L’agence régionale de santé et le conseil départemental du Territoire de Belfort ont placé l’Ehpad La Rosemontoise, géré par l’association Servir, sous administration provisoire, relevant ainsi l’actuelle direction de ses fonctions, apprend-on de sources politiques.
L’agence régionale de santé et le conseil départemental du Territoire de Belfort ont placé l’Ehpad La Rosemontoise, géré par l’association Servir, sous administration provisoire, relevant ainsi l’actuelle direction de ses fonctions, apprend-on de différentes sources. On déplore déjà 17 décès dans l’établissement, des suites du covid-19. – mis à jour le 6 avril à 18h16.
Ce lundi matin, on évoque 17 morts (1) liés à la pandémie du covid-19 dans l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) La Rosemontoise, à Valdoie. L’établissement accueille près de 115 résidents. Mais la situation semble encore plus dramatique. On évoque encore sept résidents dans une situation très difficile et une vingtaine présentant des symptômes du covid-19. « C’est le point noir du département », confirme une élue souhaitant conserver l’anonymat. Et un autre de relever : « Cela part comme une traînée de poudre. »
« C’est un Ehpad qui nous inquiète depuis quelques temps », indique le président du conseil départemental du Territoire de Belfort, Florian Bouquet, joint par téléphone. Cet établissement est géré par l’association Servir. « Elle connaît des difficultés, notamment dans l’encadrement et le management », assure Florian Bouquet. Et ce, bien avant l’arrivée de la crise sanitaire.
« Contenir la situation »
Cependant, depuis le début de la pandémie, la situation s’aggrave, confirment plusieurs sources. Une situation qui a encouragé une décision drastique. Ce lundi 6 avril, à 14 h, Florian Bouquet a co-signé avec le directeur de l’agence régionale de santé, Pierre Pribile, un arrêté mettant en place une administration provisoire. « L’administrateur aura les pleins pouvoirs et rendra compte directement au conseil départemental et à l’agence régionale de santé, assure Florian Bouquet. Et non pas au conseil d’administration de l’établissement. » Puis de poursuivre : « Il faut contenir la situation. » La décision a été notifiée à 15 h, par huissier, à la direction de l’établissement nous confirme le Département. La directrice de l’établissement sera sous l’autorité hiérarchique, dès ce mardi 7 avril, des deux administrateurs nommés, confirme la délégation départementale de l’ARS.
Des visites de l’ARS et de différents services de l’État, dès début mars, ont permis de relever des dysfonctionnements dans la mise en place « des mesures de protection contre la pandémie », notamment la fermeture de l’établissement aux personnes extérieures, apprend-t-on de sources concordantes. À l’occasion d’une conférence de presse avec différents services de l’État, la délégation départementale de l’agence régionale de santé n’a pas confirmé ces dysfonctionnements. Cette décision d’administration provisoire est motivée pour “renforcer la direction, en première ligne depuis plusieurs semaines”. L’équipe a été également consolidée, depuis le 30 mars. Deux infirmières de l’Éducation nationale ont été réquisitionnées pour renforcer les effectifs. « C’est le seul Ehpad du département qui pose réellement problème », assure de son côté Florian Bouquet. Le président remarque que ce n’est pas pour rien qu’il a été récupéré des concentrateurs d’oxygène, dont un a été remis à l’établissement. Il a dû également acheter 35 housses mortuaires, en se rendant à Dijon.
Cette décision est prise pour une durée de deux mois indique le conseil départemental dans un communiqué de presse adressé en fin d’après-midi. “Cette procédure exceptionnelle tend à doter cet établissement d’un encadrement à la hauteur de l’ambition portée par les organismes de tutelle. Elle sera de nature à sécuriser le quotidien des personnels et des résidents et par là même, de tranquilliser les familles”, assure le Département. De son côté, la délégation départementale de l’ARS confirme “que le maximum est fait pour ne pas laisser tomber les résidents”.
Polémique
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le 4 avril (ci-dessous), Corinne Coudereau, maire de Valdoie (battue au 1er tour des élections municipales le 15 mars), qui se dit « très en colère », dénonce que « des hommes et des femmes (résidents de l’Ehpad La Rosemontoise, NDLR) meurent chaque jour dans le silence et l’indifférence des services publics en charge de leur protection ». Elle critique l’absence de tests. « Pourquoi ne les hospitalise-t-on pas », questionne-t-elle également. Elle tance l’attitude du conseil départemental et du seul envoi d’un concentrateur. « Ce n’est pas un peu d’oxygène qui va les sauver. » Concernant les tests, la délégation départementale de l’ARS précise que les préconisations ministérielles relatives au dépistage des trois premiers cas sont toujours d’actualité. “Pour l’instant”, ajoute-t-elle.
Stricto sensu, le conseil départemental n’a pas, normalement, compétence sur le personnel de l’Ehpad, mais seulement sur le volet hébergement et dépendance, car il ne gère pas l’établissement. Le conseil départemental dénonce lui-aussi l’attitude du gouvernement, notamment sur la problématique des masques. À la suite des dernières réquisitions, Florian Bouquet parle « de mépris total » de l’État. Avec la commande de la Région Bourgogne-Franche-Comté réquisitionnée, c’est la commande du Territoire de Belfort qui ne sera pas honorée.
La décision de gouvernance de ce lundi doit permettre de réagir. Mais Florian Bouquet invite à se poser « les vraies questions », pour expliquer cette situation. « Pourquoi les portes de l’établissement n’ont pas été étanches [à l’extérieur] en temps et heure ? » interpelle-t-il. Il ne sera pas plus précis ; il ne veut pas polémiquer, mais il s’étonne de la vidéo postée par Corinne Coudereau.
Sollicitée dans la matinée, la direction de l’Ehpad de la Rosemontoise n’est pas revenue vers nous.
- (1) L’agence régionale de santé (ARS) évoque 16 décès, selon les remontées de l’établissement, liés au covid-19.