Dans le secteur du BTP, l’innovation passe parfois par des techniques déjà bien connues. Eurovia, filiale du groupe Vinci Construction, remet au goût du jour un revêtement routier des années 80 et 90. Le béton bitumeux à l’émulsion (BBE). C’est un enrobé « à froid », qui élimine les procédés de chauffage du bitume. Cela entraîne une réduction d’environ 40 % des émissions de CO₂ par rapport aux enrobés « à chaud ». Selon Benoît Boiteux, chef d’agence chez Eurovia Montbéliard, « cette technique, déjà connue, a été réutilisée pour répondre aux enjeux environnementaux actuels ».
Si les émissions sont réduites, c’est aussi parce que l’enrobé peut être produit directement sur le chantier grâce à une « unité très mobile ». Un camion avec une centrale adaptée, qui permet le mélange de gravillons et de sable et l’obtention du savant mélange. Elle peut produire 80 à 90 tonnes de bitumes par heures. « C’est tout l’intérêt de ne pas aller chercher les matériaux dans une centrale qui se trouverait à 60 ou 70 km. Cela casserait tout le côté environnemental », poursuit le chef d’agence d’Eurovia.
Cette technique permet également de réduire les coûts de production. « Ce n’est pas tant pour nous, que pour les collectivités locales qui nous contactent et qui chers à réduire au maximum les coûts », poursuit Benoît Boiteux. En comparaison à des bitumes à chaud, ce procédé permet de réduire de 15 à 20% la note globale d’un chantier.
Pour les routes secondaires
Son défaut ? Il est quelque peu plus fragile qu’un bitume à chaud. Moins compact. Il est pour le moment plus destiné aux routes secondaires et aux voies à faible ou modéré trafic. Ce mercredi 9 octobre, Eurovia posait 1 000 mètres de cet enrobé sur une piste cyclable entre Nommay et Trévenans, pour le compte de Pays de Montbéliard Agglomération (1000 mètres d’enrobés pour 170 000€ HT).
Eurovia souligne cependant que l’enrobé à chaud demeure la norme pour les routes principales, car ce procédé, nommé Ecovia, n’est pas encore destiné à supporter un trafic dense. Néanmoins, l’entreprise est optimiste quant à l’avenir de ce produit : « Il sera appliqué progressivement sur les chantiers appropriés », ajoute Benoît Boiteux. Et Eurovia imagine qu’il pourra aussi être utilisé sur des autoroutes d’ici quelques années, grâce à la progression de la technique. Ce matériau « à froid » est posé entre avril et octobre et va prochainement être testé en bande de roulement, sous du bitume à chaud,sur des routes plus fréquentées, notamment à Besançon.