« La rédaction n’a pas reçu le texte dans les délai imparti. » Cette phrase est inscrite deux fois dans l’antépénultième page du magazine Belfort Mag, édité à la rentrée par la Ville pour valoriser le bilan de mi-mandat de l’actuelle majorité menée par le maire Les Républicains (LR) Damien Meslot. Cette page présente les tribunes des groupes d’opposition. Les listes Belfort en Grand et Belfort Autrement n’ont pas de texte.
La liste Belfort en Grand, avec Samia Jaber, Bastien Faudot et Jacqueline Guiot, ne cache pas sa surprise en découvrant ce message, alors qu’elle avait bien envoyé dans les délais impartis son texte. Les élus d’opposition devaient envoyer leur texte avant le 23 août. Le texte a été adressé à 23 h 08, le 22 août. Un accusé de réception est renvoyé le lendemain à 7 h 35 (photo ci-jointe), par la directrice de la communication : « Bonjour, bien reçu, bonne journée. Cordialement. »

« Il y a eu un loupé, on va corriger », répond Damien Meslot, joint par téléphone, qui fait amende honorable. Il évoque une réponse automatique pour justifier le mail de réponse. Il s’engage à publier, dans le prochain Belfort Mag, la tribune non diffusée cette fois-ci et de laisser l’espace habituel pour une tribune. « [La directrice de la communication] serait bien inspirée de faire sienne la rigueur qu’elle exige des élus d’opposition quant aux délais… » tance les trois élus de la liste Belfort en Grand. Ils attendent « une explication sur le peu d’attention porté au droit d’expression des oppositions, ainsi que des excuses publiques dans le prochain numéro de Belfort Mag ».
Christophe Grudler regrette « la méthode »
Le texte de la liste Belfort autrement n’a pas non plus été diffusé. Celui-ci n’est arrivé aux autorités municipales que le 25 août, reconnaît-il. Il déplore toutefois que la demande ait été envoyée le 2 août, au cœur de l’été. Il l’a découverte qu’en rentrant de congés et était déjà hors délai. L’élu rappelle que sa liste, composée de deux conseiller municipaux, n’a pas de locaux ni de moyens pour avoir un assistant de groupe. « Pour les autres Belfort Mag, nous avons un calendrier sur l’année », replace-t-il, s’étonnant que ce numéro spécial n’ait pas non plus été anticipé. Il fustige « la méthode d’écrire en plein mois d’août » et estime qu’elle est impolie, regrettant finalement qu’il n’a même pas eu de réponse.
Dans leur tribune, les élus pointaient du doigt « la perte d’attractivité de notre ville, comme en témoigne l’état du commerce de proximité, et la chute inédite de sa démographie avec la perte de 10% de la population de la ville depuis 2014 », écrivent-ils, alors l’actuelle majorité est aux manettes depuis 2014. « Ce déclin n’est pas seulement le fait de difficultés conjoncturelles : en soutenant le rachat d’Alstom par GE, Damien Meslot a commis une faute lourde de conséquences avec la perte de 1 200 emplois au total », dénoncent les trois élus, qui regrette la perte de « l’esprit de coopération » dans le pôle métropolitain, « brisé ». Et de rappeler le dossier du centre de performance du FC Sochaux, annoncé « en fanfare » début 2023. « Trois mois plus tard, il ne reste plus rien du projet, sinon les relations exécrables avec nos voisins montbéliardais et une ville de Belfort plus isolée que jamais au sein du nord Franche-Comté », déplore Belfort en Grand.