Développer la filière ambulatoire
La filière psychiatrie, dans le nord Franche-Comté est assurée par l’AHBFC, qui est le seul établissement sanitaire spécialisé en psychiatrie sur le secteur. Le centre hospitalier travaille en Haute-Saône, dans le Territoire de Belfort et dans le Doubs depuis 2007. Pour l’accompagner, ce sont 2 000 professionnels qui travaillent avec les patients. « C’est notre savoir-faire, notre ADN. C’est pour cela que nous avons des obligations vis-à-vis de la population », expose Arnaud Rémond, le directeur délégué. Dans la structure, 14 000 patients passent à l’année, soit 3% du bassin de population au total.
La période est un moment charnière pour l’établissement. Lors d’une conférence de presse, le 28 mars, la direction a exposé les principaux enjeux à venir, point par point. Avec un fil conducteur : améliorer les dispositifs et développer la prise en charge ambulatoire et extra-hospitalière. « L’idée est de trouver des alternatives pour que l’hospitalisation complète soit le dernier recours », poursuit le directeur délégué. C’est l’une des volontés prégnantes de l’établissement.
Renouvellement des effectifs
Pour réussir à sortir la tête de l’eau, l’un des plus gros défis, aujourd’hui, est de renouveler les effectifs. Le problème selon le directeur délégué : « une convention collective dans le privé pas assez attractive », qui ne permet que difficilement de concurrencer le secteur public. « Nous ne rivalisons pas avec les hôpitaux publics, ce qui explique cette fuite des soignants. » Sur le site de Saint-Rémy, en Haute-Saône, les difficultés s’engluent avec la ruralité du territoire. « Nous avons beaucoup de mal à fidéliser les professionnels. » Cela a des conséquences directes, dont un manque de fluidité dans le parcours de soin des patients. « Là où nous sommes malades, c’est sur le recrutement de personnel, de psychologues, de psychométriciens, d’ergothérapeuthes », poursuit-il.
Pour trouver des pistes, la directrice des soins, Lorette Houser, expose testé des expérimentations. Notamment la semaine de trois jours de 12h à Bavilliers. « Elle rencontre un franc succès, d’autres unités souhaitent l’expérimenter », commente-t-elle.
Une démographie qui pose question
L’AHBFC dispose d’un dispositif de soins complet pour les patients âgés (soins en ambulatoire et en hospitalisation complète, Ehpad). Avec des soins qui sont fléchés sur les pathologies mentales qui évoluent avec l’avancée en âge et celles qui apparaissent tardivement, hors maladies neurodégénératives. Mais entre le manque la paupérisation des ressources médicales et des soignants et une part des habitants de plus de 60 ans qui ne cesse de s’accroître, l’enjeu est de taille. Pour y faire face, le centre explique compter d’autant plus sur les soins en ambulatoire, et sur des liens renforcés avec les Ehpad pour éviter « des hospitalisations inadéquates en psychiatrie ».
La pédopsychiatrie en souffrance
Au niveau national, la pédopsychiatrie est en souffrance. Le nord Franche-Comté ne déroge pas à la règle. « Le nombre de pédopsychiatre a été divisé par deux en deux ans. Pourtant, nous n’avons jamais eu autant de demandes de soin depuis la crise du Covid », détaille la direction. Ce manque de professionnels ont des conséquences en pédopsychiatrie avec un tassement de l’activité ces dernières années, cette situation se traduit très concrètement par des taux de recours faibles chez les enfants et adolescents.
Pour le centre, le défi le plus important est de créer une unité d’hospitalisation complète dédiée aux patients âgés de 16 à 25 ans présentant une psychose émergente. Un projet à venir. La direction expose aussi avoir la volonté de maintenir l’ambulatoire comme dispositif pivot pour les patients et leur famille, préciser le parcours des mineurs en soins sans consentement, renforcer l’articulation entre les urgences et la pédopsychiatrie, renforcer la filière de psychiatrie périnatale et renforcer les liens avec les partenaires.