Jade Belleville
Une femme sur deux a été victime de violences sexuelles ou s’est déjà sentie en insécurité dans un milieu festif, selon plusieurs études consultées. Partant de ce postulat, le Fimu propose pour la première année un dispositif pour lutter contre les agressions sexistes et sexuelles et mieux les prendre en charge quand elles ont lieu.
Pour cela, une collaboration avec l’application Safer est en place. L’application marseillaise permet aux festivaliers gênés ou mal à l’aise face à une situation de lancer une alerte via leur téléphone. « Lorsqu’on ouvre l’application, on peut sélectionner un des degrés d’alerte suivant la situation », expose Alexis, chargé de production pour Safer, en naviguant sur l’application. Safer se trouve sur le menu. L’utilisateur a le choix entre trois situations : je suis gêné.e ou témoin, je suis harcelé.e ou témoin et je suis en danger ou témoin.
« Dès qu’une personne lance l’alerte, tous les bénévoles reçoivent une notification sur leur téléphone », indique Laura Muller, bénévole et aide à la coordination. Chaque bénévole à, en amont, suivi une formation en ligne de deux heures sur les démarches à suivre face aux violences sexistes et sexuelles. « Le but est que, suite à la formation, les bénévoles puissent avoir un bagage de premier niveau sur la question des violences sexistes et sexuelles », précise Alexis. Suivant le degré de l’alerte, les bénévoles auront différents moyens d’action. Dans un premier temps, ils peuvent prendre contact avec le lanceur d’alerte. « On peut discuter avec les victimes ou les témoins par chat ou par téléphone », explique Laura.
Suivant la situation dans laquelle la victime ou le témoin se trouve, des procédures sont mises en place. Lorsqu’il s’agit d’une situation de gène, c’est l’équipe de Laura qui désamorce la situation. Mais si l’alerte est d’un degré supérieur, il peut y avoir une intervention des services de sécurité. « Tout le monde est relié au dispositif », souligne Alexis. « L’idée est de nous mettre, nous aussi en tant que bénévoles, en sécurité », ajoute Laura.
Un des avantages de l’application est qu’elle peut géolocaliser les victimes. Si la personne n’a pas activé la géolocalisation sur son téléphone, des instructions peuvent être données. « On peut lui indiquer des zones de repérages », explique le chargé de développement.
Une safe zone sur place
Safer a également un rôle d’accompagnant. Les victimes sont amenées dans la safe zone où tout est prévu pour les accueillir dans un endroit calme. Située au square du Souvenir, la safe zone est accessible à tout le monde. « Il y a des psychologues, des personnes formées à l’éducation à la vie affective et sexuelle », informe Laura. Les chapiteaux blancs du stand sont un lieu où « les paroles sont recueillies et écoutées », précise-t-elle.
Interrogés dans la rue ce vendredi, les festivaliers trouvent l’application rassurante. « Au lieu d’appeler un ami qui ne va pas forcément répondre, on se dit que l’application est là pour nous aider », souligne Enora, une étudiante. Son amie Aou connaissait une autre application qui se base sur le même principe de géolocalisation. « Sur mon téléphone, j’ai déjà l’application The Sorority que j’utilise dans la vie de tous les jours », précise-t-elle. Pour Siegfried, un autre festivalier, l’avis est partagé. « Quand les personnes sont témoins d’une agression, cela serait mieux qu’ils interviennent directement plutôt que d’appuyer sur une application. »
Ce dispositif n’est pas seulement présent sur le Fimu mais est disponible sur d’autres événements. « Sur la Bourgogne-Franche-Comté, cela fait trois ans que l’on travaille avec le festival Rencontres et Racines. Et l’année dernière, on était présent sur le festival de La Paille », explique Alexis.