« Nos services sont devenus un réservoir discret de suppressions d’emplois dans la fonction publique », se désole Loïc Gatipon, secrétaire du syndicat Solidaires pour la section finances publiques. Devant le modeste bâtiment de la direction générale des finances publiques, place de la Révolution à Belfort, une vingtaine de fonctionnaires ont manifesté ce lundi 29 janvier sur leur pause de midi. Un chiffre relatif à la taille du site (un peu plus de 200 agents sur tout le Territoire de Belfort).
Les fonctionnaires belfortains n’ont pas choisi la date au hasard. Ce lundi, les négociations indemnitaires démarrent au niveau national. Un point que les syndicats veulent absolument négocier. « On veut demander beaucoup plus », commente Chantal Koepflin, de la CGT, qui indique que c’est la première fois que les agents de la DGFiP se lèvent pour protester. Notamment parce que la revalorisation du point d’indice ne suit pas la hausse de l’inflation connue ces deux dernières années.
Mais il n’y a pas que ça. Dans les discours, ce qui fâche, c’est notamment la perte de moyens humains. S’il y a un ralentissement des suppressions de postes en 2024, le nombre de postes perdus est important au niveau national ; surtout depuis la fusion entre les services de la trésorerie et des finances publiques. Pour 2024, les délégués syndicaux indiquent perdre encore trois personnes dans le Territoire de Belfort. « C’est un signal de mépris au vu des difficultés des services et des charges de travail », estiment les délégués syndicaux réunis en intersyndicale pour l’occasion (Solidaires, CGT, F0, CFDT).
« Nous sommes fatigués des réformes brutales subies ces dernières années », estiment les fonctionnaires sur place. Pour eux, celles-ci les éloignent à petit feu d’un public qui a pourtant besoin d’être en lien avec la fonction publique. Avec le numérique notamment, l’Etat délaisse, selon eux, de plus en plus les services d’accueil. « C’est pourtant notre mission d’être au service direct du public », martèle Chantal Knoepflin.« Tout une sachant qu’une partie de la population ne maîtrise pas les outils numériques », ajoute-t-elle.
Moins de contrôles, plus de contraintes
Deuxième problème des suppressions de postes : le recours, de plus en plus fréquents, aux contractuels. « On nous dit qu’ils sont là car il n’y a plus assez de fonctionnaires. Mais c’est un faux problème. Pour qu’il y en ai à nouveau, il faut une revalorisation de la profession », défend la déléguée syndicale de la CGT. Des contractuels bien moins formés que les fonctionnaires, « qui en pâtissent à tout niveau », et qui sont payés, selon Loïc Gatipon, entre 200 et 300 euros de moins que les fonctionnaires. « Un moindre investissement de la direction pour ne pas se ruiner », commente le délégué syndical Solidaires.
Au coeur de la machine, dans les rouages du système, les agents des finances publiques se disent délaissés. « Nous sommes plutôt discrets, mais nous permettons par exemple de contrôler toutes les finances des collectivités. » Avec les suppressions de postes, les délégués syndicaux avouent que de moins en moins de contrôles peuvent être faits. Le contrôle fiscal en premier. « On abandonne des missions. Il y a moins de moyens… Donc on laisse passer les tricheurs.» Résultat, une perte de sens du métier, pour beaucoup d’agents présents. « Pourquoi on est là ? », s’interroge Loïc Gatipon, qui remarque également que de plus en plus de tâches sont externalisées pour supprimer des postes. « Et pendant ce temps, on nous demande de faire mieux mais avec moins. »
Le désarroi est présent. De son côté, Valérie Usson, directrice départementale des Finances publiques du Territoire de Belfort, affirme que tout se joue au niveau national. Elle se veut rassurante : « Les négociations se sont ouvertes aujourd’hui. La priorité, pour le moment, est d’assurer une continuité de services. Mais en tout cas, il y a une volonté de faire en sorte que les conditions de vies des salariés soient les meilleures possibles, la direction est très attentive à cela. » Pas de commentaire sur de potentielles mesures pour les fonctionnaires… il faudra attendre la fin des négociations.