Pendant deux jours, le Territoire de Belfort a accueilli le délégué interministériel au développement de l’apprentissage dans les quartiers prioritaires. L’occasion d’évoquer l’insertion et l’inclusion économique. Et de lancer le club des entreprises qui accueillent des demandeurs d’emplois fragilisés.
Valentin Machard et Thibault Quartier
Pendant deux jours, le Territoire de Belfort a accueilli le délégué interministériel au développement de l’apprentissage dans les quartiers prioritaires. L’occasion d’évoquer l’insertion et l’inclusion économique. Et de lancer le club des entreprises qui accueillent des demandeurs d’emplois fragilisés.
515 531 ! C’est le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap, selon l’enquête emploi Insee 2018, citée par Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées. Et le taux de chômage des personnes handicapées atteint 18 %. S’il est en baisse de 1 point par rapport à l’année précédente, ce taux est toutefois deux fois supérieur à la moyenne nationale. Face à l’emploi, cette population est fragilisée. Tout comme le sont les habitants originaires des quartiers, dits prioritaires.
Aujourd’hui, la loi impose qu’une entreprise qui compte au moins 20 salariés emploie des personnes handicapées dans la proportion de 6 % de l’effectif. Ce n’est pas suffisant. Pour aller plus loin, le gouvernement a créé en 2019 le dispositif « La France, une chance. Les entreprises s’engagent ». « L’objectif du gouvernement est de créer les conditions d’une croyance inclusive à même de concilier l’économique et le social et de renforcer notre pacte républicain », peut-on lire dans la circulaire interministérielle dédiée à ce plan. Pour répondre à cet objectif, l’État veut s’appuyer sur l’existant.
« Passerelle »
« On a besoin de vous », a validé Patrick Toulmet, délégué interministériel au développement de l’apprentissage dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Avec le préfet du Territoire de Belfort, il est venu lancer le club des entreprises inclusives du Territoire de Belfort, à la chambre des métiers et de l’artisanat, ce vendredi matin. « Quand on voit les difficultés pour avoir juste un stage, ce n’est pas normal. Cela fait de la peine, remarque le délégué interministériel. Et les chiffres du chômage des personnes handicapées ne sont plus tolérables en France. »
Une trentaine d’entreprises, déjà investies dans l’insertion ou encore l’apprentissage, ont participé à ce lancement. « Le but de notre club, c’est de le faire grandir », a remarqué le préfet. « L’accès à l’emploi ouvre les portes du logement, des prêts », remarque de son côté Christelle Favergeon, de la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), avant de remarquer : La mobilisation sociale des entreprises est essentielle pour la cohésion sociale. » David Philo voit ce plan comme « une passerelle vers l’emploi » permettant à ceux qui se sont éloignés du marché du travail d’y revenir avec l’aide des entreprises.
Label Empl’itude
La maison de l’information sur la formation et l’emploi (Mife) du Territoire de Belfort porte un nouveau label, le label Empl’itude. Il valorise « les actions et les bonnes pratiques des entreprises en matière d’emploi, de ressources humaines et d’engagement sociétal. Il est le premier label territorial en France », indique le conseil départemental à son sujet. Il a été inventé par la Mife de Marseille. Aujourd’hui, 14 entreprises du Territoire de Belfort sont labellisées. Une trentaine sont en attente. Il peut être un atout dans les clauses d’insertion des marchés publics, en créant un mémoire technique valorisant les actions de l’entreprise. La question de ce label, aujourd’hui : « Comment massifier et simplifier l’accès », a résumé le préfet. Il voudrait que l’initiative essaime. Et que l’on compte plusieurs centaines d’entreprises labellisées.
Au cours de cette matinée, les entreprises ont partagé leurs expériences et leurs pratiques pour accueillir des personnes éloignées de l’emploi. Elles dénoncent, largement, les freins bureaucratiques. Elles réclament un répertoire des acteurs. « On doit se mettre à votre service pour que vous y arriviez », valide le préfet. On a surtout parlé d’énergie. Moins de moyens. Il n’y a pas de financements prévus, ni de contraintes aux employeurs. L’État s’engage à mobiliser ou à améliorer les dispositifs publics. Le préfet compte sur la bonne volonté des entreprises pour assurer la réussite de ce plan. Ces-dernières sont mêmes invitées à établir leurs souhaits en fonction des « profils » recherchés et des activités. Ces personnes seront encouragées à faire des stages ou des apprentissages. Mais le préfet d’affirmer : « Je veux des offres de stages diversifiées et utiles. »
Les employeurs n’attendent pas des demandeurs d’emploi des compétences, qu’ils peuvent transmettre, mais par contre du savoir-être. Dans les entreprises du bâtiment, on n’a pas hésité à évoquer que les démarches d’inclusion permettaient aussi de recruter. Le groupe Roger Martin, qui compte près de 1 800 salariés, a par exemple une centaine d’offres d’emploi en souffrance indique un représentant de la société. Dans l’inclusion, comme dans l’insertion, l’importance est résumée par une responsable des ressources humaines : « Il faut que ceux qui ont besoin et ceux qui cherchent aillent à la même porte. »