Hugo Guéritaine
« Abat les juifs » ou encore « abat les sionistes » (sic). Ces tags ont été écrits sur les murs de la ville à la bombe rouge, accompagnés de croix gammées. Cela fait plusieurs matins que les habitants de Danjoutin, dans le Territoire de Belfort, se réveillent avec ces inscriptions antisémites, comme l’a révélé France Bleu Belfort Montbéliard jeudi 13 juin. « C’est du jamais vu à Danjoutin », déplore le maire écologiste Emmanuel Formet, qui condamne ces actes. Les bras croisés et le ton grave, il met en lien les résultats des élections européennes et ces actions. « Comme je crois moyennement au hasard, j’ai fait le lien rapide entre tout ça. J’ai l’impression que l’on suit la même mouvance que le national. »
Dimanche dernier, aux élections européennes, la ville d’environ 3 500 habitants a placé les listes d’extrême droite largement en tête (42,3% des suffrages). Les Danjoutinois et Danjoutinoises ne sont pas isolés puisque 93% des communes françaises ont fait ce choix. « Le discours extrémiste s’est banalisé. On le vit mal puisque l’on se bat pour améliorer la vie de nos habitants, commente le maire. Je peux comprendre que l’on veuille contester ce gouvernement. Mais historiquement, en Europe, dès que l’extrême droite est arrivée au pouvoir, ça s’est mal fini. » Pour Emmanuel Formet, les habitants de Danjoutin vont condamner massivement ces actes, « même ceux qui se retrouvent dans les convictions du Rassemblement national ».
« Ça ne nous fait ni chaud ni froid »
Dans les rues de la ville, désertes et pluvieuses, ce vendredi 14 juin, les réactions divergent. Certains sont choqués de voir ce genre de propos fleurir dans leur commune. « Je ne pensais pas que l’on aurait ce souci ici », avoue, mal à l’aise, un riverain. « Je ne vois pas trop l’intérêt de faire ça », témoigne un autre. Plusieurs d’entre eux pensent que ce ne sont « que des gamins », d’autres ne sont pas au courant de l’affaire et semblent plutôt désintéressés.
« Ça ne nous fait ni chaud ni froid », témoignent deux jeunes danjoutinois à l’arrêt de bus, devant un des tags. En dépit de cette indifférence, d’autres témoignent de leur colère comme Matthieu, gérant de l’entreprise de peinture Cambi dans le même secteur où les tags sont encore visibles. « Je trouve ça dégueulasse. Je ne comprends pas non plus comment ils ne se sont pas fait choper. C’est une rue très passante », s’indigne-t-il.
Une plainte est déposée depuis mardi 11 juin par la municipalité. Une enquête a été ouverte afin de déterminer les auteurs de cet acte antisémite. « Ce n’est peut-être que le début. Si le RN parvient à passer, je pense que certains extrémistes peuvent être encore plus décomplexés », craint Emmanuel Formet.