La coupe aéronautique Gordon-Bennett s’installe à l’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard. L’infrastructure a permis au territoire d’accueillir cette compétition de prestige.
La coupe aéronautique Gordon-Bennett s’installe à l’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard ce week-end. L’infrastructure a permis au territoire d’accueillir cette compétition de prestige. Et elle ne manque pas de projets : un espace de co-working, le déploiement de panneaux photovoltaïques ou encore la mise en place d’un service d’avion-taxi. Tour d’horizon.
Depuis quelques mois, la Région Bourgogne-Franche-Comté a intégré le conseil d’administration du syndicat mixte de l’aérodrome du pays de Montbéliard (SMAPM). Dans le même temps, l’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard a été identifié comme l’une des neuf plateformes structurantes du schéma stratégique aéroportuaire régional, aux côtés de Dijon-Bourgogne (Côte-d’Or), Saint-Yan (Saône-et-Loire), Auxerre-Branches (Yonne), Dole-Jura (Jura), Besançon-la-Vèze, (Doubs), Nevers-Fourchambault (Nièvre), Chalon-Chapforgeuil (Saône-et-Loire) et Dijon-Darois (Côte-d’Or). L’aérodrome du pays de Montbéliard est donc la seule plateforme d’importance stratégique identifiée dans le nord-est de la région Bourgogne-Franche-Comté, faisant de cette infrastructure l’un des arguments d’attractivité du nord Franche-Comté. Dans la région, 33 plateformes avaient été identifiées.
Pérenniser la structure
Aujourd’hui, l’aérodrome, installé sur un périmètre de 95 ha, est structuré autour d’une piste enrobée de 1 700 mètres de longueur pour 23 mètres de large, avec balisage lumineux permettant des décollages et des atterrissages nocturnes. Elle a aussi deux pistes en herbe utilisées par les petits aéronefs et les ULM. L’aérodrome accueille des associations comme l’école de parachutisme du nord Franche-Comté, le cercle aérostatique (montgolfière), l’aéroclub du pays de Montbéliard, Aérojet hélicoptère ou encore l’école Air Passion.
Aujourd’hui, le syndicat détient une partie des hangars, qu’il loue. Une centaine d’aéronefs y sont stockés. Mais la question est de savoir comment gagner de l’argent pour continuer à envisager un développement de cette plateforme et « garantir la pérennité de la structure », insiste François Niggli, le président du syndicat mixte et vice-président en charge des transports à Pays de Montbéliard Agglomération.
95 ans d’histoire
L’histoire de l’aérodrome débute le 4 mai 1924. Étienne Oehmichen, ingénieur chez Peugeot, réalise le premier vol en circuit fermé d’1 km avec le premier hélicoptère. Le père de l’hélicoptère est inhumé sur le lieu de ses exploits, à côté de l’aérodrome. Un aérodrome créé en 1933, en lien avec l’aéro-club. En 1970, une piste de 1 400 mètres est construite pour accueillir les avions Peugeot. En 1988, on crée le syndicat mixte de l’aérodrome.
Tirer parti du site
Le premier projet est la création d’un espace de co-working dans le bâtiment principal. « Une manière de valoriser le bâtiment et de créer de la vie », considère Foudil Téguia, le directeur du syndicat mixte. De petits bureaux seront à disposition, des salles de conférence et de visio-conférences également. Cet espace est destiné à de petites entreprises ou à des gens de passage. La première phase de l’aménagement, le rez-de-chaussée, débute cet automne. La seconde devrait intervenir l’année prochaine, avec une ouverture complète envisagée fin 2020. Le coût total devrait avoisiner 200 000 euros, dont 50 000 euros ont déjà été investis dans le déploiement de la fibre optique.
Des mises aux normes attendues
Aujourd’hui, l’aérodrome n’est plus référencé pour accueillir plusieurs types d’avions, dont les ATR 42, les Saab 340 ou les Beech 1900, des modèles accueillant entre 20 et 50 passagers. Malgré 1 700 mètres d’enrobés, on considère que la piste ne mesure que 900 mètres. Cette restriction est notamment liée à un problème d’élagage qui n’a pas été fait depuis 2013. Il est envisagé en 2020 et retarde d’autres projets. Des mises aux normes de l’infrastructure, comme les taxi-way, sont aussi nécessaires pour accueillir de nouveau ce type d’appareils.
Également à l’étude, la location d’espaces inscrits dans le périmètre de l’aérodrome, à des entreprises de l’énergie pour qu’elles puissent installer des panneaux photovoltaïques. Un projet d’implantation de 13 ha est envisagé prochainement. Trois entreprises se sont déjà positionnées. « Ce projet tient compte des contraintes aéronautiques », rassure François Niggli. En dehors de la location, un tel projet pourrait avoir des retombées fiscales importantes pour l’agglomération et le Département.
Pas de vols commerciaux
Aucun développement de vols commerciaux n’est envisagé à l’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard. Par contre, pourquoi ne pas fournir un service d’avion-taxi à destination des entreprises du nord Franche-Comté ? Dans les tuyaux ce projet n’est pas prévu dans l’immédiat. « Ce serait des vols privés, pour les entreprises, sur de petits appareils de 10-12 places, qu’elles pourraient partager, dans une sorte de co-avionnage », résume François Niggli. « Ce n’est pas encore dans les mœurs des entreprises locales, car le coût est important, reconnaît-il, mais cela peut être intéressant quand on regarde les gains de temps. »
Le président est convaincu que le bassin économique se prête à ce type de services. Le président rappelle également que l’aérodrome de Courcelles-lès-Montbéliard offre plus de souplesse aux pilotes de ces sociétés de co-avionnage que des aéroports de la dimension de celui de Bâle, « ou ce n’est pas simple de se glisser dans le flux ». Dans cette optique de services, l’aérodrome accueille depuis le mois de juin Renault Mobility, un service de location de voiture en libre-service. Deux voitures sont louables depuis l’aérodrome et sont utilisables par des personnes en transit.
Après avoir stabilisé sa gouvernance, le syndicat mixte de l’aérodrome du pays de Montbéliard se projette. Et il ne manque pas d’idées pour être un pôle d’attractivité. À voir comment le territoire s’en empare.
Réfection de la station d’avitaillement
Le syndicat mixte a validé en début d’année la réfection de la station d’avitaillement en la confiant à un opérateur pétrolier. La volonté consiste à construire un automate accessible 7 jours sur 7 et 24 heures/24, « afin de maintenir l’activité de l’aérodrome en dehors des heures non ouvrables et le week-end », précise un document interne de l’aérodrome. L’aérodrome dispose, qui plus est, de pompes distribuant du Jet A1, plus connu sous le nom de kérosène, utilisé par les hélicoptères et les avions à réacteurs. L’aérodrome a même un contrat avec les services essence de l’armée. Parfois, des hélicoptères viennent s’y ravitailler. Du carburant UL 91 sera aussi disponible dans ce nouveau projet. Un carburant utilisé notamment par les ULM.