs – de la Comue BFC, dont le siège est à Besançon. Cette communauté d’universités et établissements Université Bourgogne – Franche-Comté, regroupait aussi l’université de Bourgogne.
Ce regroupement des deux université a eu du mal à coexister. Depuis leur rapprochement en 2015, plusieurs différends se sont enchaînés : de nature administratifs, avec un siège unique à Besançon, par exemple, qui créait de la tension avec l’université de Bourgogne. Ou encore sur des aspects financiers. En 2021 : le label Isite n’a pas été renouvelé. Il a fait perdre plusieurs millions à l’université Bourgogne-Franche-Comté. La raison de la perte du label ? « C’est le manque de coopération et de structuration des deux universités qui n’a pas convaincu le jury Isite », lit-on dans une enquête de France 3 (lire ici). En 2022, l’université de Bourgogne, qui souhaitait un deuxième siège social à Dijon (celui-ci lui a été refusé par le ministère) a annoncé vouloir s’émanciper de l’université de Franche-Comté (lire ici).
Les universités de Franche-Comté et de Bourgogne se sont séparés. Ainsi, au 1er janvier 2025, se créent deux entités distinctes, faisant disparaître la Comue au profit de deux nouvelles structures : des établissements publics expérimentaux (EPE). Le but de ces structures est de faciliter les groupements entre établissements, renforcer l’attractivité des formations dispensées et « intensifier les partenariats avec le milieu socio-économique local, national et international », explique Macha Woronoff, présidente de l’université.
« Nouvelle étape historique »
Avec ce changement de structure, un nouveau nom donc : l’université Marie et Louis Pasteur. Cet établissement public expérimental regroupe 22 composantes issues de l’ex-université de Franche-Comté, l’université de technologie Belfort-Montbéliard (UTBM), Supmicrotech et l’École nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM) Campus de Cluny établissement associé. Cinq partenaires deviennent associés : le CHU de Besançon, le Crous BFC, l’établissement français du sang (EFS), L’École supérieure des technologies et des affaires (ESTA), et l’Institut supérieur des beaux-Arts de Besançon (ISBA).
Macha Woronoff, présidente de l’université, insiste : « C’est une nouvelle étape historique. Mais cela ne change pas la volonté de coopération à l’échelle de la Bourgogne-Franche-Comté. » Pas de changement non plus pour les étudiants ou les professeurs.
Les 430 diplômes resteront également les mêmes : l’université expérimentale continuera de délivrer des DUT, des licences, licences pro, masters, doctorats, ainsi que des diplômes d’université (DU ou DIU), et un diplôme d’ingénieur. « Nous avons souhaité conserver les acquis », poursuit-elle. « Il était de notre responsabilité d’évoluer sans la Bourgogne. » Et la disparition d’un regroupement « aurait mis fin à toute visibilité nationale et internationale, pouvait affaiblir l’ensemble de l’enseignement supérieur », ajoute-t-elle.
Pour Ghislain Montavon, directeur de l’UTBM, même volonté de coopération. « Cette lisibilité est un argument prégnant pour ce changement. Nous allons continuer à nous développer, mais c’est une évolution plus qu’une révolution. » Il assure aussi que l’université Marie et Louis Pasteur est « en coopération avec l’EPE de Bourgogne-Europe. Des projets en commun vont s’ouvrir et continuer », expose-t-il. Une convention de coordination territorial est mise en place entre les deux universités.Une période de transition est prévue jusqu’à fin février.
D’ici quelques mois, une élection aura lieu pour renouveler le ou la présidente du conseil d’administration de cette université expérimentale. Macha Woronoff, la présidente de l’ex-université de Franche-Comté, a annoncé qu’elle ne se représenterait pas.
« Un couple emblématique »
Le choix du nom « Université Marie et Louis Pasteur » met en lumière l’héritage scientifique et humain d’un couple de scientifiques emblématique de la région. Marie Pasteur, assistante scientifique a largement contribué aux travaux de recherche de Louis. Souvent dans l’ombre, dans un XIXème siècle où les femmes n’avaient pas la reconnaissance attendue, « Marie Pasteur est ainsi reconnue pour sa contribution essentielle à la connaissance scientifique contemporaine », explique l’université.