
Moins d’un quart de l’énergie consommée en Bourgogne-Franche- Comté en 2021 était de l’électricité. Qu’est-ce que cela implique dans une politique de décarbonation ?
À l’heure du dixième anniversaire de l’Accord de Paris et alors que les conséquences du dérèglement climatique sont déjà bien visibles, la cause est bien pointée par les scientifiques depuis des années : la consommation d’énergies fossiles. ll faut surtout réussir à diminuer la consommation des énergies fossiles en les remplaçant par l’électricité afin de ne pas louper l’objectif principal. Et ce d’autant plus que depuis la crise énergétique, la France dispose d’une électricité abondante, décarbonée et compétitive.

En quoi l’électrification des usages, notamment industriels, contribue-t-il à la décarbonation ? Quelle part occupe l’efficacité énergétique dans cette logique ?
L’industrie représente le second secteur émetteur de gaz à effet de serre (GES). Aussi, l’enjeu est fort d’électrifier les usages industriels pour décarboner les processus industriels et réussir la transition énergétique. La question de l’efficacité énergétique est clé et souvent mal comprise : il faut bien avoir en tête que si nous substituons un usage d’énergie fossile par un usage électrique, on gagne également en efficacité énergétique. Si nous raisonnons en énergie finale, l’électrification d’un usage ou d’un process industriel divise par quatre la consommation d’énergie pour un même usage. C’est un levier fort de décarbonation.

Quels sont les principaux objectifs d’EDF en matière de décarbonation ? Comment l’énergéticien l’intègre dans sa stratégie globale de transition énergétique ?
L’empreinte carbone dans son ensemble est un sujet devenu central pour l’avenir de la planète. À EDF, nous estimons que le potentiel national d’électrification du secteur industriel représente pour la France un volume de plusieurs dizaines de terawatt-heure (TWh). Il s’agit notamment d’électrifier les process de chaleur industrielle ; il s’agit aussi d’électrifier les nouvelles implantations industrielles. Ça fait partie de notre feuille de route. Dans un contexte où la décarbonation est en route, mais ne va pas assez vite, nous devons accélérer l’électrification.


Des mesures sont-elles mises en place, en Bourgogne-Franche-Comté, par le groupe EDF, pour décarboner ses différentes activités ?
Je citerai comme exemple des fours au gaz que nous électrifions. Et puis nous poursuivons une belle dynamique avec nos actifs renouvelables : nous avons 18 parcs solaires et ce n’est pas fini. De nouveaux parcs seront mis en service cette année encore.

En quoi la relance de la filière nucléaire, qui emploie 23 000 personnes en Bourgogne-Franche-Comté, permet-elle de contribuer à cet effort de décarbonation ?
En Bourgogne-Franche-Comté, nous n’avons pas de centrale nucléaire de production d’électricité (CNPE), mais sans la production des composants de l’industrie nucléaire par Framatome et Arabelle Solutions dans notre région, deux filiales du groupe EDF, il n’y aurait pas de relance du nucléaire en France. Et le nucléaire permet de produire une électricité qui ne produit pas de CO2, donc une électricité décarbonée, qui contribue à l’effort de décarbonation.


Dans quels projets innovants, liés à la décarbonation,
EDF est-il inscrit régionalement ?
Je citerai le projet Response, à Dijon, qui délivre déjà des résultats avec notamment une plateforme Energie-climat mise en œuvre par la recherche et le développement ; c’est un outil clé de pilotage de la décarbonation. Dans le même ordre d’idée, je citerai le projet e-Start, à Belfort (un démonstrateur de la ville durable, dans le parc industriel du Techn’Hom, à Belfort, NDLR).

EDF a-t-il des partenariats avec des industries locales pour les aider à décarboner ?
EDF est très engagé auprès des parties prenantes telles Territoires d’Industrie, le Medef Bourgogne-Franche-Comté, les CCI pour justement accompagner leurs adhérents dans leurs projets de décarbonation. Nous sommes un acteur au service de la décarbonation de la France.

Quels sont les défis spécifiques de la Bourgogne-Franche-Comté dans la décarbonation
de son industrie ?
Je dirais que notre région se désindustrialise : c’est un défi de conserver le tissu industriel et c’est un défi également de passer à une autre industrie. Je pense notamment à l’hydrogène, avec des projets de décarbonation de la mobilité lourde : réseau de bus à Belfort et train à Auxerre.

Dans quelle mesure, le groupe EDF peut-il être un appui aux industries pour se décarboner ?
EDF est plus qu’un appui : EDF accompagne les projets complexes des industriels, notamment via sa filiale Dalkia (pour le froid et le chaud).

Comment collaborez-vous avec les collectivités pour accélérer cette décarbonation ?
Nous avançons notamment sur le bâtiment intelligent, mais également la production renouvelable. Là encore, je peux citer Response, un des plus importants projets d’autoconsommation de France, un projet innovant d’envergure européenne et c’est à Dijon (Côte-d’Or).


Quels sont vos conseils pour se lancer dans un projet de décarbonation de son activité ?
Un industriel a tout intérêt à décarboner son activité : il y gagnera y compris sur sa facture finale d’énergie. Il faut choisir EDF qui est à même de garantir des prix compétitifs et des solutions éprouvées ou innovantes. Je viens de la R&D d’EDF et je suis également passée par les fonctions commerciales. Nous avons un savoir-faire reconnu et reconnaissable.
- Interview publiée dans le hors-série print « Comment décarboner l’industrie », publié en mai 2025 par Le Trois. Acheter la version numérique (4,5€) : https://letrois.info/kiosque/comment-decarboner-lindustrie/ | pour acheter la version papier (7€), sur demande à : redaction@letrois.info