Le chantier de la ferme solaire de l’Aéroparc, portée par EDF Renouvelables, a été lancé au mois de janvier. Une pose symbolique du premier panneau photovoltaïque a été organisée ce mardi 19 septembre. C’est en fait plutôt le 22 001e panneau ! « C’est le signe que cela avance », sourit Adrien Mevrel, directeur de projet chez EDF Renouvelables. La ferme solaire, qui s’étend sur près de 33 ha, est principalement installée sur le ban communal de Reppe et un peu sur celui de Fontaine. La ferme solaire est voisine de plateforme colis d’Amazon.
Les 73 000 panneaux photovoltaïques qui seront installés déploieront une puissance de 42,2 MWc ; cette dernière donnée souligne la puissance maximale que peut dégager la ferme solaire à pleine capacité. La production envisagée sur l’année équivaut à 40 % de la consommation annuelle d’électricité de la population du Grand Belfort, qui abrite plus de 100 000 habitants, les deux tiers de la population du département. Les panneaux reposent sur 500 charpentes métalliques, appelées « table », indique Mathis Albano, chargé d’affaires réalisation chez EDF Renouvelables et en charge du chantier. Sous ces structures reposent par ailleurs 23 000 pieux enterrés. Les panneaux sont inclinés d’une dizaine de degrés. Le point le plus haut mesure près de 2,5 m.
Pâture de moutons
En Bourgogne-Franche-Comté, EDF Renouvelables exploitent dix fermes solaires. Dix autres sont en construction dans la région. L’entreprise exploite aussi trois parcs éoliens. Sa capacité installée est de 155 MW. Au niveau régional, l’objectif est d’atteindre 69 % d’énergie renouvelable d’ici 2030 et 100 % d’ici 2050.
La ferme solaire belfortaine fait partie des plus importantes. Dans l’Yonne, la ferme solaire de Massagis, construite il y a 10 ans, s’étend bien sur 150 ha. Mais sa puissance est de 56 MWc, certes plus élevée qu’à Belfort, mais avec une étendue cinq fois plus importante. « Le ratio a énormément augmenté », observe Alexandre Margain, responsable régional Bourgogne-Franche-Comté d’EDF Renouvelables. La technologie s’est énormément améliorée. Dans l’Yonne, la puissance unitaire d’un panneau est de 90 watt-crête, contre 550 watt-crête pour la ferme solaire belfortaine. L’ensoleillement de la région est « moyen », convient le directeur régional, en comparaison avec des territoires plus au sud, mais les technologies actuelles et les design permettent d’amortir des investissements de ce type. « Le système est mûr », indique le cadre. Cette installation multiplie par sept, dans le département, les capacités de production solaire d’électricité a indiqué la préfet du Territoire de Belfort, Raphaël Sodini, à l’occasion de la visite du chantier.
L’implantation de cette ferme solaire n’a pas entraîné la suppression d’une activité agricole. Un éleveur d’ovins pourra toujours y laisser paître ses bêtes. « Nous avons une vingtaine de sites avec des moutons en France », rappelle Alexandre Margain, qui glisse aussi les avantages observés par cette colocation singulière. « Les éleveurs gagnent deux mois de pâture par an », indique-t-il. L’hiver, les sols gèlent moins vite et l’été la sécheresse attaque moins vite les terrains. Et les moutons se reposent « à l’ombre », poursuit-il. « Ils sont moins stressés », souligne Alexandre Margain.
Une centaine de personnes va participer à ce chantier. Enedis doit raccorder la ferme solaire au printemps 2024 et la mise en service est attendue en juin. Près d’une trentaine de kilomètres de câbles ont été tirés depuis la ferme jusqu’à Masevaux, dans le Haut-Rhin, où se situera le poste source ; « c’est un ouvrage électrique permettant de relier le réseau public de transport d’électricité au réseau public de distribution d’électricité », explique Enedis sur son site Internet.