Un mot d’ordre à la Necronomi’Con : la passion. La convention geek et de culture pop de Belfort attire des visiteurs qui se consacrent « corps et âme » à leur univers. Au milieu des Harry Potter, Mario Bros, Deadpool et Dark Vador, Mikhaïl Souihi dénote.
Lucile Bihannic
Un mot d’ordre à la Necronomi’Con : la passion. La convention geek et de culture pop de Belfort attire des visiteurs qui se consacrent « corps et âme » à leur univers. Au milieu des Harry Potter, Mario Bros, Deadpool et Dark Vador, Mikhaïl Souihi dénote. Forgeron, il expose depuis la première saison, avec toujours la même ferveur.
« Là, vous avez une réplique d’une épée viking norvégienne du IXe siècle, et là un couteau dont la lame a été plus travaillée. » Tunique grise sur le dos et chausses en cuir aux pieds, Mikhaïl Souihi est fier de montrer les objets artisanaux exposés sur son stand. Sa passion pour le métier de forgeron lui vient de loin. À 14 ans, il n’a qu’une lubie : avoir une véritable épée. L’objet le fascine. Mais rien n’y fait, sa famille ne lui en achètera pas. Il doit se débrouiller. Déterminé, Mikhaïl commence par faire un feu dans la forêt. Il l’alimente en soufflant dans des tuyaux. Il forge sa première épée. Au fil de ses créations, il se prend de passion pour la Scandinavie du IXe siècle. Le voilà, dix-sept ans plus tard, exposant son art à la Nécronomi’Con de Belfort.
Mikhaïl vend des couteaux de toutes les tailles aux manches en bois ou en os, des épingles ou des bracelets torsadés en acier inspirés de l’univers médiéval et scandinave, comme on peut le voir dans les séries télévisées Vikings ou Outlander. « Dans les conventions, on rencontre tout type de personnalités » précise Mikhaïl. Les amateurs d’armes anciennes s’arrêtent à son stand. « Mes principaux clients sont des passionnés d’outils d’époque qui les utilisent pour des reconstitutions de combats médiévaux, ou simplement en déco », ajoute-t-il.
Mikhaïl vient dans les conventions geek car « les gens sont plus ouverts que dans les fêtes médiévales ». « Les fans de Star Wars, ils vivent pour cet univers qui leur est propre. Ils se consacrent corps et âme à quelque chose qui les anime. » Un état d’esprit qu’il partage car sa démarche est la même. À travers ses créations, c’est tout un univers historique qu’il cherche à recréer.
Forger pour ressusciter un héritage
Il pousse même le « vice » plus loin. Membre d’une association, Les Héritiers de Ragnar, il se plaît à remonter le temps. Dans des campements reconstitués, l’espace de quelques jours, il adopte le mode de vie d’un Scandinave du IXe siècle. Et part en pèlerinage en habit d’époque, marchant à pied jusqu’à sa destination. Mikhaïl avoue avoir déjà eu de sacrées ampoules ! « Si on a le malheur d’y prendre plaisir, alors on peut vite devenir accro », raconte-t-il.
Ces moments de calme, il en a besoin pour se ressourcer. Mais ce sont bien ces conventions qui lui permettent de gagner sa vie. Toutes les deux semaines, il quitte son atelier dans les Cévennes, prend son baluchon avec ses créations et part aux quatre coins de la France. Avant de pouvoir vivre de sa passion, il lui aura fallu quelques années. Titulaire d’un BTS en traitement thermique des matériaux, il découvre sa vocation lors d’un stage chez un coutelier de Lozère. Il y apprend les techniques pour souder, polir et réaliser des manches de couteaux. En 2011, il installe un atelier à Sumène dans les Cévennes. La forge de Gobannos est née. Depuis, elle est aussi devenue un laboratoire. Mikhaïl y expérimente des techniques oubliées, issues de ses recherches historiques, afin de leur redonner vie. Des musées et des sites archéologiques le sollicitent désormais pour son savoir-faire à l’occasion de reconstitutions.
Entre ses pérégrinations, son travail à la forge et ses ventes dans les conventions, Mikhaïl a trouvé son équilibre. L’alliage parfait, celui qui lui permet d’explorer pleinement sa passion.