« Louer un étang privé pour la pêche. » Cette note a été inscrite dans le smartphone d’Hugo Gruss, en 2018. Une note partagée avec son acolyte Jean-Baptiste Fariney ; ils étaient tous les deux collégiens à Sainte-Marie, à Belfort. Ce fichier recense toutes les idées d’entreprises qu’ils voulaient construire. Six ans plus tard, cette idée est sur le point de se concrétiser, avec Rentalake.
L’économie des plateformes est foisonnante. À côté des mastodontes du marché, qui permettent de louer des maisons ou des appartements, des voitures particulières, des terrains privés, on trouve aussi l’échange d’outillages ou encore la location de piscines privées. En Europe, il n’y avait pas de plateforme pour mettre en lien les propriétaires d’étangs et les amoureux de la nature, alors que l’on compte 1,2 million d’étangs en France, pour 300 000 propriétaires. 90 % de ces propriétaires sont privés, indiquent les deux hommes.
« Depuis trois générations, nous avons des étangs privés dans la famille », raconte Hugo Gruss, 27 ans. Des étangs utilisés pour organiser des fêtes de famille, des soirées avec des copains, pour camper ou pour, tout simplement, organiser des parties de pêche et « se ressourcer au bord de l’eau », explique Jean-Baptiste, 26 ans, aujourd’hui gérant de l’hôtel-restaurant Le Rhien, à Ronchamp.
« Amoureux de la nature »
Au mois d’octobre, Hugo Gruss, diplômé en école de commerce, revient vers Jean-Baptiste Fariney. Son projet est d’entreprendre. Fini, déjà, la carrière dans un grand groupe. C’est le grand saut qui l’intéresse. Jean-Baptiste lui emboîte le pas tout aussi rapidement. « Si tu veux, je te suis », répond-il. Huit mois plus tard, la plateforme est en ligne. Le lancement est programmé ce samedi 22 juin, à Ronchamp, à l’entrée des 1000-étangs. L’image est belle.
Hugo Gruss cherchait d’autres lieux pour pêcher. Il fallait donc mettre en lien les propriétaires d’étangs pour varier les expériences. C’est ainsi que naît la plateforme Rentalake, qui a déjà gagné un concours de start-up, au mois de mars, lors du Phare de l’entrepreneuriat, à Marseille, où la start-up est incubée. « Nous visons une clientèle d’amoureux de la nature », explique Jean-Baptiste Fariney, déjà rompu aux exigences du chef d’entreprise, depuis qu’il a repris l’institution de Ronchamp, à la sortie de la crise sanitaire.
Pour le lancement, plusieurs centaines d’offres sont déjà référencées. On y trouve des terrains vierges avec un simple étang, des sites avec cabanons, d’autres avec électricité et eau courante. Sur certains, on peut camper, voire stationner son van. D’autres ne sont accessibles qu’à pied. Les derniers sont aussi accessibles au plus grand nombre. Le site permet de filtrer sa recherche. En plus de la localisation ou du niveau de confort, la plateforme permet de sélectionner si l’on peut pêcher ou non, les techniques de pêche autorisées, le cheptel de poissons que l’on trouve dans l’étang avec les mensurations des plus beaux spécimens. « Le propriétaire définit tout », rassurent les deux hommes. S’il remet les clés ou s’il y a une boite à clé, les règles de camping, le nombre maximum de personnes, l’autorisation de la baignade, l’alcool… « Nous allons le conseiller, le sensibiliser », poursuivent-ils. Et les conditions générales de vente sont drastiques assurent Hugo Gruss et Baptiste Fariney. « Les mauvais comportements entraînent l’exclusion de la plateforme », soulignent les deux jeunes entrepreneurs.
« Chaque annonce est validée par nous et nous allons orienter le propriétaire pour la rendre attractive », explique également Hugo Gruss. Rentalake propose une solution clé en main ; il peut fournir l’assureur s’il le faut, après avoir tissé un partenariat avec une compagnie d’assurance. Les deux entrepreneurs ont déjà de nombreux développements en tête, pour accompagner les propriétaires à améliorer leur site en proposant par exemple, à l’avenir, des solutions de fourniture de bateaux ou de construction de terrains de pétanque. Côté commission, ils prélèvent 10% sur le loueur et 5% sur le propriétaire.
« Voyage au bord de l’étang »
Jean-Baptiste Fariney et Hugo Gruss espèrent référencer 1 500 annonces d’ici fin 2025 et 5 000 en 2027. Ensuite, ils s’ouvriront à l’Europe, avec la proposition d’un nouveau pays par an. Une levée de fonds est déjà envisagée en 2025. Et pour accompagner leur lancement, Rentalake va s’appuyer sur la communauté active des pêcheurs, en leur proposant tout simplement de nouveaux terrains de jeu.
Au-delà de mettre en lien amoureux de la nature et propriétaires d’étang, les deux fondateurs conçoivent leur projet comme une solution proposée aux détenteurs de plans d’eau. « Être propriétaire d’étang représente beaucoup de charges », indique Jean-Baptiste Fariney. Entretenir le terrain, garantir la qualité de l’eau, mettre aux normes, mener des vidanges, rempoissonner sont autant d’actions qui coûtent des dizaines de milliers d’euros et nécessitent matériels et temps. « Rentalake est une solution clé en main pour que les propriétaires aient des revenus et réinvestissent dans l’étang et maintiennent l’écosystème », résume Hugo Gruss. Qui met en garde : « Si tu n’entretiens pas, dans 10 ans, il n’y a plus d’écosystème. »
« J’ai grandi aux bords des étangs, se souvient Jean-Baptiste Fariney, non sans émotion. Et mettre les gens en relation pour qu’ils puissent en profiter comme moi, quand j’étais petit, c’est génial. » Pêche, camping, lecture… Ce sera à chacun de construire son voyage. Comme le résume Hugo Gruss, Rentalake « est une plateforme de location de voyages au bord de l’étang ». À la journée, il en coûte entre 120 et 150 euros en moyenne estiment les deux hommes. Pour profiter d’un plan d’eau. En exclusivité.
> https://rentalake.fr/