Louis Grandidier
Le choc du sabre de bois sur l’armure de coton épais et de plastique résonne dans un bruit sourd. Lors de cette première journée de convention, le club Yushikan, établi à Belfort, exécute des démonstrations de Kendo. La puissance des coups oblige à une discipline sans faille pour éviter qu’une frappe mal exécutée ne blesse l’adversaire, malgré les équipements de protection à la tête, au torse, aux poignets et aux hanches que portent les sportifs. Le président du club, Paul Hunsinger, s’installe sur un fauteuil en marge des animations du club, vêtu de son costume traditionnel bleu, le Kendogi. Pour lui, le kendo est « une forme de dépassement de soi et de recherche constante du perfectionnement ». Et c’est cette philosophie qui illustre l’esprit du club de Belfort, explique-t-il. Une philosophie qui s’articule d’une préparation physique, mais aussi mentale.
« Pour les plus timides, c’est un moyen de travailler leur confiance en eux », détaille Paul. Il évoque notamment le Kiai, un cri guttural qui précède une frappe dans la plupart des arts martiaux asiatiques. « Il sert à se préparer mentalement, à faire peur à l’adversaire et affirmer sa détermination pour trancher l’adversaire.» Un exercice loin d’être simple. Surmonter l’appréhension n’est pas une chose aisée pour les novices et Paul n’a pas fait exception à la règle. « Le Kiai est très compliqué à mettre en place au départ, chez tout le monde, chez moi ça l’a été ». Quand le cocktail est réussi, les meilleurs se qualifient en championnat. À Belfort, le sensei (le maitre, en japonais) du club, s’est qualifié pour les championnats de France dans la catégorie excellence, la plus élevée de la fédération. C’est aussi le cas d’une équipe de cinq kendokas du groupe, qui ont concouru en avril pour les championnats de France pour la deuxième année consécutive.
La répétition fait la perfection
De retour sur le stand, le club du Yushikan invite les visiteurs à essayer leur art. Petits et grands s’essaient aux mouvements, très précis, du kendo. « Même après plusieurs années d’entraînement, le déplacement en pas chassé avec le pied gauche à l’arrière qui vient pousser le pied droit est compliqué à faire », explique le président. Les participants se positionnent en ligne et travaillent le déplacement pour parfaire le mouvement: deux petits pas suivis dans un grand pas chassé appuyé par le fameux cri : le Kiai. Quand les pratiquants novices sont un peu plus à l’aise, ils peuvent commencer à manier le sabre. Là aussi, Paul est catégorique sur la rigueur imposée : « Il faut attaquer avec les bons gestes, en utilisant le bon bras. En mettant la force là où il y en a besoin ». L’un après l’autre, les débutants portent un coup sur le sabre de l’instructeur en tenue traditionnelle. Les coups sont hésitants mais le sourire sur le visage des initiés témoigne de la satisfaction de frapper. Ils repartent, contents de leur initiation. Peut-être s’agit-il de futurs élèves du club Yushikan.
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Un clin d'oeil au lion de Belfort
Le kendo a vu le jour au pays du soleil levant au XIXᵉ siècle quand les samouraïs ont dû raccrocher leurs sabres après l’apparition des armes à feu. Les guerriers japonais ont mis au point ce sport d’opposition pour faire perdurer leur art. En japonais, Yushikan signifie « la maison du brave lion ». Un clin d’œil à la ville qui a pris le lion pour symbole en hommage à la résistance de la ville en 1870. Le courage et l’endurance sont des valeurs partagées avec le Bushido, le code qui régit la vie du samouraï.