(AFP)
Le Chilien de 33 ans, qui a toujours nié avoir tué l’étudiante japonaise de 21 ans malgré les nombreux éléments à charge, a plongé la tête dans son box à l’énoncé du verdict, rendu après environ cinq heures de délibéré. Prostré, recroquevillé sur son banc, une main sur le visage, il a semblé en larmes, réconforté par un de ses avocats, Sylvain Cormier.
Ses parents, qui l’ont toujours soutenu et ont été présents à chaque moment de ce procès qui a duré presque trois semaines, sont en revanche revenus en retard dans la salle des assises et n’ont pas assisté à ce moment décisif. L’avocat général Etienne Manteaux avait requis la perpétuité à l’encontre de Nicolas Zepeda, et comme en première instance les jurés ont décidé d’une peine un peu inférieure. Renaud Portejoie, l’autre avocat de l’accusé, a annoncé qu’il allait se pourvoir en cassation.
“Je ne suis pas un assassin!”, avait clamé le Chilien dans ses derniers mots à la cour jeudi matin. “Je suis certainement, certainement très loin de celui que j’aimerais être. Mais je ne suis pas un assassin”, avait-il déclaré, des larmes dans la voix. “Je ne suis pas un assassin, je n’ai pas tué Narumi, je ne sais pas comment le dire autrement”, avait-il lancé à la cour avant qu’elle ne se retire pour délibérer.
Mensonges
La cour a estimé que le Chilien avait volontairement donné la mort à Narumi et qu’il avait prémédité son geste. Une fois sa peine de réclusion achevée, il lui sera en outre interdit de revenir sur le territoire français. Le procès a été riche en moments d’intense émotion, avec notamment les témoignages déchirants de la mère et des deux soeurs de Narumi qui ont dit leur deuil impossible en l’absence du corps de la jeune femme. Tout au long de ce deuxième procès, durant lequel il s’est exprimé dans un excellent français, Nicolas Zepeda est souvent apparu en difficulté, peinant à se justifier sur de nombreux points du dossier ou sur ses revirements. Il a concédé des “mensonges”, reconnaissant par exemple s’être rendu en France pour rencontrer Narumi et renouer avec elle, alors qu’il prétextait jusqu’alors une rencontre fortuite avec son ex. Mais sur l’essentiel, à savoir sa culpabilité, il est resté inflexible : il n’a pas tué Narumi.
Pour l’avocat général, au contraire, Nicolas Zepeda est l’auteur “évident” du crime, dévoré “par son délire de possession”.
Aucune circonstance atténuante
Dans la chambre universitaire de la Japonaise, dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, il a sans doute “étouffé” ou “étranglé” la jeune femme qui avait manifestement refusé de renouer le fil de leur relation. Il s’est ensuite débarrassé du corps dans une zone boisée où il avait fait des repérages, selon le scénario proposé aux jurés par M. Manteaux.
“Je ne lui trouve aucune circonstance atténuante”, a-t-il encore asséné, employant, à l’instar de l’avocate de la famille de Narumi, Sylvie Galley, le terme de “féminicide”. En défense, les avocats Renaud Portejoie et Sylvain Cormier avaient critiqué l’enquête et tenté d’instiller le “doute” dans l’esprit des jurés en pointant les “zones d’ombre abyssales” qui peuplent selon eux le dossier, ainsi que le manque de preuves. Me Portejoie, qui a cherché trois semaines durant à “poser toutes les questions”, même celles qui “fâchent”, à son client, avait avancé un scénario alternatif, celui de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner : lors d’une dispute, la tête de Narumi aurait heurté un radiateur de sa chambre, lui causant un traumatisme crânien entraînant une mort rapide. Le corps de Narumi Kurosaki n’a jamais été retrouvé, malgré d’intenses recherches.