Jade Belleville
[Série d’été 1/3 ; les distributeurs dans le Territoire de Belfort]
« On veut proposer des œufs comme nos grands-mères, de grande qualité », déclare Christelle Koenig, éleveuse de poules pondeuses à Vauthiermont. En 2016, Christelle a une idée : vendre ses œufs dans des distributeurs automatiques. De part et d’autre des poulaillers, une salle sert au conditionnement des œufs. Christelle, à l’intérieur de celle-ci, explique comment cette idée lui est arrivée en tête. Avant, elle et son mari, Jean-François, vendaient leurs œufs sur des circuits de grande distribution. « En 2015, 2016, il y a eu une crise nationale de l’agriculture. D’un côté les prix de nos produits ont chuté et de l’autre le prix des charges a augmenté », indique Christelle.
Deux solutions s’offraient aux couples. Soit produire du fromage issu de leurs vaches laitières, soit vendre leurs œufs sur les marchés. Ces deux solutions ne convainquent pas Christelle ; « le fromage c’est un savoir-faire et je n’ai pas la patience de faire les marchés ». La famille Koenig décide donc de proposer des distributeurs automatiques d’œufs ouverts 7jours/7, 24heures/24.
Tout en empilant les alvéoles d’œufs sur des palettes. Christelle revient sur le début de l’aventure. « Le Bon’Oeuf est dans le pré », le nom de leur nouvelle entreprise. « On a commencé par l’ouverture de trois chalets », se souvient-elle. Au même moment, elle participait à des marchés locaux pour faire connaître les distributeurs. Aujourd’hui, environ 6 000 œufs par jour sont vendus dans les treize distributeurs. Sur la production des deux poulaillers de l’exploitation, ⅓ est toujours vendus aux professionnels et ⅔ vont dans les distributeurs automatiques.
Du poulailler aux distributeurs
Avant de se retrouver dans sa boite, les œufs font un long trajet. Christelle suit le chemin des machines où chaque œuf passe. D’abord, les œufs sont soumis à un tri. « On enlève ceux qui sont cassés », explique Christelle en pointant du doigt la machine. Puis, ils passent dans une mireuse, un outil de contrôle, pour vérifier qu’ils sont conformes. Les œufs sont ensuite pesés avant de se faire tamponner avec leur provenance. Leur chemin se finit soit dans des boîtes d’œufs direction des distributeurs. Soit dans des alvéoles pour les professionnels.
Ce conditionnement se fait tous les matins de neuf heures à midi. « A partir de 14 heures ou 15 heures, on commence la tournée des 13 distributeurs. Cela peut nous prendre six heures », indique Christelle. Dans les distributeurs en forme de chalet, Christelle et Rémi Droz Grey, employé agricole, ont une mission : les réapprovisionner. « Cela nous prend 30 minutes par distributeur », précise Rémi.
Chacun de ces treize chalets est fait à la main par la famille Koenig. « La construction d’un chalet nous prend 10 jours environ », précise Christelle. La structure de bois est fabriquée par la famille. « On commande juste les casiers et le système de paiement », ajoute-t-elle. Tout en approvisionnant le distributeur de Vauthiermont, situé à quelques pas de la ferme des Koenig, Rémi Droz Grey explique son fonctionnement. « Les personnes payent [soit par carte, en sans contact ou en espèces], choisissent le numéro d’un casier et la porte s’ouvre ».
Fin août 2024, Christelle se lancera dans un nouveau projet : un distributeur en partenariat avec la Choucrouterie Claude de Chavannes-sur-l’étang. Un quatorzième distributeur, pour être toujours plus proche des Terrifortains, et continuer à alimenter ce circuit-court.